samedi 23 novembre 2024

Ce p’tit feu, il va incendier le monde…

Dernières modifications le 13 novembre 2019·18 minutes de lecture

couverture: la main jaune de Chatellerault en feu le 16/12/18.

Comme un mercredi

Je pourrais débuter cet article en prétendant que je laisse filer les heures depuis 19h30. Depuis cet instant où j’ai réalisé que le moment était venu car ce mercredi en rappelle un autre. Mais c’est qu’en réalité ce ne sont pas des heures qui se sont écoulés mais des mois entiers. Il me faut revenir en plein coeur de l’hiver 2019, en plein coeur du mouvement des Gilets jaunes. A dire vrai, sa rédaction est simplifié, car il ne s’agit que de la transcription d’un échange par mail. Alors plutôt que de faire revenir dans ma mémoire sélective des bribes du passé, je n’ai qu’à copier le texte que j’écrivais à chaud. Bien sur, je vais ôter certaines parties et faire quelques modifications. Tout cela agrémenté de photos fort à propos.

(Le 20 janvier – le tuyau: sortie de l’acte I de D1st1 dont le moment fort est “ … est comme une allumette: il est à deux doigts de craquer!”)

Le 20 janvier – 17h18 Cher monsieur, (…)

Le 21 janvier – 16h43
Chère madame,

Tout d’abord, de rien. Tout vient d’Allah. Voilà ce que je devais caler en premier par devoir. Ceci étant dit, je trouve cela extrêmement étrange de m’adresser à vous en vous vouvoyant. C’est assez logique au fond, dans le sens où je tutoie les gens proches et que c’est souvent la règle parmi le peuple. Mais qu’importe après tout et puis ce message que vous m’avez envoyé était emprunt d’une si grande distance que je ne vais pas prendre l’initiative. Un semblant de reste de conventions sociales enfoui en moi. Et en même temps, ce message contenait une forte contradiction. Vous en connaissez déjà l’essentiel. Le reste, c’est de la décoration.

A vrai dire, je crois qu’en la matière, nous sommes logés à la même enseigne. Je n’en sais pas beaucoup plus sur moi-même. Comment dire cela? De façon simple. Eh bien tout le processus a commencé un dimanche, à la prière du soir. C’était le 30 décembre. Je me remettais doucement de ma journée de l’acte 7. J’avais visionné le dernier cours du rav Avraham Ifrah. A un moment, il était question de se nettoyer de tous ses péchés. C’est arrivé physiquement pendant la prière. Mes démons ont commencé à sortir par le front alors que j’étais en prosternation. Oh, ce n’était pas un processus inconnu. J’avais déjà vécu des moments de la sorte. La sensation est juste horrible. C’est comme si le cerveau était écrasé pendant toute la sortie. Plus le démon est gros, plus la douleur est importante. Parfois certains refusent de sortir. Ils se secouent dans tous les sens. Et ma tête bouge violemment. Alors bien sur, je ne vais pas raconter cela sur Facebook. Pourquoi je le fais ici? C’est ainsi. Alors cela dure une heure environ et ça me laisse littéralement vide d’énergie. Heureusement, lorsque je recouvre ma vitalité, je peux ressentir un mieux-être spirituel non négligeable.

Là où cela a différé avec « l’habitude », c’est qu’à partir de ce dimanche soir, le processus s’est répété à chaque prière. Pendant deux semaines, environ, je passais trois heures par jour à cela. Depuis une semaine, c’est plus espacé. J’ai vraiment l’impression d’être différent. Je le sens bien dans mon comportement avec les autres. C’est comme si je me débarrassais un à un de tous les maux qui m’ont accablés depuis ma naissance physique.

D’ailleurs, juste après avoir fait le don, j’ai eu droit à une séance vraiment rude. Cela peut expliquer pourquoi j’avais mis autant de réticence à le faire jusqu’ici. J’étais comme verrouillé. Cette curieuse impression qu’Allah débloque des fonctionnalités en moi. C’est fascinant.
J’ai l’impression de sortir d’un cauchemar qui a duré 45 ans.
Alors oui, j’ai l’impression d’être quelqu’un d’autre. Ou plutôt d’être simplement moi.

Alors pourquoi, pourquoi tout ça?


