vendredi 18 octobre 2024

Frère Jacques

Parmi les bénévoles de la mosquée  ibn Badis de Nanterre, il y a cet homme au regard clair et généreux. Il tente vainement de dissimuler sa douleur derrière l’humour. Lorsqu’il me voit, il a pris la curieuse habitude, sans même savoir pourquoi, de m’interpeller avec un ton amusé: « frère Jacques ».

Mise en situation:  L’histoire biblique est avant tout une histoire de famille. La famille ce sont parfois des histoires sordides. Le premier récit de l’humanité en ce bas-monde relate la rivalité entre deux frères. L’un tue l’autre par jalousie. Ensuite, c’est un fils dont le Créateur dévoile à son père qu’il n’est pas digne d’être de son sang. Puis ce sont deux femmes qui se jalousent. L’une d’elle n’a d’autre choix que de s’enfuir au désert et ne doit son salut qu’à l’intervention divine. Ensuite c’est l’histoire d’un frère qui est jeté dans un puits par 10 autres. Il devient vizir du pays le plus puissant de l’époque et pardonne à ses frères. Ensuite, c’est une sœur qui trahit son sang pour accéder au statut « divin » de reine d’Égypte. Sa mission ayant échouée, elle nourrit une haine irrationnelle à l’égard des porteurs de la Révélation. Cette haine se transmit de manière héréditaire. Puis nous est rapporté l’histoire d’un jeune garçon dont les origines sont douteuses et qui parait bien frêle en comparaison de ceux qui le dominent dans sa jeunesse. Il devint roi malgré tout et son nom brille pour l’éternité. Enfin, une querelle de succession entre les disciples d’un coté et la famille du Messie de l’autre, entraine une falsification des écritures dont nous subissons encore aujourd’hui les terribles effets. La moindre déviation de la voie de la Vérité dans les tous premiers temps est amplifiée avec le temps pour devenir insurmontable après deux millénaires.
Fort de cette compréhension, nous comprenons aisément que la révélation coranique n’a pu échapper au même processus. Ceux qui réfutent cela sont tout simplement dans le déni. Selon certains, le Prophète, paix sur lui, aurait été empoisonné pour une querelle de succession. Certains veulent être le bras armé du Créateur en dépit de Celui-ci. De même, nous pouvons mentionner les kharidjites qui se désavouèrent de Ali, paix sur lui, parce qu’il préféra la conciliation à la guerre. Pour la grande majorité des croyants, une telle pensée est incompréhensible. La seule option possible alors, pour tout ceux qui aspirent au ciel est de « transformer le plomb en or ». Nous comprenons alors que c’est toujours lorsque l’on touche le fond que tout peut s’inverser et que les Justes l’emportent à la fin.

En ces jours-ci, nous allons aborder ma propre histoire. Je vais vous faire un bref résumé. Ce n’est pas ma conversion à l’Islam qui a provoqué le plus de remous dans la famille mais le dévoilement du mystère qui entoure ma conception. Il faut bien comprendre que je n’ai d’autre choix que d’utiliser le conditionnel car aucune preuve formelle ne peut venir entériner telle ou telle option. C’est donc à chacun de conclure selon ce que lui dicte son coeur. C’est donc bel et bien le Créateur qui vient sceller la compréhension pour chacun. Il n’y aura aucune vérité établie dans l’absolu ici-bas.
Comme je l’ai expliqué dans mes articles, j’en suis arrivé à la conclusion que Jacques, dit Jacky, qui serait mon père selon mon livret de famille, ne serait pas mon père, mais mon frère. Je serais en réalité le fils de son propre père. Or, ce dernier se nomme également Jacques Pain. Je ne peux donc me tromper en affirmant que je suis le fils de Jacques Pain. Il y aura alors une ambiguïté sur l’année de naissance. Voilà tout. Aussi fou que cela puisse paraitre. Depuis la mort de Julien, j’ai compris que je devais faire le deuil d’entendre la vérité de sa bouche. Le rapport ténu que nous entretenions pendant les années 2000 s’est évanoui à partir de la mort de ma mère. Cet évènement a tout précipité. Cette même année, il largua les amarres et partit vivre dans les iles au large du Sénégal. Je demeurais donc avec mes questionnements, conscient que l’échéance de sa mort scellerait à jamais ce secret si bien conservé et qui avait mené ma mère à l’autodestruction plutôt que de faire face à assumer la vérité.

https://www.stephanpain.com/2017/01/10/hp/

Ce que ces derniers jours m’ont permis de comprendre, c’est que  la mort de Julien a provoqué une bascule irrémédiable dans un processus amorcé de nihilisme au moment où j’ai osé briser le mur du silence. En 2023, alors que je débarquais guidé par la main du Créateur dans ma famille, je faisais un geste d’apaisement à son encontre. Ce geste l’a surement touché. Même si il paraissait dérisoire à ce moment là, du point de vue actuel, il prend une importance considérable. Comprenons bien que ce qui s’est passé ensuite était irrémédiable, et que je n’avais que peu de possibilités d’enrayer le processus. Au moment où nous nous voyons et parlons pour la dernière fois en 2023, nous nous respectons, tout en restant loin l’un de l’autre afin de nous préserver. C’était déjà une belle victoire.
Quant à ma fratrie officielle, elle n’a jamais accepté ma version de l’histoire. Qu’importe, ils m’avaient écouté.
Tout est en place, je vais à présent raconter de manière chronologique tout ce qui s’est passé de mon point de vue à partir du vendredi 3 mai. Je mettrai dans une mise en forme différente les textes des Signes qui me sont envoyés lorsqu’ils ne cadrent pas avec le récit.

 

Je suis à la mosquée Ibn Badis de Nanterre. J’ai achevé ma lecture coranique. Dans quelques minutes le prêche de l’imam va commencer. Dans ma poche, mon portable vibre pour m’annoncer l’arrivée d’un texto. Je ressens une sorte de vide qui tranche radicalement avec le vendredi précédent pourtant au même endroit. Après la prière de Jumu’ah, nous procédons à une prière Janaza. J’ai une curieuse impression. Tasbih. Je me lève et extirpe mon téléphone de ma poche.  Clovis m’informe du décès de Jacky. Ca y est, c’est terminé. Une page de ma vie vient de se tourner irrémédiablement. Je sors de la mosquée en apesanteur. Je rejoins un ami que j’ai aperçu en entrant. Je dois lui remettre l’argent pour l’Aïd afin qu’il fasse sacrifier un animal en Afrique en mon nom. Je tenais à lui remettre l’argent en main propre et non à me contenter d’un virement. C’est un bon prétexte pour parler à quelqu’un de sensible à ce moment là. Il m’écoute avec attention. Tout en étant soulagé de pouvoir s’éloigner tant l’instant est dur à supporter. Je ne lui en veux pas, c’est compréhensible. Il a son lot de souffrance familiale lui aussi. C’est Khelaf, le fils de Kaci, le responsable de Dir el Kheir.

Je ne vais surmonter d’entrer en contact avec ma famille que dans la soirée. Erik m’explique que le corps a été découvert dans la soirée du jeudi. Un colis était resté devant sa porte. Les voisins ont alerté les pompiers qui ont cassé une fenêtre pour entrer. Les gendarmes sont arrivés sur les lieux. Cela a pris beaucoup de temps avant que le légiste arrive et puisse rende sa conclusion. Mort naturelle. Vraisemblablement crise cardiaque dans sa douche. L’eau coulait encore. Le corps est très abimé. Si la peau du visage est encore correcte pour sa part, tout le monde présent remarque qu’il est noir. De ce que j’ai appris par la suite, il s’agit du sang veineux qui vient coaguler derrière la peau du visage dans certaines situations (par exemple: crise cardiaque ou mort par étouffement). La mort remonterait à 5 jours. Ce n’est qu’au bout de 5h30 que les gendarmes referment la maison et quittent les lieux vers 21h30. La Pouge est sans dessus-dessous. Il faut à présent gérer les choses à distance dans un premier temps. Son téléphone est posé sur la table du salon. Il est bloqué par un code. Les gendarmes nous ont contacté par le voisin garagiste. Ils suggèrent de débloquer le portable grâce au code inscrit sur la boite afin de prévenir tous ses amis. Ils sont bien loin de savoir le nombre conséquent de ceux-là. Ce n’est pas mon cas, et très vite, je me fixe comme objectif d’accomplir cette tache. Personne ne peut ou ne veut se rendre dans la maison pour récupérer ce portable. Il va donc falloir se débrouiller autrement. C’est alors que j’ai l’idée de contacter GrosGégé. Une procédure est proposée afin de récupérer la liste de contact d’une personne décédée. A 23 h, j’envoie donc un mail en exposant la situation. 20 mn plus tard, j’ai une réponse. Il suffit alors d’envoyer le certificat de décès. Malheureusement, la secrétaire de mairie était en congé ce vendredi. Lorsque ma mère est décédée en région parisienne tôt le matin, j’ai eu le certificat dans la matinée et j’ai pu gérer un maximum de démarche dans la journée même. Cela permet d’exploiter ces quelques heures où on a pas encore réalisé et que l’on est à peu près en pleine possession de ses moyens. Lorsque l’on bascule dans la réalité, les idées se font moins claires et les interactions avec autrui beaucoup plus compliquées. Dans pareille situation, on devient extrêmement vulnérable, et la moindre réaction peut avoir de grandes conséquences. Dans l’un ou l’autre sens. A la mort de ma mère, par exemple, j’ai décidé de changer d’opérateur de téléphone pour Orange, rien que par la réaction de l’opérateur qui m’a pris en charge lors de la déclaration de coupure de ligne. Il n’y a pas que le prix qui compte dans la vie. C’est l’humain qui prime. Vous vous en souviendrez au moment voulu. Tous. Sans exception.

La nuit qui suit est horrible. Je tourne en rond chez moi. Considérant que j’étais sur le point de prendre mes quartiers d’été dans le Cantal  (pour poursuivre les travaux de rénovation) après un court séjour en Ardèche et que mon frigo est vide, il me semble que la meilleure chose à faire est de me rendre sur place. Je pourrai ainsi régler cette histoire de liste d’amis et entamer les démarches avant l’arrivée de la famille. Je me dis alors que je pourrais employer une société afin de nettoyer le jardin et la maison, ainsi que louer du matériel pour assurer la réception des invités dans le jardin le jour de la cérémonie. J’ai une semaine devant moi. Mais c’est là où nous entrons dans la partie la plus délicate. En effet, Erik a décidé que Jacky serait incinéré le vendredi 10 mai à 14h. Islamiquement parlant, on ne peut pas faire pire. La crémation est proscrite en Islam. A savoir que la mort pour un croyant est un passage vers la vraie vie. Toute la vie d’ici-bas est tournée vers l’instant de la mort. D’autre part, vendredi 14h est l’instant de la prière en commun obligatoire. C’est le moment de la semaine le plus sacré. Je fais part de mon point de vue. C’est une fin de non recevoir. A mes arguments, il s’emporte. Je comprends alors que je n’ai aucune marge de négociation et que je vais être seul à porter le poids des devoir du croyants dans la foi. Je suis bien conscient du poids des mots que j’emploie. Comprenez bien que j’essaie de rester factuel un maximum. Parfois les émotions et les ressentis peuvent être considérés comme factuels. L’interprétation et les suggestions appartiennent à chacun.

