jeudi 9 janvier 2025

Mes os et ma chair

Genèse 2 : 23
Et l’homme dit : Voici cette fois celle qui est os (‘Etsem) de mes os  et chair de ma chair!
On l’appellera femme, parce qu’elle a été prise de l’homme.
24 C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère,
et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.

Utilisation: Le mot hébreu « ‘etsem » désigne principalement « l’os », le composant structurel du corps. Il est utilisé au sens propre comme au sens figuré dans la Bible hébraïque. Littéralement, il désigne les os physiques des humains et des animaux. Métaphoriquement, il peut signifier la force, l’essence ou la substance même de quelque chose, reflétant l’idée d’éléments fondamentaux ou essentiels.
Contexte culturel et historique: Dans la culture hébraïque antique, les os étaient considérés comme le noyau de la force physique et de la vitalité. Ils étaient également associés à la vie et à la mort, car les os étaient souvent la dernière partie restante d’un corps après la mort, symbolisant l’endurance et la continuité. La préservation des os était importante dans les pratiques funéraires, reflétant les croyances sur l’au-delà et la résurrection.
https://biblehub.com/hebrew/6106.htm

Tomber sur un os

Le mot Os est un terme biblique chargé de sens. Il peut être traduit par substance. Nous commençons à percevoir dans quelle direction l’enquête d’aujourd’hui va nous mener. Dans les derniers articles, nous établissions l’intégralité de la préfiguration des récits du tandem Ismaël-Joseph, paix sur eux, pour le tandem Jean-Jésus, paix sur eux, aussi transposable sur les temps actuels. Pour faire ce travail, il fallait se servir essentiellement du Livre de la Genèse, du Coran et des évangiles synoptiques. L’absent notable est donc le quatrième évangile selon les conclusions sur le travail porté dessus pendant ces dernières années. Cependant, il me semblait que l’on pouvait également poursuivre la démarche, mais cette fois à l’envers. Je m’explique. Généralement, nous nous tournons vers ce texte avant tout pour en déceler les failles, et en déduire les concepts polythéistes introduits, afin de mieux reconnaitre leurs effets sur la foi moderne. Il y a quelques temps, l’analyse était faite autour du coup de lance qui provoque l’expulsion de sang et d’eau.  https://www.stephanpain.com/2024/03/30/de-sang-et-deau/
La conclusion orientait vers le sang et l’eau comme symboles de la naissance, ou plutôt de la renaissance d’un culte ancien égyptien lié à la résurrection. Cette renaissance était justifiée par la volonté d’accomplir la mutation d’une déesse semi-animal, en une déesse pleinement « humaine ». Une des conséquences non désirée par les auteurs est l’émergence d’une religion alternative dans les milieux militaires romains qui fit concurrence au christianisme pendant de nombreux siècles avant de disparaitre.
Il faut bien comprendre que la compréhension des écritures est déjà un travail complexe. Vouloir également comprendre de nouvelles traditions émergentes polythéistes construites à partir d’éléments pris à la Révélation et à diverses traditions païennes peut s’avérer un véritable casse-tête. Pour la simple et bonne raison que ces introductions ne sont uniquement liées à des traditions établies et documentées, mais peuvent aussi être une traduction spirituelle de luttes de pouvoir temporelles dont l’histoire ne retient pas forcément les traces. Il est donc illusoire de parvenir à tout comprendre d’un livre aussi disparate que le quatrième évangile. Surtout qu’il faut bien comprendre qu’il ne marche pas tout seul, et que certaines clefs textuelles de compréhension ne sont pas accessibles. C’est le principe même de la gnose. Néanmoins, comme l’introduction le présente, nous allons nous intéresser au concept du terme Os dans le quatrième évangile. Car lorsque l’on remplit les cases, nous constatons que ses rédacteurs ont placé un passage très particulier à un moment décisif:

4E 19.31 Dans la crainte que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, -car c’était la préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour, -les Juifs demandèrent à Pilate qu’on rompît les jambes aux crucifiés, et qu’on les enlevât. 32 Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes au premier, puis à l’autre qui avait été crucifié avec lui. 33 S’étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes; 34 mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l’eau.
35 Celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai; et il sait qu’il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.
36 Ces choses sont arrivées, afin que l’Écriture fût accomplie: Aucun de ses os ne sera brisé.
37 Et ailleurs l’Écriture dit encore: Ils verront celui qu’ils ont percé.
38 Après cela,  d’Arimathée, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate la permission de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et prit le corps de Jésus.