Eh bien, depuis Hannoucca, je brûle des bougies à la nuit tombée. Tous les soirs. A part le samedi bien sur. De suivre les rabbins surement. Et quand tu as mis cette image de toi avec la bougie. Je peux te le jurer, je n’y ai même pas prêté attention. Tes délires un peu sombres, je fais abstraction. J’ai déjà les miens, ils me suffisent amplement. Comme tout le monde j’imagine, je te préfère lumineuse. Bref.
Alors le mardi suivant matin (le 15 janvier), je me suis réveillé tôt. Ou plutôt c’est le Patron qui m’a réveillé tôt. J’ai mis le tube. Il y avait un polémiste de la dissidence. Ca change des rabbins. Pas le même vocabulaire, pas la même gouaille. Il ne faut pas en abuser mais il ne faut pas le négliger non plus. J’ai du l’admettre en l’écoutant ce matin. Ce mec, il a du coeur.

Mais ma nature reprend le dessus. Vers 6h, j’ai voulu redevenir sérieux. Alors je me suis levé et j’ai lancé rav Ifrah. En réalité, je venais de lancer la même vidéo que celle du 30 décembre: « sortir de l’esclavage. » Il l’avait juste remise en ligne ce jour là. L’intro passe. Il commence à causer. Dans le pâté, je sors une allumette pour allumer la bougie. Crac. Une deuxième. Crac. Sauf que cette fois, le bout soufré est venu se loger dans mon oeil au moment exact où le souffre s’est enflammé. J’ai eu bien plus peur que de mal. Un choc terrible. Mon Dieu, quel Signe. La flamme. L’oeil droit. Là-dessus, le wifi se coupe et la vidéo se fige.

L’allumette enflammée du 15 (ce sera beaucoup moins joli les jours suivants)

Quelques heures plus tard, je raconte ma mésaventure dans un post FB. Un homme intervient. Il a lancé la vidéo. Il m’invite à regarder à partir de 4 mn15. Ce que je fais. Et là j’entend le rabbin dire ces mots: Quelques heures plus tard, je raconte ma mésaventure dans un post FB. Un homme intervient. Il a lancé la vidéo. Il m’invite à regarder à partir de 4 mn15. Ce que je fais. Et là j’entend le rabbin dire ces mots: ”Comme Rabbenou il a dit: “Mon p’tit feu, il va brûler jusqu’à la venue du Machiah.” ” Au même moment, il se met le doigt dans l’oeil droit. Je suis estomaqué. (Plus tard je découvre que la panne de wifi qui a duré plusieurs heures, a coupé la vidéo quelques secondes après ce passage)
EH0kJSh3sJg?t=233

Mais je n’avais toujours pas réalisé. Ce n’est que bien des heures plus tard. Je suis repassé sur ta page. Depuis plusieurs jours déjà, cette bougie, cet oeil gauche, cette ambiance sombre (alors que j’avais mis une photo de mon oeil en pleine lumière sur ma page)
Je me dis non. C’est mon inverse. Je n’ai rien à voir avec elle.

La photo affichée à partir du 12 janvier (floutée bien sur)

En réalité, j’étais acculé. J’allais devoir casquer.
Oui, je m’en sors toujours d’une pirouette. (…)

Ce mail était donc une réponse à celui qu’elle m’avait envoyé la veille pour me remercier de mon don du 18 janvier. Au bout de trois ans d’incertitude, de revirements, de passages par toutes les phases de l’émotion sans aucun échange réel et direct, je venais tout simplement de répondre à sa requête la plus terre à terre et provoquer une interaction. Son premier mail était très froid et distant, ce n’était pas l’actrice qui me parlait mais bien le personnage confectionné pour le public. Quant à moi, je m’exprime de manière naturelle.

Le 22 janv 16h46L’ami (…)
Son second mail est du même acabit. Elle est passé de monsieur à “l’ami”. Mais elle n’est pas sorti de son personnage. Elle “déplore” de ne pas m’avoir écrit en tant que croyant. Voici ma réponse:

Le 23 janvier – 17h46

“La mie

Je sais que c’est époustouflant. Mais cela n’a rien à voir avec moi. Ou plutôt à mes dépends. Si j’avais progressé par moi-même, j’aurais pu m’en débarrasser avant. Tout sort d’un coup pour une question de calendrier. Le temps s’accélère. C’est d’autant plus dur qu’autour de moi, quasi tout le monde est dans le déni. Enfin, c’est ce qu’il semble. Bon maintenant j’ai appris à ne plus passer pour un fou. Mais je fais des rechutes. Je pars dans des monologues où je balance tout. Quand je comprends que je suis allé trop loin, c’est trop tard. Un silence gêné se fait. En face, on cherche une solution alternative. Parce que c’est comme ça. Parce qu’ils ne peuvent pas endosser ça.