En ce samedi matin je  prépare mon départ. Un colis à chercher à la Poste. J’appelle les gendarmes à propos des clefs. Bref échange. Je dois récupérer les clefs chez le maire qui est un ami du voisin. Je coupe l’eau, l’électricité. Un dernier tour pour ne rien oublier. Clef dans le contact, me voilà parti. Il est environ 13h. Le temps est maussade. Itinéraire via le Mans.

Dans la semaine qui a précédé, je me suis repassé la trilogie de théologie chrétienne de Prieur et Mordillat. Je ne l’avais pas vue depuis plus de 10 ans. C’est d’ailleurs la collection complète des DVDs que je suis allée chercher à la Poste ce matin-là. J’en étais au début de la deuxième partie, à savoir « l’origine du christianisme ». https://fr.m.wikipedia.org/wiki/L%27Origine_du_christianisme

Pour m’occuper pendant la route, je décide donc de lancer la lecture depuis mon téléphone. Le fichier regroupe les trois premiers épisodes. Je ne sais plus très bien où j’en suis et je pose mon doigt sur la barre de navigation afin d’avancer dans le fichier. 57mn 43 du début. Nous sommes alors dans le deuxième épisode. Son titre me reviendra quelques temps plus tard: « Jacques, frère de Jésus ». Les mots qui sortent de la bouche de l’intervenant, Pierre-Antoine Bernheim, et qui me sautent au visage sont: « (il) les avait déshérités si je puis dire ». L’homme fait référence à la famille du Messie qui semble écartée dans l’évangile alors que dans les Actes, elle apparait sous un autre jour. Je suis estomaqué. Je tente de me repasser l’extrait, mais j’ai bien de la peine à le retrouver car la barre de recherche est imprécise. Je commence à réaliser la portée de ce que je suis en train de vivre.


Je fais une halte dans une aire de repos de l’autoroute. Près des machines à café, sur une table ronde et haute destinée aux usagers, j’avise une carte de crédit. Je la porte au personnel qui est tout autant surpris que moi de cette découverte. Sur le moment, je ne fais pas attention plus que ça à cet épisode. Je reprends ma route sous la pluie.

Arrivée sur place à 20h30. Les clefs sont sur la boîte aux lettres. Je rentre par la cuisine. Il commence à faire sombre. J’essaie donc d’allumer les lumières. Aucune ne s’allume. Un appareil bipe en permanence dans le salon indiquant que sa batterie est vide. Je constate avec dégout les traces devant la salle de bain. Elles sont dans le passage entre la cuisine et le salon, me forçant à les enjamber à chaque déplacement dans la maison.  Elles sont compatibles avec le compte-rendu qui m’a été transmis.

Je décide de me rendre chez le voisin après avoir actionné le bouton du compteur dans le salon sans succès. Il m’ouvre quelques secondes à peine après mon coup de sonnette. Il me fait entrer. Nous discutons autour d’un verre. Son petit chien est très affectueux avec moi. Il n’arrête pas de me lécher. J’ai un ressenti curieux à son encontre dans le sens où il semble se justifier sur certains détails anecdotiques. A un moment il me dit: « la dernière fois que je l’ai vu c’était début avril. Le 9. Je suis allé le chercher. Il revenait de un mois chez ses petits enfants. » Nous allons ensemble dans la maison. Il me montre le tableau des disjoncteurs qui est à coté de la porte d’entrée assez loin du compteur. En les actionnant un par un, nous finissons par trouver que c’est le bureau qui fait sauter le tableau. Je cherche le frigo. Je constate qu’il fonctionne. Je décide d’y mettre mon sac de frais acheté sur la route juste avant d’arriver. Je retourne donc chez le voisin le chercher car il m’avait laissé le déposer. Me voilà seul dans la maison. 21h15 heure du coucher de soleil/prière. Une fois terminée, j’avise le portable laissé sur la table du salon par les gendarmes. Je me mets donc en quête de sa boîte afin de trouver le code de déblocage afin d’accéder à la liste des amis. Je fais le tour de la maison focalisé sur une boîte de type Samsung (ce n’en est pas un). Je fais intégralement le tour de la maison. Je reste en surface. Je bouge quelques cartons dans un gros tas d’une pièce annexe. J’ouvre des tiroirs et des portes de placard un peu partout. Ce faisant je suis au téléphone avec un ami afin de me sentir moins seul, Abdelwahad, fidèle au poste. En entrant dans la chambre, je jette un rapide coup d’œil. Le seul endroit intéressant est l’armoire qui fait séparation d’avec le couloir de passage entre les pièces en enfilade. Je suis alors incommodé par une forte odeur. Je reconnais celle des excréments. Mais il y a une autre odeur s’apparentant à de la putréfaction. Elle provient du lit. Il est maculé sur le côté droit au niveaux du bas ventre. C’est très localisé.

Je n’approche pas trop. A ce moment là je n’ai pas encore réussi à regarder dans la salle de bain. Je me contente d’enjamber les traces en passant. Je laisse toutes les lumières de la maison allumées. Dehors, le vent fait battre les volets. La pluie ne cesse pas de la nuit. Je pousse la table basse du salon. Je pose mon matelas pliant sur le carrelage entre les deux tables. Je campe à cet endroit là, dans ces deux mètres carrés, à partir de cet instant (sommeil/prière/nourriture). Je décide de ne pas entrer dans la salle de bain. Je fais mes besoins dans le jardin près de l’arbre si je ne peux pas faire autrement, car il a beaucoup plu. Je me couche. Je dors.

Réveil vers 2h. Impossible de me rendormir. Vers 8h, dimanche matin. Je vais chez les voisins laitiers. Le mari est à la traite. La femme me reçoit. Nous discutons un long moment. Elle m’informe être sure de la date de dépôt du colis: le vendredi 19. Le délai donné de 5 jours vient de considérablement s’allonger. Le mari nous rejoint. Un autre homme nous rend visite. Nous prenons le petit-déjeuner tous ensemble. Je lui fais part de mes constatations et du désaccord avec le compte rendu. J’annonce me rendre au commissariat de Niort. Je prends la route. La secrétaire de mairie m’appelle pour me dire qu’elle ne peut pas répondre à ma demande concernant l’acte de décès. Toutefois, sortant de son rôle de fonctionnaire, elle se rappelle l’avoir vu peu de temps auparavant.  C’est en situant la scène qu’elle m’informe de l’établissement d’un certificat d’hébergement en faveur d’une personne africaine. Ainsi que d’un prochain départ en Afrique. En voici le spécimen trouvé dans le salon.

Le maire était présent durant leur conversation. Il était bavard et s’penchait longuement sur son voyage à venir. Je raccroche décontenancé. Je réalise alors que j’ai le passeport et la carte d’identité en ma possession car il étaient posés sur la table du salon à coté du téléphone. Je m’arrête précipitamment sur le bord de la route. Le passeport mentionne un visa du 8 mars au 8 avril pour Yaoundé.

Je suis stupéfait. Je recolle avec les infos du voisins et la date du 9 pour le retour. Je réalise que l’histoire vient de basculer. Arrivée à Niort vers 13h. Je vais à la mosquée proche du centre. Je discute avec plusieurs personnes. Le but de ma visite consiste à statuer sur ce que je dois faire en vendredi 14h. Je comprends les enjeux de l’épreuve. Personne ne peut trancher sur la question en s’abritant derrière la lettre de la Loi. C’est la foi, donc la miséricorde qui doit primer. Je réalise aussi à ce moment là, ma vulnérabilité face aux réactions des uns et des autres. Vers 15h30, je vais au commissariat. Refus de m’écouter pour des simples raisons légales de secteur. Je me rends à la gendarmerie de Coulonges. L’adjudant P.P. me reçoit et m’écoute attentivement.

Il appelle les pompes funèbres pour prévenir d’une éventuelle autopsie. Il me lit le compte-rendu de la visite. Peu d’informations sur les lieux. Les observations sont concentrées sur le corps. Il m’informe qu’il va contacter le parquet juste après mon départ. Mais pour déclencher une enquête, il y a besoin de d’avantage d’éléments. Il me dit que je devrai me tourner vers la banque afin de détecter des mouvements anormaux. Cela pourrait motiver l’ouverture d’un dossier. Je rentre à la maison. Je découvre le dernier texto de la camerounaise. Je suis choqué par le ton employé qui, au delà d’être infantilisant pour un homme de 75 ans, s’avère utiliser le chantage affectif. Il semble être question d’une venue dans la semaine, tout du moins une venue prochaine. Cela se situerait vers le moment de la découverte du corps.

Réveil vers 4h lundi. 6h30, j’appelle Thomas. 7h30, je vais vers les voisins. Le laitier travaille dehors. Le garagiste est sous la douche. 8h, je reprends mes appels. Le gendarme m’informe que le parquet n’a pas assez d’éléments. Aucune autopsie n’est donc prévue. Je lui lis le dernier texto. J’ai fait une photo de l’écran avec mon téléphone. Heureusement, car une fausse manipulation me fait effacer les notifications visibles en blocage. Il est surpris par mon observation du lit car selon les photos du dossier, la couette est en place et seul l’oreiller serait sale.

Le banquier BNP de Niort m’affirme que je ne pourrai pas demander les informations du compte. C’est le parquet qui doit les contraindre. Je lui fais remarquer que les deux parties se renvoient la balle. Il m’informe que le compte est tenu à Fontenay. Ils sont ouverts le mardi. Erik me donne son accord pour l’autopsie. Il ne souhaite pas argumenter avec le gendarme. Clovis est d’accord aussi. Il va discuter du sujet avec Frédéric. Frédéric est le frère de Jacky. Il est médecin=chef urgentiste à la Rochelle. Malgré sa proximité, il n’a pas souhaité se rendre sur les lieux. Clovis est favorable à appeler également le gendarme. Erwan me donne son accord pour l’autopsie.

Je discute avec la secrétaire de mairie. Puis le maire. Il m’explique qu’il était présent à la levée du corps. Considérant la difficulté de l’opération, il se dirige dans la chambre pour y prendre la couette afin de s’en servir pour manœuvrer le corps. Voyant que les professionnels parviennent à leur fin, il pose la couette sur le dossier de la chaise du salon à l’entrée de la chambre. Interloqué mais ne le laissant pas paraitre, je lui demande comment il a fait pour ne pas sentir la forte odeur qui s’en dégage. Il n’a rien remarqué et a ajouté que la maison ne sentait pas. Ce qui m’a été confirmé par ailleurs.

Le rapport en date du 2 mentionne une mort remontant à 5 jours. Or la voisine me confirme que le paquet a été déposé devant la porte avec l’auvent ( qui n’est pas la porte utilisée pour entrer) le 19. Aude, la femme d’Erik, indique la dernière connexion sur whatsapp dans la nuit, le 19. La mort remonte donc à deux semaines.