Nous sommes à l’instant même où le Messie vient de rendre l’âme. Dans le tableau, c’est l’instant exact du Jour du Jugement. Tout l’évangile dirige vers la Passion, et la Passion dirige vers cet instant crucial où tout bascule. Dans les synoptiques, le moment exact de la mort correspond à une même phrase:

Le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas.

Cela indique un changement d’Alliance. Ce qui n’existe pas dans cet évangile. Voilà pourquoi il faut accorder une importance énorme à tout ce qui est dit ici. Rien n’est laissé au hasard. La théologie classique explique simplement que les jambes sont  rompues pour provoquer la mort en quelques minutes. Cette demande aurait été formulé pour des questions d’entrée dans le Sabbat. Nous n’allons pas nous contenter de cette réponse classique et investiguer plus loin. Le verset 19.36 renvoie à des références bibliques. (Pour l’analyse du verset 37, voir notes) La première est lié aux prescriptions de la Pâque, la deuxième à un Psaume relativement classique et pas remarquable en lui-même.

Psaume

Commençons par le Psaume 34:

19  Le malheur atteint souvent le juste, Mais l’Éternel l’en délivre toujours.
20 Il garde tous ses os, Aucun d’eux n’est brisé.

Les chrétiens, dans leur palette d’éléments préfigurateurs, ont pour habitude de citer ce passage. Mais uniquement le verset 20. En effet, contextualiser ne serait-ce qu’avec le verset précédent et votre préfiguration ne tient pas la route. Il est question du ou des Justes et de leur lien avec le Créateur. Le verset affirme qu’il n’arrivera rien au Juste. Il est donc relativement hasardeux de se servir de ce verset pour le rattacher avec une figure souffrante, encore d’avantage avec celle d’un crucifié. C’est exactement le sens inverse. On ne peut pas se contenter d’isoler quelques versets et de développer une théologie dessus. Le Psaume n’a rien de messianique. Il s’en trouvera toujours pour faire dire au texte ce que l’on veut. En livrant des interprétations spiritualistes, n’importe quel livre de la Bible peut servir. Si on ne peut pas déduire de la préservation des jambes que le crucifié est un Juste grâce au Psaume, on ne peut pas en déduire non plus la volonté des Juifs de prouver qu’il est un injuste en obtenant que ses os soient brisées. La malédiction de la croix prend le pas sur ce point. Ce n’est certainement pas la volonté de l’auteur.

Pessa’h

Ceci étant dit, passons à autre chose et rentrons dans le vif du sujet:

Ex 12.41 Et ce fut au bout de quatre cent trente ans, précisément le même jour, que toutes les milices du Seigneur sortirent du pays d’Égypte.
42 Cette nuit sera célébrée en l’honneur de l’Éternel, parce qu’il les fit sortir du pays d’Égypte; cette nuit sera célébrée en l’honneur de l’Éternel par tous les enfants d’Israël et par leurs descendants.

Les hébreux sortent d’Égypte. Mais ils ressortent une deuxième fois:

43 L’Éternel dit à Moïse et à Aaron : Voici une ordonnance au sujet de la Pâque : Aucun étranger n’en mangera. 44 Tu circonciras tout esclave acquis à prix d’argent; alors il en mangera. 45 L’habitant et le mercenaire n’en mangeront point. 46 On ne la mangera que dans la maison; vous n’emporterez point de chair hors de la maison, et vous ne briserez aucun os. 47 Toute l’assemblée d’Israël fera la Pâque. 48 Si un étranger en séjour chez toi veut faire la Pâque de l’Éternel, tout mâle de sa maison devra être circoncis; alors il s’approchera pour la faire, et il sera comme l’indigène; mais aucun incirconcis n’en mangera. 49 La même loi existera pour l’indigène comme pour l’étranger en séjour au milieu de vous.
50 Tous les enfants d’Israël firent ce que l’Éternel avait ordonné à Moïse et à Aaron; ils firent ainsi. 51 Et ce même jour l’Éternel fit sortir du pays d’Égypte les enfants d’Israël, selon leurs armées.
Comprenons bien que du verset 1 au verset 27, tout le rite de la Pâque est exposée. Il y a l’acte fondateur du départ, et sa commémoration instituée pour les générations à venir. Ensuite le processus du départ est décrit jusqu’au verset 41 cité au dessus. Les prescriptions contenues dans la fin du chapitre sont donc isolées. Si l’on peut admettre l’isolement des prescriptions liées aux étrangers et à la circoncision, la mention d’un détail aussi technique et peu impactant comme le bris des os parait curieux. Jusqu’ici je n’avais jamais osé m’en prendre au livre de L’Exode. Les choses changent. Tout porte à croire que ce deuxième départ et ces ordonnances ont été ajoutées à posteriori. A nous de comprendre pourquoi, par qui et quand.

Exil

Cette ordonnance de préservation des os est consécutive à l’ingestion de la chair. Les os sont donc mis à nu. Cette image me renvoie immédiatement au tour du silence de la religion zoroastrienne. Pour rappel, les adeptes de cette religion ne pratiquaient pas l’inhumation mais plaçaient les corps des défunts sur le sommet de tours rondes. Les corps étaient mangés par des oiseaux de proie ou pourrissaient sous l’action des éléments. Ensuite, lorsqu’il ne restait que les os, ceux-ci étaient déplacés généralement dans une fosse centrale pour les gens normaux et dans des boites pour les gens remarquables. La pratique était très variable, notamment suivant les époques, il faut juste retenir qu’il fallait faire place nette pour les corps à venir. Lors de l’exil, les Juifs ont notamment été grandement influencés par la religion zoroastrienne, et plus particulièrement sur la question de la vie après la mort et le Jugement. Comme l’on peut s’en douter, le rite mortuaire est étroitement lié à ces questions essentielles. Si bien, que l’on peut clairement se demander si le rite funéraire zoroastrien n’a pas été introduit d’une certaine manière dans le rite juif. Dans la Bible, il existe de nombreux passages qui se répètent et qui servent de base de réflexion pour les rabbins afin de développer des concepts théologiques. L’un des plus connus et dont nous avons déjà traité, et la répétition de la pendaison des 10 fils d’Haman. Cette particularité est interprété comme une préfiguration d’un événement eschatologique. De même, considérant le rite de la Pâque, nous pouvons également lui conférer une dimension préfigurative eschatologique. C’est d’ailleurs assez intuitif, puisque la Pâque est déjà en soi, la sortie d’un monde. Les rabbins invitent à sortir des passions mondaines en reproduisant la sortie de l’Égypte intérieure. La Pâque peut donc préfigurer la sortie du monde d’ici-bas vers le monde à venir. Le terme ‘Etsem possède deux sens, et ils sont tous les deux présents dans la fin du chapitre 12 d’Exode. « le jour même (‘Etsem) » du verset 41 invite à relier les os avec un jour en particulier. On peut en déduire qu’il s’agit du Jour du Jugement.