Est-ce que j’ai eu le choix? Combien de fois ai-je voulu revenir en arrière. Tout arrêter. Tout oublier. Même moi je me l’interdisais au fond. Toujours seul dans ces moments là.

Alors oui, forcément, quand j’avais quelqu’un sous la main, je partais dans des monologues. Je parle de 2012, bien sur. Comment peut-on gérer un truc pareil?

Alors, je suis revenu vers M. Ben oui, M. En plus avec son prénom, comment en aurait-il pu être autrement?
Je peux bien raconter tout ce que je veux au dehors. Mener des actions caritatives. Incarner la sagesse en restant calme dans les pires moments. Oui, tout ça, j’y arrive. Je fais illusion. Mais entre quatre murs avec une femme, tout cela ça s’effondre. Il ne reste rien.

Elle m’a laminé. Personne au monde à ce moment là ne pouvait être plus à l’écoute mais aussi plus potentiellement destructeur qu’elle. Avec le recul, je ne peux évidemment pas en lui en vouloir. Mais sur le moment, c’était juste insupportable. La seule conclusion qui pouvait s’imposer c’est que tout ce qui m’était venu en tête, était juste la folie. De Dieu, il ne pouvait être question.
Cette distance hallucinante avec la piété.
Ce que tu décris là. Ce n’est pas moi. Je ne suis pas ce prieur à la bougie, ce saint, ce droit. Je suis là, c’est tout. Je suis un esclave d’Allah.

L’année 2012 a été une longue descente aux enfers. Le cauchemar éveillé parfois avec elle. Toute cette colère en moi, qui est sorti d’un coup. C’était juste horrible. C’était contre elle. Je ne sais pas comment elle a fait pour gérer ça et comment elle a pu faire pour accepter de me revoir après. Et moi, qu’est-ce que j’ai trouvé de mieux à faire? La tromper avec la première qui passe. J’étais loin, loin.
En réalité, je sais bien ce que tout le monde attend de moi. Si j’en juge par la situation, il semblerait que je sois en bonne voie.

C’est la théorie.

Je ne sais pas quoi te dire. En lisant ton mail, j’ai voulu être incisif, te faire des reproches. Par miracle, je me suis abstenu. Ben oui, je comprends bien cette distance. Comme dirait rav Ron Chaya, une grande âme, c’est une fusée. Et quand la fusée part dans une mauvaise direction, ça fait du dégât. Il vaut mieux s’en tenir à distance.
Voilà ce que j’ai fait. Voilà mon oeuvre. Ah ben bravo.
Et puis bravo le mail. Vraiment, il donne envie d’y répondre. On voit que je suis au taquet de l’optimisme et de la joie. Quel vieil escroc que je suis. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. La joie, la joie. Je dois bien avoir un échantillon sur moi. J’ai réussi à me faire rire. Allez, va, tout n’est pas perdu. Bon, je vais pas faire un roman. On va essayer de faire un tennis. Je renvoie la balle. Tu fais bien comme tu veux. De toute façon, je ne gère rien. Comme dirait l’autre, paix dans votre chaumière ma bonne dame. A la revoyure.”

Acte XI – 26 janvier

L’un des meneurs le plus populaire du mouvement est à la Bastille, en train de réaliser un live. Soudain, un éclair apparaît au milieu de l’image. Une grenade explose juste avant le tir de LBD. La seconde d’après la caméra tombe au sol. L’homme vient d’être touché à l’oeil droit. Il y a beaucoup de sang. L’image est choquante. A dessein. Il s’agit bien là de marquer les esprits. Le narratif se déroule sous nos yeux. Les images vont faire le tour du monde. L’homme vient de tomber en martyr. Il est à même d’incarner une sorte d’icone profane propre à asseoir sa position de meneur pour un temps futur.