Je réalise à ce moment là que le téléphone que j’ai en main n’est pas celui dont la famille a le numéro. Je retrouve l’officiel dans l’entrée de la chambre. Je n’y avais pas prêté attention car il est éteint. Je constate qu’il a une charge complète. Il a dont été éteint manuellement. Seul le téléphone réservé à ses appels avec l’étranger était allumé au moment de la mort. Dans les notifications, il y avait le numéro en 237 et un +33. Je n’ai plus accès à ce numéro au moment où j’écris ces lignes la première fois. Lorsque j’ai montré le téléphone au gendarme le 5, le journal d’appel s’étalait entre -13 et -11 jours. Depuis 11 jours, plus aucun appel ou message. Je raccroche enfin quelques minutes avant 14h. Je viens de faire le marathon du téléphone. J’ai relié les deux prières entre elles.

Début d’après-midi je me rends en mairie. Le certificat n’est toujours pas fait. Pourtant l’ambiance n’est pas à la surcharge de travail. C’est le moins que l’on puisse dire. Je profite de ma présence pour évoquer le sujet du certificat d’hébergement. Elle me renseigne. Une fois émis par son autorité, le porteur peut entrer en France tout seul. Je lui demande alors si elle se souvient de la date d’entrée demandée. Elle se dirige vers ses archives, s’empare d’un dossier, le pose sur la table et l’ouvre. Elle consulte. Elle détient toutes les informations. Le maire se dirige vers la table. Ils semblent discuter. Elle revient au guichet. Le maire m’adresse la parole. Il insiste sur le fait qu’il est interdit de communiquer les informations. Mais grâce à l’emploi du conditionnel, il suggère que la femme pourrait être déjà sur le territoire français.

Je prends rendez-vous avec la notaire N. V. pour lundi 13 à 10h. Je lui fais un résumé de la situation de mon point de vue. Elle est favorable à l’autopsie à l’exposé de mon récit.

Je vais manger à Fontenay. Je rentre à la maison vers 21h25. Dernier appel jusque vers 23h15. Réveil vers 2h. Je mets à profit mon insomnie et me lance dans la première rédaction du présent document. Il est actuellement 3h44 ce mardi matin. Je vais tenter de me reposer un peu.

J’obtiens enfin le certificat de décès ce mardi matin, 10h. J’envoie une copie au notaire immédiatement depuis le bureau de mairie afin d’obtenir les dispositions concernant le corps. Direction la BNP de Fontenay. La banquière ne peut rien faire dans le cadre de son travail. Le monsieur qui vit sur son bateau? dit elle, choquée. En écoutant les éléments, elle est convaincue qu’il y a un problème. Elle ne prend pas la peine de vérifier sur le compte en ma présence.

Orange. Le conseiller me suggère de passer une annonce dans le journal local pour déclarer la mort plutôt que de m’aider à accéder à la liste d’amis. Je lui demande si il se rend compte de ce qu’il dit. C’est le seul moment où je perds réellement patience.

Boutique téléphone juste à côté. En écoutant l’histoire, l’homme suggère qu’il existerait des logiciels capable de débloquer les téléphones. Le nom de l’un d’eux écrit sur un  papier  se retrouve curieusement dans ma pochette sans que je ne puisse déterminer comment il est arrivé là. L’homme pense que l’affaire ferait grand bruit dans les médias. Je mesure à présent ce qui est en train de se passer. Je lui fais part de mon refus de contacter les journalistes. Je me méfies des parasites. En fin d’après-midi, je me rends aux pompes funèbres. Je suis reçu selon les usages habituels par l’employé. Il m’informe qu’aucune démarche n’a été entreprise en vue d’une autopsie. Il ajoute qu’il n’a jamais suivi pareille procédure et entend bien me dissuader. Je décide d’appeler le gendarme dans son bureau. Discussion à trois. Les deux professionnels ne savent comment accéder à ma demande. Le gendarme m’informe qu’il a discuté longuement avec Frédéric au téléphone la veille. L’affaire semble entendue de part et d’autre. Je demeure le trouble-fête. Comme la seule issue est d’obtenir l’autorisation d’une autorité médicale, considérant que Frédéric est contre moi, je comprends alors que c’est peine perdue.

Mercredi matin. Le jour est férié. Impossible de contacter un avocat ou un huissier. En désespoir de cause, je me mets en tête d’aller au commissariat central de Poitiers, bien décidé à être entendu par  l’autorité judiciaire. En effet, de mon entrevue et mon appel avec le gendarme, aucune trace n’a été conservée. Le parquet pourrait se défausser facilement. Cette fois, je ne me retrouve pas face à un interphone comme à Niort, mais face à des regards d’humains. Les plantons de permanence ne savent pas trop bien comment me gérer. Je reste calme mais ferme. A ce moment là, un officier de police intervient et sort de la guérite pour me rejoindre. Il s’imagine alors me faire tourner les talons. Il annonce ne pas vouloir m’écouter. Il m’invite cordialement à rédiger un courrier au procureur. Je lui dis que la crémation est prévue dans deux jours et que l’autopsie est primordiale pour apporter un éclairage à tous les questionnements. Le courrier arriverait bien trop tard. Il commence à perdre patience, et je m’en rends compte et lui fais remarquer. Il s’entame alors une lutte psychologique entre nous. A un moment il s’éloigne et se tient proche de la porte de sortie. Il me menace alors devant ses hommes et des témoins de me sortir par la force. Je lui dis alors que si je pars en garde à vue, je devrais être entendu. Il revient vers moi, me pose une ultime question. Constatant ma détermination, il m’invite à m’asseoir en vue d’être auditionné. En attendant mon tour, dans ce hall de commissariat très particulier car il ressemble à une sorte de tour vitrée, je consulte les revues mises à disposition. Un article attire mon attention. Il s’agit du récit de la vie familiale apparemment tranquille d’un des plus hauts dignitaires du parti au pouvoir outre-Rhin lors du dernier conflit mondial. La porte s’ouvre. Une femme officier m’invite à m’asseoir. Elle a été missionnée pour faire dans le social et sortir par le haut de cette situation délicate. Ce genre de procédure est appliquée face à une personne affectée émotionnellement qui n’arrive pas à trouver un écho au sein de l’appareil judiciaire. Elle me propose de procéder à une main courante. J’ai bien compris qu’ils ne me prennent pas au sérieux. Ils sont alors dans un tunnel. Je déroule les faits. Au début, elle pianote sur son clavier, les yeux fixés sur son écran en attendant la fin de cet épisode. Lorsque je lui expose certains éléments, sa posture change radicalement. Elle me regarde dans les yeux et me pose des questions précises. Néanmoins, pour de pas perdre la face, elle reste sur la ligne adoptée dès le début et met un terme à l’entretien sans me laisser grand espoir quant à la suite. Je ne me fais pas d’illusion. Mais je me suis assuré d’avoir un papier officiel en main signé d’une autorité judiciaire attestant m’avoir écouté. C’est là le principal. Il faudra se contenter de cela.

Sur la route, je suis en conversation avec Arthur, AbdelHakim. Je  tiens à lui rapporter ce signe de l’autoroute de la carte bancaire. A ce moment, je suis en ville et passe sur un pont. Une africaine en boubou marche sur le pont. Elle est au téléphone. Au moment précis où je passe, elle se retourne pour regarder derrière elle. J’explique à Arthur ce qui se passe sous mes yeux et lui révèle alors le signe de la carte bancaire.

Dans la journée de jeudi, jour d’ascension, je m’emploie à transformer le mal en bien. Je vais donc me résoudre au long de cette journée à accepter que la crémation aura bien lieu au moment donné. Je n’irai pas à la mosquée. Je n’aurai pas la réponse de l’autopsie. Il me faut choisir la voie de la Miséricorde. Toutefois, je décide de porter mon qamis ainsi que mon pakol durant la cérémonie et de partir juste avant la crémation à proprement parler. Erik et sa famille sont chez son ainé à la Roche Guyon. Ils doivent me rejoindre en fin d’après-midi. Pour la prière du midi, je me suis mis à chercher la petite mosquée de Bressuire. Elle est nichée au milieu des pavillons. Il flotte quelque chose dans l’air. Au moment de l’Iqama, je me dirige lentement vers le centre du premier rang. L’orchestre s’anime. Le cœur s’envole. La prière officielle prend fin. Tasbih. La vibration n’a pas cessé. Je commence donc à  réciter doucement. A côté de moi, il y a des enfants, des pères bienheureux. La vie s’écoule dans la joie. Puis les bruits s’estompent et la salle retombe peu à peu dans le silence. Ma voix ne cessé de monter. Les versets défilent. Je rentre en résonance avec la récitation. Montée en puissance. Arrivée de « al muddaththir ». Le temps s’arrête.

« Ils sont 19 à y veiller. »

Je suis bouleversé. Un torrent d’émotions jaillit. Il y a ces moments d’où l’on ne revient jamais vraiment.

Une fois dehors, je me mets en tête de rejoindre le crématorium afin de préparer la cérémonie du lendemain selon mon point de vue. J’imagine y arriver sans mettre le GPS afin d’économiser la batterie. Mais j’ai la tête ailleurs et je ne sais plus trop où aller. Arrivé à une intersection,  j’avise ce qui me semble être un parking en face de moi et décide de m’y arrêter afin de faire le point. C’est à ce moment là qu’un semi-remorque de livraison passe juste devant moi pour s’engager dans la route où je suis. La remorque me bouche tout l’horizon. Un mot apparaît alors devant mes yeux sur dix mètres de long:

ACTION

Impossible de le rater. Je franchis le stop,  traverse la route et pénètre sur le parking. Je réalise alors que je viens de débarquer au milieu d’un camp des gens du voyage. Une femme me regarde, intriguée.

Sur la route, je m’arrête dans trois églises différentes. Elles sont vides de présence humaine, mais l’Esprit est là, et Il m’attend. Au début, doucement, puis montée en puissance. Dans la dernière, je suis littéralement soufflé physiquement.

J’ai donné rendez-vous à la famille devant l’église de la Châtaigneraie. Mais celle-ci est fermée. Il n’y aura donc pas de quatrième maison ce jour là. Ils arrivent. Nous nous embrassons. L’ambiance est lourde, mais l’Esprit est à l’œuvre et j’invite à sublimer ces instants. Nous nous séparons. Aude part avec les enfants vers leur lieu de séjour tandis qu’Erik et Jérôme, son ainé, me rejoignent dans le Trafic. Ils ont prévu de repartir avec le petit utilitaire garé devant la maison.  Dans la voiture, Jérôme prétend qu’il ne sait rien de l’histoire. Je commence à raconter. C’est devenu comme un automatisme. Emporté par mon enthousiasme, je dis alors: « Je vais vous montrer le clou du spectacle. » Je réalise mon erreur. J’avais décidé de ne plus aborder les points nouveaux de l’enquête à cause d’un sentiment de doute à propos de la famille. Erik insiste pour que je lui révèle ce que j’ai en tête. Je refuse d’en dire plus. Jérôme est au milieu de nous deux et n’en perd pas une miette.