Le texte décisif qui va conforter certains dans le concept eschatologique des os d’Israël est le suivant:
Ez 37.1 La main de l’Éternel fut sur moi, et l’Éternel me transporta en esprit, et me déposa dans le milieu d’une vallée remplie d’ossements. 2 Il me fit passer auprès d’eux, tout autour; et voici, ils étaient fort nombreux, à la surface de la vallée, et ils étaient complètement secs.
Il me dit : Fils de l’homme, ces os pourront-ils revivre ? Je répondis : Seigneur Éternel, tu le sais.
Il me dit : Prophétise sur ces os, et dis-leur: Ossements desséchés, écoutez la parole de l’Éternel! Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel, à ces os : Voici, je vais faire entrer en vous un esprit, et vous vivrez; je vous donnerai des nerfs, je ferai croître sur vous de la chair, je vous couvrirai de peau, je mettrai en vous un esprit, et vous vivrez. Et vous saurez que je suis l’Éternel.
Mais vous connaissez mon avis sur cette personne dont les écrits ne font pas parti de la Révélation. Il n’est pas étonnant de le voir ainsi placé comme le coeur de cette théologie. Tout cela est relativement cohérent. Il est le personnage central du temps de l’exil. L’un des épicentres des déviations de la Révélation. Il n’est guère étonnant qu’il soit beaucoup cité par les maçons et par tous ceux qui ont vision païenne des écritures. Le passage se termine sur la promesse du retour:
14 Je mettrai mon esprit en vous, et vous vivrez; je vous rétablirai dans votre pays, et vous saurez que moi, l’Éternel, j’ai parlé et agi, dit l’Éternel.

La prescription de la fin du chapitre d’Exode 12 devait être originalement un midrash controversé à part. Les scribes ont décidés de l’introduire dans la compilation exodienne en provoquant cet effet eschatologique. Ainsi, pour la Pâque finale, les os devaient être préservés puisque le corps allait être purifié. Le rite zoroastrien de passage d’un monde à l’autre a été absorbé par le texte puisque celui-ci décrivait la Pâque finale (Pâque signifie passage) d’un monde à l’autre. Le corps est débarrassé de sa chair, l’élément temporaire, pour ne laisser que la substance. Tout porte à croire qu’il est question du corps d’Israël dans sa Pâque finale. C’est un décret occulte, réservé à une caste, celle qui inscrit sa gloire pour l’éternité. Celle qui écrit l’Histoire. Le peuple disparait sans laisser de trace. On peut alors comprendre que dans cette période trouble d’exil où l’élite est tirée hors de sa terre,  doit se réinventer et s’emparer de la question du passage d’un monde à l’autre, l’idée de s’affranchir de certaines contraintes liées à la terre est une libération. Le rite funéraire évolue et cette évolution tire sa légitimité du récit fondateur de la Genèse:

Grotte

Gn 23.3 Abraham se leva de devant son mort, et parla ainsi aux fils de Heth : 4 Je suis étranger et habitant parmi vous; donnez-moi la possession d’un sépulcre chez vous, pour enterrer mon mort et l’ôter de devant moi. 5 Les fils de Heth répondirent à Abraham, en lui disant : 6 Ecoute-nous, mon seigneur ! Tu es un prince de Dieu au milieu de nous; enterre ton mort dans celui de nos sépulcres que tu choisiras; aucun de nous ne te refusera son sépulcre pour enterrer ton mort.
7 Abraham se leva, et se prosterna devant le peuple du pays, devant les fils de Heth. 8 Et il leur parla ainsi : Si vous permettez que j’enterre mon mort et que je l’ôte de devant mes yeux, écoutez-moi, et priez pour moi Ephron, fils de Tsochar, 9 de me céder la caverne de Macpéla, qui lui appartient, à l’extrémité de son champ, de me la céder contre sa valeur en argent, afin qu’elle me serve de possession sépulcrale au milieu de vous. 10 Ephron était assis parmi les fils de Heth. Et Ephron, le Héthien, répondit à Abraham, en présence des fils de Heth et de tous ceux qui entraient par la porte de sa ville : 11 Non, mon seigneur, écoute-moi! Je te donne le champ, et je te donne la caverne qui y est. Je te les donne, aux yeux des fils de mon peuple : enterre ton mort. 