Un long silence de plusieurs semaines. Un long silence gêné, peut-être? Et puis elle réapparaît. Elle ne fait aucune mention de ce qui a précédé. Elle se contente de me demander de lui prêter une forte somme. Voici ma réponse.

Le 13 février – 13h08

J’ai l’impression d’être Shéhérazade. Le conte des mille et un euros. J’attendais d’avoir une réponse pour poursuivre mon histoire. Je m’attendais à un peu plus d’interactivité pour être honnête. L’interactivité, le maître-mot des réseaux sociaux. Toutefois, j’imagine que derrière cette prose froide et impersonnelle se cache un petit cœur qui bat. Enfin je crois. Initialement, je voulais prolonger mon dernier mail dans une suite dans la soirée. Mais j’ai préféré attendre la réponse. 3 semaines sont passées. Qu’est-ce que 3 semaines dans tout ça? Pas grand chose.

23 janvier, 17h46. Je viens d’appuyer sur le bouton envoyer. J’ai quelques minutes de retard pour la prière. Mais je ne suis pas trop stressé. Il faut dire que la prière du matin a été spécialement rude. Cette fois, au moment où les djinns sortaient j’avais des visions d’animaux. Il me semble que la première vision était celle d’une araignée. Il y a une sourate qui porte ce nom. C’est une chose de lire une sourate. C’en est une autre que de sentir qu’une araignée vous sort du visage. Pendant une heure comme ça. J’étais lessivé. Serpillé. Même si j’étais sur la moquette à ce moment là. Je voulais en parler dans ce mail. Et puis j’ai oublié. Parce que je me suis dit que ça s’inscrivait dans la période variable. Ce jour là, une coïncidence.

Seulement voilà, quelques minutes plus tard, un peu avant 18h donc, ce mercredi là, voilà que ça repart de plus belle. Ah oui, avant d’aller plus loin, je tiens à signaler une chose primordiale: lorsque j’ai achevé l’écriture de ce fameux article sur « Il était une fois dans l’ouest », je me suis relu comme à mon habitude (oui je me relis même si on en a pas forcément l’impression) et là, il y a eu comme un mouvement brusque à l’intérieur de moi alors que j’en lisais la conclusion. J’ai compris que j’avais touché au but. La dernière fois que cela avait bougé en moi comme ça c’était 3 jours après ma conversion. Le coup de l’harmonica, visiblement à l’intérieur, ça ne kiffait pas du tout. Autant dire que derrière la prière a été sportive. Donc oui, il y avait bien un démon à combattre dans l’opération. Reprenons. Me voilà dans la lignée du matin. Je reprends mon souffle, et ce n’est pas une expression, et mes esprits. Il est presque 19h. L’heure d’aller à la messe. (ce n’est pas moi qui fait ces horaires curieux)

Comme à mon habitude, je me suis mis en retrait. Au fond, à gauche. Position parfaite, car lorsque je m’agenouille, je disparais derrière le pilier. Je peux néanmoins voir une partie des fidèles et suivre la liturgie. De toute façon, c’est un peu toujours pareil et comme je ne chante pas, à vrai dire, peu importe. Entré un peu secoué, je me sentais assez sensible à ce qui se passait dans l’église. Rien d’hallucinant, mais tout de même, on peut clairement faire la différence avec les moments où l’on est un peu trop ici-bas. Et puis est arrivé le moment de l’eucharistie. Me voilà 3 semaines plus tard et je dois parler de ça. Mon Dieu.

Je me suis mis à vibrer. C’est à la fois horrible et fascinant. A la fois terrifié d’être observé comme une bête de foire et contraint à garder la tête baissée et ne pas voir les gens autour. Voilà pourquoi je me mets au fond à présent. Sauf que cette fois là, c’était tellement violent que je me suis mis à geindre et à respirer fort. Les minutes passaient et plus je vibrais. Ça ne semblait plus s’arrêter. Et puis voilà que vient la délivrance: « Prions » dit le prêtre. Je m’écroule sur le coté. Hors d’haleine. Il va falloir se relever. Il va falloir sortir de là. Il va falloir reprendre ma vie normale. Enfin, quelque chose qui ressemble à ça. Mon coeur bouillonne. Il brûle. Jusqu’ici j’avais vécu des chocs, j’avais vibré. J’avais ressenti une chaleur au coeur. Mais rien de ce que je venais de vivre.