Pendant les trois premiers jours, j’ai dormi sur place. Je vivais alors des expériences spirituelles hors-norme, surtout durant la prière de l’aube. Je sentais clairement des entités se déplacer dans le salon et pénétrer dans mon dos alors que la Qibla était dans la direction de la fenêtre. L’Esprit me foudroyait. Lorsque j’étais au calme, je regardais à coté de moi. Au début, je considérais des traces curieuses sur le sol. La couleur rappelait celle de devant la salle de bain. C’est surtout la disposition qui m’intriguait. Ce n’est que dans la nuit précédente du mercredi au jeudi que je comprenais enfin: ses traces étaient celles d’un petit animal, vraisemblablement un chat. L’ennui c’est que les traces sont nettes sur une longueur d’environ un mètre cinquante, mais qu’elles n’ont aucune origine. Elles commencent et s’arrêtent au milieu de nul part.

Jérôme se positionne dans le salon à l’endroit exact d’où l’on voit le mieux les traces. Il ne dit rien. Son père me repose la question à propos de mon élément clef. Je le renvoie alors au lit. Le stratagème fonctionne apparemment et il se dirige dans la chambre. L’odeur s’est estompée depuis samedi. Il insiste lourdement pour que je m’en aille. Je sors et m’effondre dans le jardin. Un sentiment affreux m’habite. Je met le contact et je les laisse tous deux dans la maison.

Le vendredi sera donc consacré à la cérémonie. Tout ce qui est en dehors doit être mis de coté. Je réalise mes grandes ablutions du vendredi et me met en route vers l’entreprise des pompes funèbres. Il est environ 10h lorsque je me pose au milieu du parking. Il est environ midi lorsque Erik et toute sa famille débarque sur le parking. L’employé nous informe qu’il a pris la décision de fermer le cercueil car le corps n’est pas présentable. Le fourgon mortuaire se met en mouvement et file à vive allure vers le crématorium à 35 km de là.

Les parents d’Aude, Alain et Françoise (voir Interstelas), me saluent chaleureusement et me remercient.  En dehors de la fratrie, aucun membre de la famille Pain n’est venu me voir. Voilà, c’est tout. Le ton de l’employé qui dirige la cérémonie sonne atrocement faux. Parfois il est des moments où le silence s’impose. Tout le monde n’a pas la capacité de le réaliser. Arrivé à ce point là de lecture, on pourrait me faire des reproches sur mon flot de parole ininterrompu de ces derniers jours. La différence, c’est que ce n’est pas mon métier et que je n’ai rien préparé et me contente d’exposer la vérité et ce qui me semble juste. C’est toute ma vie qui est placée sous le sceau du secret. Je suis persuadé que c’est ce secret qui nous a mené à cette situation inextricable. Je me sens donc pleinement légitime à parler. Voilà pourquoi je n’ai rien dit lors de la cérémonie, alors qu’il y aurait tant de choses à dire. Mais à un moment la foi, la miséricorde, la pudeur doivent prendre sur la rigueur, la loi et la justice.

Quelques instants avant que les portes ne se referment, je me suis donc levé et j’ai quitté la salle par son allée centrale. Dans le silence, seul le bruit de la grande porte à double battant s’est fait entendre. Je pense avoir effectué ce geste par respect, selon ma foi et je lui ai donné une dimension s’accordant avec l’instant dans le sens où  je me suis dit que son âme quittait son corps à cet instant précis et m’emboitait le pas pour franchir la porte et s’échapper vers son avenir. Nos routes se sont séparées ici. Je suis entré dans la cuisine et j’ai prononcé l’Iqama. L’instant fut hors du temps.

J’ai ensuite ôté mes habits de culte et tenté tant bien que mal de me mêler aux autres. A un moment dans l’après-midi, avisant l’écran qui annonce la crémation en cours, je sors mon téléphone afin d’immortaliser l’instant. Il est alors 15h13 sur l’écran. Lorsque l’image se forme sur l’écran de l’application et que je m’apprête à cliquer sur le « déclencheur », je n’en crois pas mes yeux: le nom du défunt vient de changer. Il est 15h14, l’écran affiche la cérémonie de 16h à venir.

Je me suis retrouvé à discuter avec Claire. C’était elle qui était entré dans ma vie entre le 24 décembre 2011 et le 13 janvier 2012.

https://www.stephanpain.com/2013/09/06/sur-un-arbre-penche-vendredi-13-janvier-2012/

Lorsque la foi avait jailli en moi. La voilà à cet instant de nouveau dans un instant décisif de ma vie. La conversion s’oriente sur sa sœur et sur ce que j’ai vécu lors de ma venue à Paray en juin dernier. Si le rav Ifrah marque mon départ, l’atelier de réparation marque mon arrivée. https://www.stephanpain.com/2024/03/09/atelier-de-reparation/ La conversation prend alors tout naturellement une orientation théologique. Je lui annonce que Vatican II est l’instant ou le clergé se déclare tête de l’Église.

Ceux qui s’élèvent seront abaissés.

« Jésus étant Dieu… » insiste-elle par deux fois.
« C’est ton interprétation. » lui dis-je.
Elle s’éloigne. Son père a observé la scène de l’autre coté de la table.

La fratrie se réunit dans un café pour discuter succession. Je n’ai pas vraiment le coeur à tout cela.  La serveuse s’attarde anormalement dans mon dos. C’est alors que je réalise l’impact qu’ont Clovis et surtout Erwan sur la gente féminine. En langage populaire, ils sont beaux gosses. Ces deux derniers tiennent à se rendre à la maison. Ils partent tous deux dans leur voiture tandis qu’Erik rejoint sa famille. J’ai du mal à suivre sur les petites routes de campagne. Je suis au plus mal. Lorsque j’arrive à la maison, ils y sont depuis un bon moment. Ils en explorent les moindres recoins. A un moment, à une remarque qu’il me fait sur une porte d’accès, je comprends que Clovis mènerait sa propre enquête sans vraiment le montrer mais qu’il a tenu tout de même à me le suggérer. Il faut bien comprendre que tout cela est très délicat. Tous les sentiments sont augmentés par la tension de l’instant.

Sur la route, je prends un autostoppeur. Je lui demande sa destination. Il me répond Challans. Ce n’est pas loin semble-t-il. Je vérifie tout de même. Challans est à 100 km. Je ne vois pas faire l’aller-retour pour un inconnu. Je l’invite donc à descendre. Il s’exécute. Je me sens un peu coupable de l’abandonner ainsi mais il m’a manipulé pour monter à bord. Je garde Challans en tête.

Samedi matin. Je me dirige donc vers Challans, qui est la dernière grande ville avant Noirmoutier. C’est là que tout commence.

https://www.stephanpain.com/2013/04/23/mon-combat-contre-les-versets-sataniques/

https://www.stephanpain.com/2013/04/18/gaz-b-gaz-a/

C’est là que nous avons rencontré Vincent. C’est là que le bateau est resté pendant plusieurs mois. C’est là qu’il a pris la décision d’acheter cette maison pour y finir sa vie. Je me mets en tête de retrouver Vincent. Je finis par trouver sa trace dans les bars de marins. Il a déménagé en Bretagne. Une amie lui annonce la nouvelle par les réseaux sociaux et lui communique mon numéro. Il m’enverra un texto le lendemain pour témoigner de sa peine à l’annonce de la nouvelle.

Maïna

La famille pratique cette cérémonie païenne de dispersion des cendres en mer. De mon coté, là où Vincent nous avait mené avec son bateau, dans ce canal menant à la baie de Noirmoutier, vers l’heure dite, je me saisis d’une poignée de terre que je jette dans le vent. Les larmes coulent sur mon visage. Seul Allah est témoin de cette scène. Une page de ma vie est définitivement tournée.

Fin d’après-midi, coup de téléphone de la fratrie. Ils me communiquent le code de déverrouillage. Les deux téléphones me sont accessibles.

Le dimanche, je commence à explorer la conversation entre la camerounaise et Jacky. En résumé, il lui promettait tout. Son compte, sa maison, son bateau. Il réclamait de l’attention en échange. Il disait promettre de prendre en charge ses enfants. Elle a 28 ans et elle est plaisante à voir. Je ne vais pas m’épancher sur leur intimité mais la nature de leur relation ne fait aucun doute. Il a effectué des transferts d’argent au point de se mettre en difficulté avec sa banque. Je décide de prendre la direction de l’Auvergne mais au moment où je dépasse Niort, alors qu’il faisait très beau, la pluie se met à tomber.  Je m’arrête. La pluie s’arrête. Je fais demi-tour et téléphone à la personne qui tient le gite. Je lui annonce ma venue.

Comme tous les matins, elle me sert le petit déjeuner. Elle cuisine ses propres œufs. Ils sont véritablement délicieux. Elle me fait remarquer que « j’ai de la chance ». Car, elle a cassé deux coquilles et voici l’assiette.

Je me rends finalement au rendez-vous avec la notaire en ce lundi matin. Elle m’écoute attentivement et demeure dans son rôle de personne assermentée. Je m’étonne qu’elle n’ait pas répondu à ma demande concernant la disposition du corps. Elle se défausse de sa responsabilité en invoquant le fait qu’elle n’était pas encore en charge du dossier. Je ne suis pas vraiment étonné de cette posture qui commence à devenir récurrente chez tous ceux qui détiennent un petit pouvoir ici-bas. En sortant, je fouille plus avant le fil de discussion et en réalise la conclusion rapportée au dessus.

Mardi, je prends la route sous un soleil radieux. Cette fois, je dépasse Niort sans que rien de notable n’arrive. La route est longue et je décide de reprendre ma lecture des vidéo sur le christianisme. C’est alors qu’il se met à pleuvoir. Nous sommes quelques minutes avant 20 heures et il est désormais trop tard pour faire demi-tour. Je me dis alors qu’il s’agit d’un signe destiné à délaisser cette écoute pour le moment. 5 minutes de flottement s’écoule.  Le téléphone sonne alors. C’est elle. Je décroche. Je lui dis de patienter le temps que je m’arrête au bord de la route. Je coupe le contact. Comme nos voix sont similaires, elle pense lui parler. Je suis Stephan, lui dis-je. Je lui annonce la mort. Elle hurle et s’effondre en pleurant. Elle pose quelques questions. Elle annonce qu’elle va venir d’ici quelques jours. Elle demande à voir sa tombe. Je lui annonce alors qu’il a été incinéré et dispersé en mer et que j’ai rien pu y faire. Elle raccroche et ne me rappellera pas.

Je remet le contact et reprend ma route. Il pleut toujours. La conversation a pris fin vers 19h 58.

A 20h 04 le soleil inonde la scène derrière moi. Un immense arc-en-ciel apparait alors. Je m’arrête et prend une photo. Mais trop tard, l’image s’estompe au moment où j’appuie sur le bouton. Je reprend ma route. Cette fois, l’arc descend depuis le ciel et semble rencontrer la terre sur le rond-point vers lequel je me dirige. Je prends une série de cliché. Le dernier est à 20h09. La pluie cesse environ cinq minutes plus tard. Le soleil reprend tout le ciel en quelques minutes et va m’accompagner durant sa dernière heure de la journée.

Mercredi matin, je suis si fatigué que je n’ai pas d’autre choix que de m’endormir à seulement 10 km de ma grange pour quelques heures. Une fois que j’ai fait le tour des locaux, je n’y reste pas et part me changer les idées avec les voisins. Ils m’invitent à manger et m’écoutent avec attention. L’après-midi, je vais chez d’autres voisins qui m’invitent à manger également.