Le Créateur est Taquin. Les hommes qui s’adressent à Abraham, paix sur lui, sont en train de le flatter. A raison certainement, car c’était un grand homme, mais il est clair que ce n’est pas ainsi qu’il considérait les choses. Cette flatterie ne lui ai pas réellement destinée, il n’y est pas sensible. Elle est destiné à ceux qui interprètent la Torah, en s’identifiant comme ses dignes successeurs. Ils sont flattés. Et lorsqu’ils lisent que la propriété d’Abraham comprenait une caverne, ils comprennent que la mise en terre est réservée au peuple. C’est d’ailleurs ce que semble indiquer ce verset:

Gn  23.19 Alors Abraham ensevelit Sara, son épouse, dans le caveau du champ de Makpéla, en face de Mamré, qui est Hébron, dans le pays de Canaan.

Mais si l’on se rappelle bien des enseignements tirés de ce verset par le passé, nous savons que la mention « qui est Hébron » a été ajouté à l’intérieur du texte. Voir l’étude complète ici: https://www.stephanpain.com/2015/08/27/more/ Car en effet, je le rappelle, ce champ est en face de Moré à coté de Sichem. Si l’on précise que « Mamré » serait Hébron, alors on peut penser qu’il soit opportun de préciser que le corps est placé dans la grotte du champ. Qavar signifie littéralement mettre en terre, or placer dans une grotte ne signifie pas mettre en terre. Je suis tout à fait d’accord que le contexte le suggère fortement. Mais si tous les gens importants, y compris les rois, les prophètes et les prêtres se font tous enterrer dans la terre depuis des générations, sans qu’aucun n’innove en la matière, alors personne n’a une autre idée qui vient en tête. Ce contexte là l’emporte. Et puis ce champ et cette caverne devaient être connus. On devait forcément savoir si les corps étaient dans la caverne ou non. Dans la mesure où ce tombeau a été déplacé scripturairement dans une autre ville et que l’on a désigné un endroit totalement différent comme étant l’endroit authentique, comment peut-on en déduire un point théologique majeur? A notre époque, ce tombeau fait l’objet de toutes les rivalités. Il a été le théâtre de bains de sang. Je ne voudrais pas être à la place de ceux qui ont créé ce mensonge de toute pièce, ils devront rendre compte sur tout le sang versé autour de cette grotte.

Gn 49.29 Et il leur donna ses ordres en disant: « Je vais être réuni à mon peuple; ensevelissez-moi (אֶל-אֲבֹתָי:  אֶל-הַמְּעָרָה) auprès de mes pères dans le caveau qui fait partie du domaine d’Éfrôn le Héthéen;

  • אֶל-אֲבֹתָי: « auprès de mes pères ».
  • אֶל-הַמְּעָרָה: « auprès de la grotte ».

La grotte est un indicateur de lieu. Elle pourrait être très bien considérée comme un lieu de recueillement à l’abri des éléments extérieurs. Un lieu réservé aux vivants et non aux morts.

50.25 Et Joseph adjura les enfants d’Israël en disant: « Oui, le Seigneur vous visitera et alors vous emporterez mes ossements de ce pays. »

Ce qui peut faire pencher l’interprétation dans le sens de la manipulation des os est le souhait formulé par Joseph, paix sur lui. Mais il faut considérer que le prophète est en terre païenne et que son retour ne se produira que des centaines d’années plus tard. Le stockage de ses os hors de la terre n’est qu’une situation temporaire d’exil.

Ossilegium

Les gens importants auraient droit à un autre traitement. Ceux qui composent les os d’Israël. Leurs corps devraient donc être déposés dans des cavernes ou des monuments érigés en milieu urbain. De n’importe quelle manière, mais pas en terre. Ce procédé va prendre son essor au retour en Terre Promise parmi l’élite et va perdurer et surtout évoluer jusqu’au premier siècle avant notre ère. A partir de ce moment là et pour quelques siècles, tous les corps des gens importants, ou qui se considèrent comme tel, vont être placés dans des espaces où ils vont se décomposer pour ensuite être placés dans des coffres comme en atteste ce texte:

Traité Semachot 12
25 Rabbi Eliézer b. Ẓadoḳ (Ẓadoḳ est un rabbin qui est décédé en+70.) a dit : Lorsque mon père était mourant, il m’a donné cette instruction : « À ma mort, enterre-moi d’abord dans une vallée, puis rassemble mes os et place-les dans un cercueil de cèdre, 26 mais ne les rassemble pas avec tes mains ». Et c’est ce que j’ai fait pour lui. Rabbi Joḥanan est entré [dans la grotte] et a étendu un drap sur [les os] ; puis j’y suis entré, j’ai déchiré [mes vêtements] et j’ai étendu des mottes de terre sèche [sur les os].
https://www.sefaria.org/Tractate_Semachot.12.9?lang=bi&with=Commentary%20ConnectionsList&lang2=en
 Le rite funéraire est donc pratiqué en deux fois. Je rappelle au passage, qu’il est interdit de toucher à une sépulture ou  déplacer un corps sauf nécessité absolue. L’espace de terre alloué  reste acquis pour la durée de la vie sur terre. Soyons bien conscient que ce principe a été bien peu respecté tout au long de l’histoire des gens du Livre, surtout chez les chrétiens. Je ne vais pas m’étendre d’avantage. Le peuple n’a pas droit à ce traitement. L’un des ossuaires les plus connus est celui de la reine dont nous parlons régulièrement ici. Tous les biblistes connaissent cette pratique typique de cette période. Ainsi que les archéologues bien entendu. Initialement, j’avais été assez étonné de cela et de la généralisation du phénomène. Je pense que cela vient répondre à une question fondamentale que je me pose depuis de nombreuses années. La généralisation de la pratique de l’ossuaire pour tous les gens importants de Judée à son époque, explique pourquoi le Messie était aussi vindicatif à l’égard de tout le monde. L’indice le plus éclatant de la trahison de la Loi par tout le monde était bel et bien la pratique funéraire de l’ossuaire! La trahison majeure au Créateur se faisait à l’instant décisif, au moment où plus aucun retour en arrière était possible. Je ne sais pas si les morts peuvent observer les vivants s’occuper de leur funérailles, mais imaginez l’horreur que peut représenter de contempler vos proches pratiquer le pire acte de désobéissance avec votre propre corps tout en ayant connaissance de la conséquence éternelle de cet acte. Impossible d’imaginer.

Truel

Pour se changer les idées, nous allons nous amuser un peu. Dans ce point crucial biblique, il y a trois groupes en présence:

  • A: d’Arimathée, sa mère la reine, son frère le pseudo-bien-aimé et leurs disciples
  • B: le Sanhédrin et ses alliés
  • C: le pouvoir romain et l’Ordre en arrière-plan
Ces groupes se détestent les uns les autres. A caresse l’espoir d’un coup d’état pour faire chuter B, mais si C pouvait tomber également, pourquoi pas. B se conforte très bien de la domination de C, dont il tire un maximum d’avantages. C domine totalement B puisqu’il en choisit la plupart des membres. C collabore avec A pour des questions financières avant tout. A ce moment là du récit, A a tenté un coup d’état au Temple, qui a échoué par C. Voir l’article Siloé.
Il y a de grandes chances que C connaisse les plans de A mais fait semblant de les ignorer. Ce qui fait dire cela, c’est que A vient demander le corps à la fin de la séquence. C accepte. Et si C accepte, ce n’est certainement pas pour faire plaisir à A. C accepte car il va se jouer de A et faire disparaitre le corps. Comprenons bien qu’au moment où A demande le corps, il a certainement compris que la crucifixion a accompli les écritures. A expose à C qu’il vient de crucifier le Messie et qu’il vient d’accomplir les écritures. C n’a que faire des écritures, mais est bien conscient de l’enjeu de ce que la mort d’un martyr peut engendrer comme chaos. A lui propose donc de rattraper la situation en inhumant le corps comme il se doit pour apaiser le peuple. Il entend également jouer un vilain tour à B afin d’achever son discrédit (parabole des vignerons). C feigne d’accepter, et livre le corps. Son objectif est de punir A en lui empêchant d’instrumentaliser le corps. Il parait clair que A, souhaitant légitimer la lignée royale adiabénienne, entend placer le corps du Messie dans sa propre tombe afin qu’il suive le processus élitiste de préservation des os. Mais en faisant cela, il accomplit alors une autre écriture, celle d’Ésaïe 53 et se trahit lui-même et les siens:
Es 53.9 On a mis sa sépulture avec celle des impies, son tombeau avec celui des [mauvais] riches,
quoiqu’il n’eût fait aucun mal et qu’il n’y eût jamais de fraude dans sa bouche.
L’auteur, s’il écrit initialement en faveur des disciples de cet homme, a bien compris cette problématique, et plutôt que d’établir un lien entre lui et le reste de la famille, il va plutôt rattraper le coup en se servant du personnage de la magdaléenne dans l’épisode « Noli me tangere » quelques lignes plus loin. Le Messie, en se laissant tuer tel un voleur, évitait de voir son corps bénéficier de ce rite. Il était inhumé comme une personne du peuple. La malédiction de la préservation des os est surement plus grave que celle qui est liée à la mort sur le bois, puisque la première émane de la volonté du défunt, tandis que la deuxième émane d’une volonté tierce. Dans le contexte de l’époque d’un rite aussi répandu et banalisé, le choix d’établir des liens directs avec la Torah par ce détail absent des autres évangiles a pu paraitre pertinent à l’auteur. Cela lui permettait de se démarquer. Il y a aussi le sens de la conservation de la substance dans cette Pâque renouvelée. Avec le recul, nous comprenons pourquoi les évangiles n’ont pas été inspirés de cet élément étant donné sa véritable provenance. A ce moment crucial, il n’est certes pas le moment de placer des références scripturaires qui alourdissent le propos mais de le transcender. L’auteur déteste le Messie. Ce court passage en est le révélateur. Absence du voile du Temple, surabondances de références textuelles, et enfin remarquons qu’il (le pseudo-bien-aimé) se place au centre de l’attention dans le verset 35 où il se lie avec la vérité. Le voile se déchire alors au propre pour les uns et au figuré à leurs dépens pour les autres.

Perspectives

Comprendre les enjeux de la première période messianique est passionnant. Mais il est beaucoup plus important de nous pencher sur les enjeux actuels. Comprenons bien que le paganisme ne fait que muter pour s’adapter et perdurer dans le temps. La pratique de l’ossuaire a été délaissé depuis longtemps chez les Juifs. Dans l’ère moderne, la tentation de la crémation est bien plus cruciale et nous en avons parlé ici récemment. Les chrétiens sont parfois tellement déconnectés de leurs ordonnances, qu’ils en viennent à polémiquer sur un ossuaire du premier siècle qui aurait pu appartenir à Jacques. Nous procédons par préfiguration. Aussi le paganisme de l’ossuaire préfigure lui aussi un nouveau paganisme. Il s’agit d’un paganisme élitiste. Nous devons trouver les os et resituer le contexte à la fin de la période sanitaire. Selon moi, les os, compris dans leur sens de substance, ont à voir avec ce qui constitue l’essence de l’être humain: l’ADN. Parmi les contraintes liées au virus, une seule a des répercussions sur le très long terme (le traumatisme s’estompe avec le temps, même si il n’est pas négligeable bien entendu), la vaccination basée sur la manipulation génétique. En effet, la vaccination adoptée pour l’ensemble de la population possède deux caractéristiques essentielles: elle était une première dans le domaine et elle a été pratiqué en masse sans protocole préalable. La raison invoquée pour faire sauter le verrou temporel a été, selon une chanson connue de tous les escrocs, l’urgence. Toute mise sur le marché d’un médicament ou d’un vaccin nécessite un protocole stricte. Il est d’usage par exemple de faire des tests en double aveugle, où un groupe reçoit un placébo. Des tonnes de choses ont été dites sur le sujet, je ne vais pas m’étendre. Ici, il est question de théologie. Lorsque l’on écoute certains transhumanistes, la volonté est d’améliorer l’homme. Améliorer l’homme avec les techniques modernes peut passer par la modification de son ADN, sa substance.
Qu 4.119 Je vais certes les égarer, les remplir de faux espoirs, les inciter à fendre les oreilles des bestiaux et je les inciterai à changer la création d’Allah.
Sommes-nous tous égaux face à la vaccination et face à la manipulation génétique? Loin de là. Tout le monde en est bien conscient. Les responsables sanitaires ont-ils intérêt à dévoiler tout ce qui est mise en œuvre pour le bien de la population? Quelle poids a l’éthique lorsque l’urgence est invoquée? Lorsque le nuage de Tchernobyl est passé au dessus de la France, le pouvoir a fait le choix du silence. Est-ce que les puissants ont pris des mesures pour se protéger? Il est clair qu’ils n’ont pas du manger de salade pendant un an. Je ne fais que poser des questions. Mais force est de constater que les réponses paraissent tomber sous le sens. Ce n’est pas être complotiste. On ne dirige pas l’évacuation d’une entreprise où un feu s’est déclaré comme un pays contenant des millions d’habitants soumis à une menace radioactive/bactériologique.
Il y a une histoire populaire du martyr sanitaire. Il y a une histoire officielle. Et puis il y a une histoire élitiste. Celle qui explique comment certains ADN ont pris une autre voie. Pourrait-on vacciner la population afin qu’elle vote correctement? Certains en caressent surement l’idée. Ils se vantent déjà de travailler à améliorer l’intelligence. Je vous laisse méditer bande de complotistes.
Le corps du Roi, d’os et de chair, est inaltérable.
Paix sur les âmes de bonne volonté.