Me voilà debout. Le prêtre ne fait semblant de rien, là, à quelques mètres de là. Ce n’est pas possible que personne n’ait rien remarqué. Il s’adresse alors à un homme âgé parmi les fidèles (ils sont environ une vingtaine):
« Voilà quatre mois que l’on ne vous avez pas vu. Bon retour parmi nous René! »

René. Il venait de dire René. Comme ça, là, avec un seul mot, il venait de m’achever. J’étais K.O. debout. Je titube vers la porte. Me retrouve dans l’air frais du soir. Paumé. Je ne sais plus où aller. Je voudrais en parler à la terre entière. Mais comment les gens pourraient entendre ça? Je marche sur la place de l’église. Je m’écroule sur un banc. Une femme présente à l’église passe non loin de moi. Elle aussi fait semblant de rien. Je le vois bien. Qu’est-ce que je vais faire avec tout ça? Alors voilà. Je n’en ai rien dit sur Facebook. Rien dit à qui que ce soit.
J’attendais juste ce mail.

Il faut bien comprendre que j’ai du mal à me projeter dans les autres. Leurs doutes. Tout me parait si évident. Enfin, pas tant que ça. Au fond, tout ce que j’ai vécu jusque là, tout ça j’aurais pu l’inventer. Mon imagination débordante. Il fallait que je lâche prise. C’est ça la foi. Lacher prise devant Allah. Seulement voilà, il y a quelqu’un entre les deux. Et là, tout se complique. Je me dis parfois, je préfère encore avoir affaire à la ldj, aux antifas, à des djihadistes, plutôt qu’à devoir me sortir les tripes avec cette gonzesse. Au moins avec eux, il y a toujours un moyen de s’en sortir.

Il est l’heure de la prière. Le Patron passe avant tout.
Je vais cliquer sur envoyer sans relire. Rebelle.
Je te souhaite la paix avant tout. La paix du cœur. Voilà.”

C’était un mercredi. Un mercredi soir comme tous les autres. Comme je n’envisageais pas de raconter cela sur mon FB, alors cet “échange” de mail avait été un prétexte. Evidemment, elle n’a pas répondu. C’est devenu très dur après cela de continuer ma vie comme si de rien n’était. A l’église, que ce soit le mercredi ou tout autre jour, cela ne changeait rien. Il fallait bien que je me mette en tête que normalement, il ne se passe pas des choses comme celles-là. Alors tant pis. Même si ce n’est pas extraordinaire, il faut persévérer. Se rendre régulièrement dans les lieux de culte. Et comme je ne pouvais pas rester chez moi alors je suis parti. A chaque fois que je suis revenu, je n’avais qu’une idée en tête: repartir. Et nous voilà maintenant. Nous sommes mi-novembre, le froid s’est installé. La routine aussi. En me rendant à l’église ce soir, sans grande motivation, je repense à ce soir de janvier. Il est vrai que j’ai ressenti des choses au coeur en récitant le Coran quelques minutes auparavant. Je prends ma place au fond à gauche. Et puis voilà que le moment de l’eucharistie arrive. Le bourdonnement s’installe. Je me mets à vibrer doucement.

Et voilà. Nous y sommes. Je n’ai pas envie. Je ne veux pas parler. Mais je n’ai pas le choix. Cette journée du 13 novembre, elle appartient avant tout à tous ceux qui ont souffert et qui souffrent encore de ce qui s’est passé il y a 4 ans.

Là tout au bout, il y a la flamme.

Une semaine plus tard: 20 novembre
Ce mercredi, rien à signaler, ainsi que les autres jours. Par contre, samedi soir, puisque je ne pouvais me rendre à la manifestation, j’ai participé à la messe avancée de 18h30. Le ressenti fut bien plus puissant que mercredi dernier et me laissa sur une sorte de nuage. Ce qui pourrait expliquer cette temporalité c’est l’événement qui s’est produit dans l’après-midi à la place d’Italie. En effet, un authentique Gilet jaune a été éborgné. Ce n’est pas une première, mais ce qui fait sa particularité est que cela s’est produit durant un live. La vidéo a donc largement circulé. J’avoue n’avoir pas eu le courage de regarder les images. En parcourant les commentaires je suis tombé sur une image tirée de la vidéo montrant le projectile suivi d’une gerbe d’étincelle.