En regardant les autres conversations de la messagerie instantanée, je découvre l’existence d’une deuxième femme, une tunisienne. Je n’ai pas besoin d’y passer autant de temps. Je vais à l’essentiel. Le scénario « femme de ma vie/amour fou/transferts d’argent/ vie en commun en France/intimité de couple/ séjour d’un mois » aurait pu se répéter quasi à l’identique.

Mais les choses se sont déroulées autrement une fois qu’ils se sont rencontrés. Beaucoup de promesses, de déclarations. La tunisienne se plaint toutefois des accès de colère inexplicables et déplore d’avoir été ainsi oubliée dès le retour en France qui se situe à peine un mois avant le départ au Cameroun. Cet abandon trahit le fait que son espoir déçu ne pouvait se transformer en une simple amitié désintéressée. Je comprends alors, que si il y a manipulation avérée, il est fort possible qu’elle soit principalement de son fait à lui.

J’ai noté un certain nihilisme dans ses propos. Il disait que l’humanité était sur le point de disparaitre et qu’il s’en réjouissait.

Il a fait remarquer que si l’extrême droite prenait le pouvoir, il partirait de France. Veut-il dire par là qu’il ne résiderait plus fiscalement  car non-solidaire d’un peuple de haineux? Mais je dois être taquin. Je me rappelle bien son hostilité à mon égard concernant ma conversion à l’Islam. Il aimait montrer sa pile de Charlie hebdo avec le fameux numéro enfonçant le clou de manière totalement irresponsable dans la caricature du Prophète figurant en bonne place. Il disait connaître des musulmans et ils ne placent du tout la foi au centre de leurs vies(selon sa perception).  Ajoutant au passage que je ne serai jamais un vrai musulman. Il faut certainement comprendre qu’il réduisait l’Islam à un marqueur identitaire exotique d’une dimension spirituelle bien moins conséquente que le catholicisme, qui serait une vraie religion.

Jeudi dans la soirée, Erik, dans le groupe privé dans lequel nous échangeons tous les 4 dit ceci: « Au milieu de tout ça, je vous partage une fierté. (mes émotions font du yoyo en ce moment) Un nouveau géomètre expert au coté du président du conseil régional de l’ordre. C’était à 18h 30 aujourd’hui. » Il poste la photo où il pose avec cet homme. Je réponds : « Bravo. Excellent travail. »

En ce vendredi, je me suis rendu à la mosquée de Décazeville. L’imam, Antar, m’a longuement parlé cet après-midi là. Il semblait en proie à l’émotion malgré qu’il tentait de la cacher. Je ne lui ai pas beaucoup parlé de cette histoire, mais plutôt de religion et surtout de Jour du Jugement. Le soir, j’étais invité par une amie à venir manger afin de poursuivre mon histoire. Je rentrais tard cette nuit là.

Dimanche, je suis allé à Quezac. De retour à la messe après cette interruption. L’Esprit soufflait en moi alors que l’assemblée répétait ses invocations à l’Esprit saint. L’après-midi, je suis allé à Parlan à quelques kilomètres de là afin de reprendre la saison de randonnée. Je commence donc par une balade facile déjà faite. A noter qu’à la sortie de la forêt, il y a un bourg où se concentrent trois chiens qui hurlent sur les randonneurs. Plusieurs commentaires le rapportent. Sauf qu’à peine parti, en dépassant une maison, un chien descend vers la route et se dirige vers moi en aboyant. Il tourne autour de moi mais  j’estime qu’il suffit de l’ignorer et poursuis mon chemin. C’est alors que je ressens une vive douleur au mollet droit. L’animal m’a mordu par derrière. Je lui cries dessus et il s’enfuie la queue entre les jambes. Mais trop tard, le mal est fait et la douleur intense. J’appelle afin d’alerter les propriétaires. A peine une minute s’écoule qu’une voiture arrive et se gare. J’explique la situation. Les gens sont surpris. Je désinfecte la plaie et place un pansement. L’homme est le maire de la commune. Nous finissons par discuter rénovation. 4 heures plus tard en arrivant à ma voiture, je tombe sur lui qui vient prendre de mes nouvelles. Je m’aperçois que j’ai perdu mes lunettes de soleil. Décidément. Je repars en sens inverse. Un homme dans un C15 m’interpelle: il a trouvé mes lunettes sur le chemin.

Et me voilà aujourd’hui, en ce lundi 20  au matin à reprendre l’écriture de ce texte que j’avais commencé sur place. A suivre, donc. (la suite va être écrite au jour le jour)

En explorant les photos du téléphone, je constate qu’une photo revient quasi quotidiennement. Il s’agit d’une blessure à la tête. Elle semblait donc le préoccuper.

Il est clair qu’une telle blessure devait être visible par le médecin légiste. Il est anormale qu’elle n’ait pas été prise en compte. Surtout lorsque l’on considère les mesures sanitaires qui ont été prises dans une période proche et les principes de quarantaine appliquées. Ici, rien de tout cela. Des espaces potentiellement contaminant post-mortem telles que les toilettes n’ont pas fait l’objet d’une attention/recommandation particulière.

Mardi soir, un chat fait son apparition chez moi. Il a une robe très particulière faites de trois couleurs: blanc noir et roux. Il réclame à  manger et surtout beaucoup d’affection. Je me laisse attendrir et m’imagine qu’il m’a été envoyé pour prendre soin de lui et devenir son maître. Je me dis alors que je devrais lui trouver un nom. Un nom me vient en tête: Chloé. C’est idiot, je ne vais pas appeler le chat comme ma voisine. C’est alors que je réalise que c’est son chat. Le lendemain matin, je vais la voir. Elle m’explique qu’elle vient d’avoir une portée de 4 chatons dont elle ne sait que faire et que la mère semble les délaisser. Je comprends alors que l’animal a tout simplement choisi de déménager en laissant ses petits dans son ancien foyer. Je décide donc de ne pas acheter de croquettes et de ne pas cautionner ses agissements. Il me faut alors rester sourd à ses miaulements plaintifs et son comportement bien trop affectueux.

La femme camerounaise a un « confident », un certain William. Je discute avec lui de vive voix. Je joue franc jeu avec lui. Notamment concernant l’ambiguïté amante/fille adoptive. Il se met à réfléchir. Il dit qu’il va me recontacter. Le lendemain, c’est elle que j’ai au téléphone pour un long moment. Je comprends alors qu’elle était persuadée que la mort était simulée. Le lendemain, elle a changé de stratégie et est apparue au grand jour sur la page Maïna voilier avec photos et épanchements. La fratrie est outrée: Comment peut-elle oser? Elle ne semble pas prête à délaisser la partie. Elle serait sur Lyon en ce moment, donc son visa lui aurait été accordé alors que la personne qui se porte garant est décédée. Pour que les douaniers le sachent, ils auraient du vérifier. Un homme de 75ans avec un nom français qui fait entrer une jeune femme de 28 ans d’origine étrangère devrait justifier une simple vérification. Il est clair qu’une partie des causes de cette situation est dû à la peur du parquet (soumis au pouvoir exécutif malgré la théorique séparation des pouvoirs) d’un revers politique à quelques semaines des élections (raisons idéologiques pour les uns, économiques pour les autres) La guerre ouverte est donc déclarée. Quant à moi, je laisse le temps faire son œuvre. Les dossiers sont sur la table. Je guette le premier faux-pas. Patience.

J’ai répondu en conseillant à son prêtre de changer de métier. Voici le lien vers cette fameuse page à laquelle je n’ai jamais été liée mais qui apparaissait dans mes suggestions lorsque je fréquentais le réseau il y a quelques années https://m.facebook.com/maina.voilier/?locale=fr_FR

Mardi 28. Je passe une partie de la matinée à nettoyer la boîte mail du téléphone principal. Elle est remplie de spam et de newsletters. Ce qui devait arriver arriva. Je tombais sur un mail décisif: il s’agit d’un mail qu’il s’était envoyé à lui-même contenant un zip au nom de Carène. Relevons au passage la pertinence du choix de ce prénom pour parler au cœur d’un homme qui a été passionné par la mer toute sa vie durant. La question est: ce choix est-il directement celui du Créateur ou bien de certains qui se seraient sentis légitimes à  s’interposer ? C’est à chacun de conclure. Quant au contenu de ce mail, factuellement, on ne peut que s’étonner qu’il témoigne du questionnement du projet lié à cette femme et qu’il contienne des prises d’informations à  la fois pour un mariage, un PACS, que ces acronymes sont risibles, et une…   adoption d’un majeur. Un projet bien étrange que voilà.

Lassé de ce travail rébarbatif mais fructueux je décide de me pencher sur l’autre téléphone. En réalité depuis maintenant deux semaines, je n’y avais pas passé beaucoup de temps. J’avais bien vu qu’il ne servait que très peu. De la même manière, j’ai conservé mon ancien téléphone et je m’en sers pour la vidéo en ligne. Cela me permet d’économiser ma batterie. Il y a donc peu d’applications sur cet appareil au contraire du principal. Je lance le navigateur natif de GrosGégé. La page de présentation habituelle apparaît avec la barre de recherche, des favoris, une miniature de la dernière page et enfin une liste de vignettes de sites en lien avec l’actualité. La dernière page est celle d’un site de rencontres bien connu. Plutôt que de lancer la page je clique dans le coin supérieur droit pour faire apparaître toutes les pages ouvertes. Elles sont peu nombreuses et sont en lien avec ce site. Je fais donc machine arrière et consulte l’historique. Il ne contient que peu de choses et cela remonte au mois de février. Vraisemblablement il ne servait pas de ce téléphone, en tout cas pas de ce navigateur pour aller sur internet. Sous mes yeux l’historique disparaît. Quelques secondes de flottement en me demandant ce qui se passe. En réalité, le navigateur s’est mis à jour en arrière-plan. L’historique trop ancien a donc été effacé selon les paramètres. C’est juste que cette opération s’est effectuée au moment où j’ai consulté. Ouf. Que d’émotions me dis-je. Oui sauf que là apparait en haut de l’historique le chargement de la dernière page au moment où je suis. Et une deuxième ligne apparaît. Elle est en date du 20. 24h après la mort, quelqu’un qui a donc le code de l’appareil a lancé ce même navigateur sans charger une page exactement de la même manière que moi. Je venais d’obtenir une preuve primordiale.

 

Mercredi. Carène m’envoie un message sur whatsapp:  » Coucou Stephan bonjour. Je peux avoir les photos du corps de papounet? » Un peu surpris, mais je n’en suis plus à ça près, je l’invite à contacter la gendarmerie. Elle me répond alors en me faisant la morale sur le fait que je n’ai pas de photo de lui en une longue tirade. Je lui réponds simplement qu’en français on utilise pas le mot corps pour parler d’une personne vivante.