Notes:

Le Chat, soumis à la copie de la dernière partie de cet article, a développé de nombreux points. Une fois n’est pas coutume, plutôt que de rendre une conclusion plus ou moins fermée selon son schéma habituel, il expose une série de questions ouvertes sur l’avenir à la place. Nous comprenons qu’il n’est pas capable non plus d’apporter la moindre réponse et vient conforter la pertinence de cet article puisque comme je le dis toujours: l’important dans la vie ce n’est pas de chercher les bonnes réponses, mais de trouver les bonnes questions. 

Percé police

37 Et ailleurs l’Écriture dit encore: Ils verront celui qu’ils ont percé.
Le quatrième évangile prétend citer les écritures. Mais la citation est inexacte.
Ve-hibitu elay et asher-dakaru
Traduction littérale : « Et ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont transpercé. »
Qui peut se traduire par  » et ils porteront les regards vers moi à cause de celui qui aura été percé de leurs coups » qui distingue le narrateur (Dieu) et la créature (il)
ou bien« Et ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont transpercé. » qui confond les deux personnes selon la compréhension chrétienne.
Voici ma version:
Ailleurs dans l’écriture, nous trouvons un verset qui utilise une structure similaire, il s’agit de :
Es 41 22 Qu’ils les produisent donc et qu’ils nous exposent ce qui doit arriver! …
וְיַגִּידוּ לָנוּ, אֵת אֲשֶׁר תִּקְרֶינָה   : Ve-yagidu lanu, et asher tikrenah
Il y a une action tournée vers ‘nous’  (lanu) équivalent pluriel de ‘je’ (elay) dont le complément est « ce qui ».
Si nous transposons dans Za cela donnerait donc que celui qui est amené à porter son regard est Dieu:
« Et ils me feront porter le regard  sur celui qu’ils ont transpercé » signifie que Dieu prendra miséricorde pour le sujet des souffrances par les invocations. Cela ne signifie donc pas qu’il puisse y avoir un signe à observer. Il y a bien une dimension messianique dans ce texte, mais elle est d’orientation temporelle judéenne et absolument pas chrétienne universaliste. Je ne suis pas favorable au concordisme décontextualisé.
Dans le chapitre suivant, nous avons un verset plutôt choquant:
3 Si quelqu’un prophétise encore, Son père et sa mère, qui l’ont engendré, lui diront : Tu ne vivras pas, car tu dis des mensonges au nom de l’Éternel ! Et son père et sa mère, qui l’ont engendré, le transperceront Quand il prophétisera.
Cela indique que le percement, dans le contexte, est lié à des armes du type couteau.