Aujourd’hui, je pense qu’il est temps que je partage un récit datant de l’année dernière et qui prend une toute autre dimension à l’heure actuelle. Jusqu’ici je n’avais pas éprouvé le besoin d’en parler. Au cours de mes recherches des derniers jours, j’ai aperçu que la première apparition de cette fameuse Carène date de l’automne. Pour connaitre précisément la date, il faudrait que j’aille investiguer du coté du réseau social bleu et j’avoue ne pas être enchanté à cette idée. Il est clair que c’est là l’origine du mal. Me concernant, il m’est arrivé que des femmes surgissent de nul part sur ma page et s’y incrustent. La dernière qui a réussi à franchir le mur a profité d’une espèce de malentendu. Depuis 2016, cet accès est donc verrouillé. Je ne me rends plus sur les sites de rencontres, ne fréquente pas de « communauté ». Je n’ai plus vraiment de vie sociale en dehors de quelques amis musulmans. Les interactions avec les femmes en région parisienne sont donc très limitées. C’est encore plus radical dans le Cantal. Je peux passer des semaines entières sans voir personne. La route qui passe devant chez moi n’est pas une route touristique. Ce ne sont que des locaux. Les randonneurs sont très rares. Ma seule fenêtre était donc ce festival d’Aurillac. Et nous savons que cela a fini avec des frères tablighs. Mais la vie est taquine. Un jour je vis Marie débarquer devant chez moi. Dès qu’elle me vit, elle m’aborda. Elle est une femme haute en couleur avec un certain charme malgré son age. Elle semble assez franche dans ses propos et sensibles. Assez vite, je me demande ce qui peut bien la pousser à rester des heures à me parler sur mon terrain. Je ne fais aucun effort pour paraitre au mieux physiquement et je suis bien conscient que j’ai quelque peu perdu de ma superbe ces dernières années. Bien entendu, cela me fait plaisir de discuter avec quelqu’un qui semble m’écouter. Je dirais que c’est plus le sentiment de solitude qui a ouvert une porte mais pas l’attirance. Je ne dis pas qu’elle ne me plaisait pas, bien au contraire. Mais dès le début, je voyais bien que son insistance était artificielle. Je cherchais donc à savoir ce qu’elle voulait vraiment tout en étant bien conscient qu’il s’agissait d’un jeu dangereux. Islamiquement parlant, j’étais totalement conscient de la portée de l’épreuve et que j’allais devoir m’y soumettre. Elle devint donc ma confidente et écouta certaines choses que peu de gens connait. Une certaine intimité était créée. Un jour je l’emmenais faire un tour dans mon C15 acheté quelques jours plus tôt. Nous étions donc début novembre et la date de mon départ approchait. Nous avons mangé dans un restaurant. Elle s’imaginait avoir un certain pouvoir sur moi. Comme une femme peut en avoir sur un homme malgré toutes les divagations que l’on peut entendre ici et là dans notre cher monde moderne. Dernière ligne droite. Elle en est arrivé à entrer chez moi sans frapper. Pourtant malgré tout cela, je lui glissais ma vision religieuse au compte-goutte. Elle se présentait facilement comme rebouteuse. Elle prétendait soigner les gens. Elle se disait croyante mais loin de l’Église. Le discours habituel. Dieu est amour, il ne juge pas. Nous sommes libres de faire ce que l’on veut du moment que c’est par amour. Etc etc etc…
Gentiment mais fermement, je déconstruisais ses dogmes un par un. Malheureusement pour elle, elle ne prêtait pas réellement attention à mes mises en garde. Et voilà que dans la dernière semaine de ma présence dans la grange, elle parvient à s’asseoir à l’intérieur, face à moi. Elle a amené doucement mais surement une situation qui est susceptible de me faire basculer. Elle a compris comment je fonctionne et entend parvenir à ses fins. Je m’assois calmement face à elle. Je sais que tout va se jouer à ce moment précis. Je lui dis alors: Je vois tout ce que tu veux me faire comme bien et tes promesses. Laisse-moi à mon tour faire quelque-chose pour toi. Juste quelques minutes. Si cela ne te plait pas, j’arrête immédiatement.
Elle accepte. Je lui prends alors la main en lui faisant remarquer que la situation n’est pas correcte pour un véritable croyant. Elle n’entend pas. Je lui récite alors les trois dernières sourates du Coran. Elle écoute. Elle semble charmée. Je ne suis pas né de la dernière pluie. Je sais très bien ce que font certains pour tromper les croyants. Ceux qui croient que les démons vont agiter les gens lorsqu’ils récitent, sont eux-mêmes le jouet des enseignements des démons. Mais allez donc leur expliquer, eux qui se pensent immunisés parce qu’ils connaissent le texte par coeur. Elle me sourit donc, bien consciente aussi de ce qui se joue à ce moment là. Et puis voilà que son téléphone se met à sonner sur la table proche de nous deux. Un coup d’œil me renseigne sur son origine: sa propre mère. Elle ne décroche pas et j’achève ma récitation. Je lui dis alors: Toi qui es sensible aux synchronicités et qui dit être croyante. Voilà que la Parole du Créateur récitée entre en résonance avec le présent. Tu as remarqué que j’ai buté sur un mot dans ma récitation. Ce mot est assez dur à prononcer du fait de la succession des consonnes doublées. Je vais te montrer sur mon téléphone ce mot. Il est traduit en dessous comme tu peux le voir. Au moment exact où j’ai prononcé ce mot, le téléphone s’est mis à sonner et c’était ta mère. 

Ce mot est sorcières (celles qui soufflent (sur les noeuds)).

(nous sommes alors dans le verset 4 de la sourate al falaq)

Elle ne peut retenir ses larmes. Elle est décomposée. Je demeure calme. Je sais que je viens de remporter la partie. Lorsque je suis allé voir les voisins de retour en 2024, ils m’ont dit qu’ils ne l’ont pas revue dans les parages depuis cette période.

Jacques, quant à lui, était bien content de se livrer dans les mains et suivre les conseils « médicaux » de celle qu’il appelait affectueusement « ma petite sorcière ».

Ceux qui se pensent justes et  se pensent du coté du Créateur parce qu’ils cochent toutes les bonnes cases, et qui entendent démontrer que celui qui se dresse face à eux n’est qu’un sorcier, et qui pour cela, pour ne pas se salir les mains, vont missionner une sorcière ou une personne dont ils ignorent les pratiques pour parvenir à ses fins,  sont en réalité en train d’endosser le poids des péchés de cet exécutant.
Si il s’avère que nous sommes au jour des comptes et que chaque rencontre est susceptible de provoquer le décret à l’encontre de chacun, alors le sort réservé à ceux-là est le feu. Car le Coran dit:

43.77
Et ils demandent(avec insistance):
O Malik, que ton Seigneur tranche par son décret sur nous (puisque tu affirmes être véridique).
Il (le Seigneur et non Malik) dit:
Certes, vous y êtes pour y demeurer (dans votre position  à ce jour qui résulte du refus de mon Messie).

Jeudi 30. La veille, je voulais trouver les horaires d’un magasin. Je lançais donc mon application de navigation sur mon téléphone secondaire. Lorsque la carte apparaît un mot attire mon attention: Labrunie. Si il s’agit d’un nom courant de hameau dans le coin, je pense immédiatement à Juliette et Joseph de la paroisse. Ce matin, j’ai prévu d’aller Maurs pour y retrouver Benoît et Rose mes boulangers préférés. Alors que je suis sur le point de quitter le centre-ville, je me dis que je vais aller jeter un œil à l’église afin d’avoir des informations à propos de cette flamme des croyants qui se promène dans le coin. Je passe la tête et je vois un petit groupe qui discute. Je parcours la nef afin  de m’y mêler. Un visage familier se tourne alors vers moi: Claire. Nous échangeons sur le sujet de la flamme. C’est alors que Juliette fait son apparition. Aussitôt je suis mis à contribution pour l’aider. Je n’ai pas très bien saisi ce qu’il faut faire alors je précise que je dois passer acheter un truc au supermarché avant de rentrer au village. Elle me dit qu’il y a quelque chose de prévu pour 18h à l’église du village. Rendez-vous est pris. Je retourne voir mes boulangers pour leur prendre un pain pour Juliette. Ils sont sur le point de partir. La voiture est chargée et le moteur tourne. Rose, qui est d’origine ivoirienne et qui a encore un fort accent, me demande alors si j’ai quelqu’un dans ma vie. Je lui parle alors d’Agnès. La discussion dérive rapidement sur la question de la chasteté dans la religion. Elle y est fermement opposée. Je lui réponds que ce n’est pas moi qu’il faut convaincre. Ses yeux brillent plus que de raison tandis que les miens se lèvent vers le ciel. Le temps a été gris toute la matinée et voilà que pendant ces quelques secondes où nous parlons le soleil vient de s’imposer. Je me tais donc et l’écoute.

18h. Nous voilà dans l’église. Je ne peux m’empêcher d’être taquin sur le sujet du rapprochement entre les jeux et la religion. L’ambiance est détendue. C’est alors que Joseph récite un psaume de son choix, le 91. Dès les premiers mots, j’ai le cœur saisi. Voici un extrait qui est utilisé dans les tentations au désert:

Psaumes 91:10 Aucun malheur ne t’arrivera, Aucun fléau n’approchera de ta tente. 11 Car il ordonnera à ses anges De te garder dans toutes tes voies; 12 Ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.

Cette emprise ne va pas me lâcher jusqu’à que nous sortions. Autour de moi la discussion s’anime après la courte cérémonie. Je ne suis là que physiquement. Seule la porte de la sacristie qui s’ouvre et se ferme de manière très curieuse parvient à me faire parler. Il est prévu que la flamme reparte à Maurs pour la messe de 9h. Je déclare forfait.

Vendredi 31. Et dire que jusqu’à présent je pensais que le mois de mai était le meilleur mois de l’année! Celui-ci aura été la pire période de ma vie. Et je suis bien conscient qu’elle n’est pas terminée. J’ai changé d’avis. Je débarque donc avec mon pain à livrer pour prendre la route vers Maurs. Léger retard mais la flamme est bel et bien là. Je lis un passage qui commence par ces mots: ce jour-là. La lecture rapporte ce moment où Jean, paix sur lui, tressaille dans le ventre de sa mère lors de la visitation.

A la mosquée, par contre, je suis vidé. Les heures de sommeil en déficit se font cruellement sentir. Explication rationnelle. Ou bien serait-ce le feu nourri de l’ennemi, acculé, à mon encontre qui a trouvé comme axe principal de nuisance le pompage de mon énergie vitale? Explication irrationnelle.

Pourtant me voilà de nouveau réveillé en cette nuit. Je me résous alors à écrire ce texte. C’est qu’en réalité, en état de demi-sommeil, j’ai eu une sorte de vision. Une vision d’un rat. Je ne me souviens que de la fin. Cette vision aurait pu être oubliée très vite mais j’ai réfléchi. Il se trouve que de vivre dans une grange fait que l’on doit partager l’espace avec tout un tas d’animaux. Si les araignées, qui sont très nombreuses, ne me dérangent pas c’est parce qu’elles me débarrassent des insectes. Ce n’est pas la même chose avec les rongeurs. Je n’apprécie guère être débarrassé de mes céréales. Aussi, j’ai dû prendre des mesures à leur encontre. Malheureusement si les tapettes sont efficaces et garantissent une mort instantanée, la séance d’enlèvement du corps peut s’avérer être une expérience quelque peu morbide. Ce n’est jamais propre. C’est parce je suis habitué à ces images de cadavres de souris en piteux états que cette vision est celle d’un rongeur. Tout ce dont je me souviens c’est de sa mort par étouffement et de l’image de cet animal sur le dos avec ses selles qui sortent. Dieu a voulu m’épargner une vision trop réaliste et s’est servi d’une sorte d’analogie. Pour être précis, dans cette vision, il me semble que ce sont mes mains qui pratiquent cet étouffement. Si on prend cette particularité dans le sens physique, cela peut signifier que pour mieux comprendre, je vis le geste de l’intérieur afin de m’assurer de la cause de la mort. On peut aussi interpréter de manière figurée dans le sens ou cet étouffement serait émotionnel. La pression que j’aurais imposé aurait mené à  une autodestruction selon un processus similaire à celui de ma mère. En l’occurrence, si on penche pour cette solution, elle se serait opéré selon un questionnement initial suivi d’un long silence. Le poids sur la conscience aurait fait le travail. C’est à chacun de trancher. Ensuite je me suis réveillé. Impossible de me rendormir. J’ai donc fini par me mettre à écrire. Il est à présent 3h du matin ce samedi matin. Je vais publier et tenter de dormir une heure avant fajr.

Mardi 4 juin. Dans la prière, mon attention à été portée vers le verset suivant.

Az-Zukhruf 43:30 وَلَمَّا جَآءَهُمُ ٱلْحَقُّ قَالُوا۟ هَٰذَا سِحْرٌ وَإِنَّا بِهِۦ كَٰفِرُونَ

Et quand la Vérité leur vint, ils dirent: «C’est de la magie et nous n’y croyons pas».

Un peu avant 14h, Carène à repris son monologue sur la messagerie. Elle ne croit pas à la mort et lui parle. Elle s’inquiète de savoir si j’ai eu accès au contenu photos et vidéos qu’ils auraient fait ensemble. Ce faisant, elle poste deux vidéos dont la vignette annonce un contenu pas vraiment chrétien.  Je comprends alors qu’elle a renoncé à toute forme de respect. Son potentiel de nuisance est toutefois limité dans la mesure où les vidéos envoyées, que je me suis abstenu de visionner, sont nommées selon la date et que celle-ci comportent la date du 4 juin. Je ne sais pas si il faut rire ou être consterné. Voilà qui éclaire cette demande de photo un peu étrange.

Jeudi 6 juin. En ce jour chargé historiquement, je reviens d’écrire un article intitulé « Brothers in arms ». Ce n’est qu’après l’avoir publié que j’ai réalisé la date d’aujourd’hui. J’ai abandonné toute idée de lutter contre la volonté du Créateur. Il s’agit juste d’adorer et contempler son œuvre. Pour en revenir à nos moutons, j’ai fini par visionner les deux vidéos. Pas de quoi s’alarmer. Rien de probant. Cette femme tente le tout pour le tout et déroule son projet en s’adaptant à la situation en temps réel. Elle est surement dirigée par une personne tierce, voire plusieurs. Je peux résumer en postant une photo qui ne choquera personne et qui est apparue sur la page Maïna.

L’homme n’est clairement pas Jacky. Comme l’on dit actuellement: il n’y a rien qui va. Je ne vais donc  pas m’étendre.
Je tiens à dire, néanmoins, que malgré tous ses défauts, et le peu de crédibilité que l’on peut lui accorder, qu’elle m’a fait part d’une information primordiale dans l’affaire qui nous préoccupe. Je garde cette information pour mes amis, ceux donc il est question dans Brothers in Arms. C’est sur eux que je compte. Aussi, si une personne du camp familial venait à passer par ici, qu’elle sache que je suis près à tout entendre et à tout pardonner. Mais que si quelqu’un détient une information et qu’elle a décidé pour je ne sais quelle raison de ne pas me la communiquer, il faudra en supporte les conséquences. Car il y a aura des conséquences.
Cela ne signifie pas pour autant que je m’innocente de toute responsabilité. Il est clair que ce téléphone et tout ce qu’il contient ont été un formidable séisme pour moi. Mon passé est là. Ineffaçable. Mais la vie future implique de se tourner vers demain. Il faut composer ainsi.
C’est donc une main qui se tend. La rédemption est toujours possible, jusqu’à l’heure où le décret divin tombe. Ce jour là, pas de retour en arrière.

Ce matin ma lecture entrait en résonance.  Voici le début de la sourate:

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

1. Noun. Par la plume et ce qu’ils écrivent!

2. Tu n’es pas, par la grâce de ton Seigneur, un possédé.

3. Et il y aura pour toi certes, une récompense jamais interrompue.

4. Et tu es certes, d’une moralité imminente.

5. Tu verras et ils verront.

6. qui d’entre vous a perdu la raison.

7. C’est ton Seigneur qui connaît mieux ceux qui s’égarent de Son chemin, et il connaît mieux ceux qui suivent la bonne voie.

8. N’obéis pas à ceux qui crient en mensonge,

9. Ils aimeraient bien que tu transiges avec eux afin qu’ils transigent avec toi.

10. Et n’obéis à aucun grand jureur, méprisable,

11. grand diffamateur, grand colporteur de médisance,

12. grand empêcheur du bien, transgresseur, grand pécheur,

13. au coeur dur, et en plus de cela bâtard.

14. Même s’il est doté de richesses et (de nombreux) enfants.

15. Quand Nos versets lui sont récités, il dit: « Des contes d’anciens ».

16. Nous le marquerons sur le museau [nez].

17. Nous les avons éprouvés comme Nous avons éprouvés les propriétaires du verger qui avaient juré d’en faire la récolte au matin,

18. sans dire: « Si Allah le veut »..

19. Une calamité de la part de ton Seigneur tomba dessus pendant qu’ils dormaient,

20. et le matin, ce fut comme si tout avait été rasé.

21. Le [lendemain] matin, ils s’appelèrent les uns les autres:

22. ‹Partez tôt à votre champ si vous voulez le récolter›.

23. Ils allèrent donc, tout en parlent entre eux à vois basse:

24. « Ne laissez aucun pauvre y entrer aujourd’hui ».

25. Ils partirent de bonne heure décidés à user d’avarice [envers les pauvres], convaincus que cela était en leur pouvoir.

26. Puis, quand ils le virent [le jardin], ils dirent: « vraiment, nous avons perdus notre chemin,

27. Ou plutôt nous somme frustrés?.

28. Le plus juste d’entre eux dit: « Ne vous avais-je pas dit: Si seulement vous avez rendu gloire à Allah! »

29. Ils dirent: « Gloire à notre Seigneur! Oui, nous avons été injustes ».

30. Puis ils s’adressèrent les uns aux autres, se faisant des reproches.

31. Ils dirent: « Malheur à nous! Nous avons été des rebelles.

32. Nous souhaitons que notre Seigneur nous le remplace par quelque chose de meilleur. Nous désirons nous rapprocher de notre Seigneur ».

33. Tel fut le châtiment; et le châtiment de l’au-delà est plus grand encore, si seulement ils savaient!

 

Vendredi 7 juin. Je passe la nuit sur Rodez en vue de me rendre à la Jumu’ah. La veille, je m’étais mis en tête d’aller prendre ma douche à la piscine. Mais au moment d’envoyer mon mail, mon téléphone a sonné. Je comprenais alors que le scénario prévu était autre. Ce matin, je me rendais au supermarché voisin pour y trouver mon petit-déjeuner. En sortant, je discute avec un homme qui fait la manche. J’en profite pour lui demander où prendre une douche. Si aucune structure payante n’existe alors allons-y pour cette association. Je me rends sur place et attends mon tour. Un homme m’adresse la parole et me dit qu’il passe après moi. Il me dit alors qu’il m’a vu à la mosquée pour fajr. Son prénom est Olivier/Zeitoun.

Samedi 8. Au réveil, j’ai eu une vision. Des petites taches ressemblant à des gouttes tombées espacées régulièrement au dessus du pare-chocs arrière d’un camion sombre, peut-être un pick-up. Il y en a une dizaine il me semble. Image suivante, je suis sur un chemin de campagne. Un chien apparaît, de taille moyenne. Il court vers moi. Et puis voilà que Jacky apparaît. Il semble faire son footing. Il lève alors la main et l’agite pour me saluer. Fin de la vision.

Dans la matinée, je me décide enfin à inspecter le réseau social du livre des visages. De ce que je vois, la page Maïna voilier n’est pas l’origine de ses rencontres internet. C’est un moyen de communication officiel avec sa famille, ses amis et certaines femmes dont celles dont nous avons parlé au-dessus. Les conversations ne remontent pas assez loin et indiquent que la source origine est ailleurs. Par contre, il est fort possible que cette activité me soit inaccessible car effectuée en privé par navigateur ou liée à une application/site protégée par mot de passe. A l’heure actuelle, je ne sais donc toujours pas quand où et comment il les a rencontrées virtuellement. A savoir qu’à cette source seront trouvées inévitablement d’autres femmes avec lesquelles ce n’est pas allé plus loin et dont on trouve quelques vestiges, notamment sur WA où l’on peut voir une conversation « par dépit » avec une métropolitaine. Le profil de la tunisienne est très classique et indique une femme d’un certain age, installée dans la vie et qui partage ses gouts sur le réseau comme beaucoup de sa tranche d’age. La page de la camerounaise est moins conventionnelle. Je ne sais pas si elle accessible telle que je peux la consulter. Le nom de la page apparait dans la photo postée au-dessus. L’orthographe étant très particulière, elle ne peut être confondue. Je ne vais pas étaler des copies d’écran. Je vais me contenter de faire un résumé à l’aide de point notables. Elle passe plusieurs annonces à différentes dates pour des véhicules 4×4. Nous sommes donc loin de l’africaine de base qui survit. La dame a un certain train de vie de grande ville, avec les vêtements qui vont avec. A un moment, elle commente son séjour au village et décrit une vie dure qu’elle ne veut certainement pas vivre. Son activité principale semble être sur le réseau chinois de formats courts. Cette page en recopie les contenus. Elle s’y expose sans pudeur, dans des poses suggestives. C’est d’ailleurs  la première publication  qui apparait sur sa page lorsque j’y rentre. Sa tenue et son attitude face à la caméra n’indique en rien une femme en deuil de l’homme de sa vie. Bien au contraire. Elle poste des photos de ses trois enfants. Elle révèle en 2020, qu’elle a 38 ans. Étant donné le contexte, on peut se dire qu’elle ment sur son age. Nous sommes donc bien loin des 28 ans qui s’affiche sur la carte d’identité qui a servi à établir le certificat d’hébergement. Si elle est effectivement en France en ce moment, ce qui parait douteux, elle aurait donc obtenu le visa sous une fausse identité. Fin mars 2020, elle annonce être enceinte. Le 22 avril, elle annonce « s’être amusée comme jamais » après avoir énormément pleuré la veille. Nous déduisons qu’elle vient de se faire avorter. Je vous passe les commentaires à l’annonce de la grossesse qui en disent long sur la clairvoyance de son auditoire. A vrai dire sa vie dissolue apparait au grand jour. N’importe qui, qui aurait eu connaissance du nom de la page, aurait la même réaction de dégout. Il est clair que Jacky savait très bien à qui il avait à faire. Nous ne sommes pas dans l’ambiance bobo/ écolo/ sarouel/nous sommes tous égaux. Mais d’avantage dans le vulgaire/argent facile/apparence/face hideuse du mondialisme. Pour finir, je vais poster une image qui résume tout et qui vient répondre à ma question concernant un nom de page qui avait attiré mon attention. Il s’agit de la source de ses revenus. Nous comprenons alors que cette page est une vitrine commerciale pour vendre des prestations. Cela s’adresse non pas aux hommes blancs mais bien aux femmes noires.

Jour neuf:

Conques

Lundi 10. Brothers in Arms qui se prolonge avec la chute du rejeton de l’oiseau de proie.

Vendredi 14. Rédaction de Lionne sur base d’un article conservé en privé depuis la période des Gilets jaunes. Jumu’ah à Aurillac. La tension s’installe. Un homme craque dans l’assemblée. Cela ne dure que quelques secondes, mais je vois bien que plus le temps avance plus les choses deviennent claires. En me mettant à la place des gens, je peux très bien imaginer qu’il sont dans le déni de ce qui se passe tant qu’il ne l’ont pas expérimenté dans leur chair. Les mots ne sont qu’une rumeur, et ce d’autant que cela ne s’adresse qu’à une partie de l’assemblée. De mon point de vue, cela devient très compliqué. Face aux regards effrayés de certains, aux questions que l’on me pose. Tout est subtil, impalpable. J’ai l’impression d’être   »grillé » dans toutes les mosquées où je me rends. La situation va commencer à devenir difficile à gérer. Je n’ose plus appeler certaines personnes de peur de leur mettre trop de pression. Mon voisin le plus proche baille. C’est un vieux musulman. Il en a vu d’autres. Cela pousse dans mon cœur constamment. Mais rien qui ne soit décisif. La prière arrive. Dans la première raka, l’imam peut difficilement cacher son appréhension. Sa voix change radicalement dans la deuxième. Il est plus assuré. Salam aleykoum. Voilà, c’est fini. Chacun va rentrer chez soi. Ce n’était qu’une Jumu’ah comme les autres. Seulement voilà, au bout de quelques secondes, le feu du ciel s’abat sur l’assemblée. Il aura fallu attendre tout ce temps. Tout ce temps d’incertitude. A ce moment là, je ne me pose plus de questions. Combien sont-ils? Non. Je me tords de douleur. Je brûle de l’intérieur, les mains accrochées à  mon pakol. Un long moment s’écoule avant que je ne parvienne à sortir. Le cerveau vide. Je démarre comme un automate. Je me glisse dans la circulation. Environ 15 mn plus tard, mon nez se rebouche comme à l’accoutumée. Je pose mon pakol sur le siège passager. La pluie se met à tomber. Ça y est, j’amorce ma descente vers le monde d’ici-bas. Pour combien de temps encore?

18h. Si ce qui m’arrive dans les lieux de culte peut paraître ingérable, cela n’est rien par rapport à ce qui se passe lorsque je suis tout seul. Ce cri qui s’échappe de ma bouche ne peut exister que là. Mais pour combien de temps encore?

Que Dieu ait pitié de nous. Amen.

Le jeune des 9 jours s’achève. J’ai passé une partie de la matinée au téléphone avec Adrien-Nourdine. Ce sera là mon Arafat 2024. Je me réveille à 1h26. Le chat apparait alors et se pose sur le lit alors que je passe la nuit à réciter la fin du Coran à une allure beaucoup plus lente qu’à l’ordinaire. 4h30 passé, fajr. Je décolle vers 5H45, direction Aurillac. Arrivée 6h30. L’Aïd débute à 7h30. Rien de particulier à rapporter. Je reste dans la salle pour saluer. Pour montrer que je ne suis pas un ours ou quelqu’un qui se prendrait pour une divinité. Je pense que de ne pas avoir vécu de montée ce matin avait pour but qu’il me soit plus aisé de me mêler à la foule à ce moment là. 8h30, je choisis d’enchainer avec la messe. Je traverse donc la ville. Je suis plutôt étonné de la ferveur qui règne dans ce lieu de culte bien qu’il soit rempli essentiellement de têtes blanches. Petite montée qui me permet de sortir de manière sereine mais qui ne peut effacer le brouillard qui m’envahit depuis quelques temps. Bien sur, je mets cela sur le compte de la fatigue, puisqu’à ce moment là, je suis reveillé depuis déjà 8h. Mais nous savons bien que la fatigue n’est pas  la véritable cause. C’est pourtant l’explication que je fournis à la dame qui m’a abordé à la sortie de la messe. Elle me propose de dormir dans un lit plutôt que dans ma voiture. Il faut dire qu’il ne fait pas très beau ce matin là. Un peu surpris, mais dans un tel état, que j’accepte volontiers. De toute façon, je sais très bien que ces rencontres et interactions n’ont pas à être contrées. Sauf si je ressens un danger immédiat, pour mon âme ou mon corps. La dame monte dans le C15 et nous voilà parti. Juste avant, elle m’a présenté son mari, qui n’avait pas l’air très réjoui de me voir. Après m’avoir brièvement fait faire le tour de la maison, elle me présente la chambre et me fait venir à la fenêtre pour y observer les alentours. « Ici, nous sommes sur la colline… » C’est alors que me revient en tête cette fameuse phrase qui n’a cessé de me venir ces derniers jours: « la colline a des yeux ». Je lui explique ce Signe. A ce moment là, j’explique qu’il s’agit d’un vieux western. Je confonds avec un autre titre. Pourtant obsédé par ce titre, je n’avais pas pris la peine de savoir à quoi il faisait référence.

En réalité, je n’ai que très peu dormi. Je n’avais pas d’autre choix que de me vider. Dans la mesure où je ne devais pas trop faire de bruit, cela prenait d’autant plus de temps. Je réapparaissais donc après avoir fait la prière de dohr. Nous discutons dans le salon. La conversation s’écarte lentement mais surement. A un moment, je parle de Hubert Selby, et surtout de Requiem for a dream, le film qui est tiré de son livre. Le personnage principal est en réalité la vieille femme. Si elle déplore l’addiction à la drogue de son fils, elle sombre elle-même dans une sorte d’addiction à la télévision, qui serait en réalité la conséquence de son adhésion au monde de mensonge de la société de consommation moderne. De cela découle son addiction à des médicaments prescrits par un docteur officiel et son obsession de minceur qui est la cause initiale de la prise de ceux-ci. Elle aspire à gagner le gros lot et à vivre une vie de luxe. Le film décrit sa longue descente en enfer. Je vais comprendre par la suite que si ce film m’est venu en tête, ce n’est pas un hasard. Mais vous avez bien compris que si j’en parle ici, c’est qu’il s’agit d’une clef de compréhension. Bien vite la conversation va coincer. La dame n’a que le mot liberté en bouche, certainement pour marquer une opposition de légitimité vis-à-vis de l’Islam, mais une liberté dont elle définit elle-même les contours, ou plutôt ceux à qui elle a choisi de se soumettre. Et qu’elle défend bec et ongles. Elle souhaite un temps mort, c’est à dire qu’elle souhaite poursuivre le combat, car il s’agit bien là d’un combat, mais requiert une pause. Bien conscient de ce qui se joue, j’accepte. Je vais me reposer dans la nature à quelques kilomètres. Je reviens pour le diner. Là encore, cela coince très vite. Elle est hostile aux Gilets jaunes, à la contestation de manière générale. Il faut se soumettre à l’autorité, à la fois l’autorité de la république et l’autorité religieuse. Il faut se confirmer à ce qui est dit à la télévision. Tout ce qui est dit. Je suis catalogué comme un insoumis. J’ai beau expliquer que c’est ma soumission au Créateur qui me fait me rebeller à ceux qui l’ont désavoué, je ne suis pas entendu, ou pas cru. Je vais fermement contesté la vénération rendue aux saints récents de l’autorité catholique. Notamment ce jeune italien adolescent mort de maladie. La notion de sainteté n’est pas une chose à prendre à la légère. Se défausser en affirmant que ces vénérations ne sont pas obligatoires est selon moi de l’hypocrisie. D’ailleurs, je n’ai guère apprécié voir des reliques de saints proches de l’autel dans ma paroisse à Rueil. Je vois là au contraire, une injonction à se conformer à l’autorité. Ainsi je n’aurais pas compris le coeur des évangiles, c’est à dire le motif de condamnation à la crucifixion. Car c’est bien là. Elle pröne le chef d’inculpation de « fils de Dieu ». Après coup, je me suis dit que c’était là la dernière fois qu’un chrétien argumentait sur ce point et me clouait au silence. En effet, le titre de « fils de Dieu » dans la parabole des Vignerons, car c’est bien là que la bascule s’opère y compris dans sa compréhension altérée, désigne l’héritier de l’autorité divine. Fils de David, paix sur lui, constitue d’ors et déjà une réclamation à l’autorité. Mais celle-ci peut être réduite à une simple dimension temporelle. Tandis que l’appellation « fils de Dieu » circoncrit cette autorité au spirituel, ce qui est le point de divergence majeur entre juifs et chrétiens. Ce n’est certes pas cette divergence entre la compréhension du rôle de Messie entre partisans  du spirituel/temporel d’une part et purement spirituel d’autre part qui justifie la condamnation. C’est clairement la légitimité de chaque camp qui va précipiter la conclusion et la capacité de nuisance des uns qui va achever le processus. Bien sur, nous comprenons bien que la capacité de nuisance du Messie se joue sur le long terme et que c’est lui qui va remporter la partie.
L’histoire est composée de cycles identiques.
Je passe la nuit là. La prière est un véritable combat. Mais cela commence à devenir la norme en ce moment. Le lendemain matin, elle m’acueille avec le sourire et en me regardant dans les yeux. Elle s’imagine être prête à en découdre. Quelque temps s’écoule avant qu’elle n’explose de colère. Il faut que je m’en aille me demande-t-elle. Soit. Je suis resté calme. Je finis mon petit-déjeuner et me dirige aux toilettes. Elle m’intercepte alors dans le couloir. Sa crise de colère l’a visiblement fait cogiter. Elle tente de s’excuser/justifier. Cela ne fonctionne pas vraiment. Elle veut reprendre le combat. Soit. Qu’à cela ne tienne. Si telle est sa décision. Elle ne parvient pas à garder son calme. Je dois partir sans délai. Ses derniers mots sont: « Rendez-vous au Paradis. »
InchAllah dis-je d’une voix basse.
C’était:

Requiem pour un rêve.

Le lendemain, dernier jour d’Aïd, je passe la journée sur le toit de l’Auvergne, le Puy Sancy. Cette fois, le temps est degagé, au contraire de ma dernière visite. Il est clair qu’il était resté à l’époque comme un sentiment de frustration. Sur le chemin, je repère un rocher impressionant. Sous un certain angle, on peut y voir un Juste appuyé sur son bâton de marche qui contemple le monde depuis les hauteurs.