mardi 3 décembre 2024

C’était: Entre les murs

Dernières modifications le 15 octobre 2019·6 minutes de lecture

La Vie est faite de cycles. Ainsi est composée la Révélation. Depuis quelques années, une nouvelle théorie en matière d’exégèse a fait timidement son apparition: la rhétorique sémitique. Avant d’écrire un article spécifique sur le sujet, goûtons à ces effets sur le temps présent.

Il y a de cela quelques mois, je rédigeais un article intitulé “Entre les murs”, en lien avec ma visite à Mur de Bretagne, la ville de mes origines familiales. Je comprenais alors que nous étions dans une période très particulière où le temps suspend son cours et où tout se décide. Je concluais sur le fait que j’avais aucune idée de la durée de cette période. Lorsque je pris la décision de partir plein ouest, je n’avais aucune intention en ce sens. Il fallait seulement que je retourne là-bas. C’était ainsi. Une recherche sur Leboncoin me confortait dans mon choix. De toute la France, le seul objet disponible était sur ma route à quelques dizaines de kilomètres. Mais ce n’était pas assez important pour en déduire quelque chose au-delà.

En 2017, lorsque j’aménageais mon camion, je choisissais parmi des cagettes en carton, celles qui me paraissaient convenables pour mon utilisation, c’est à dire en excellent état, et de couleur unie avec le minimum d’inscription. Je me retrouvais avec deux noires et deux arborant la marque Conquet (d’un domaine agricole de la Drôme).

Combien de fois ai-je eu ce mot sous les yeux? Evidemment il y avait une sorte de sentiment positif lié à ce mot, mais rien de plus. Pas de quoi y voir un signe clair. Aussi, lorsqu’un an plus tard, je débusquais de nouvelles cagettes plus sobres, je n’étais pas mécontent. Ces cagettes provenant du rayon fruits et légumes d’un magasin discount étaient ornées de deux étoiles. Nous étions alors le 13 juillet 2018. En observant le résultat dans mon camion, je compris alors ce qui allait se passer. Deux jours plus tard, la France obtenait sa deuxième étoile. Mais je n’ai rien dit à personne de cela, je n’aime pas trop l’idée de prédire le futur.

Retour en 2019. Plein ouest. Nous voilà dimanche. J’ai trouvé amusant de me rendre dans la maison de Dieu (où le culte est rendu régulièrement) le plus à l’ouest du pays. Le climat est breton. Certains pourraient être tentés de dire qu’il change au gré des humeurs de notre Créateur. Rien de particulier concernant cette office. Ensuite, je décide d’aller de l’autre côté de l’estuaire pour me remplir du panorama en dehors de la ville. L’heure de la prière arrive. Voici l’écran de mon téléphone:

Ce n’est qu’à ce moment là, en voyant le nom de la ville s’afficher sur l’appli, que ce mot inscrit sur les cagettes resurgit dans ma mémoire. Conquet. Je comprends que je ne suis pas là par hasard. Mais quel peut bien être la portée de ce fait? Je ne peux m’empêcher de m’amuser en me répétant plusieurs fois: “Je suis à l’ouest”. Durant la prière, je lis une partie de la sourate al An’am. Tout à coup, une brûlure se fait sentir dans ma gorge. Au fur et à mesure que les mots défilent, elle se fait de plus en plus présent. Je la reconnais. Je sais comment cela finit. Une larme coule sur ma joue. Voici le verset concerné:
124. Et lorsqu’une preuve leur vient, ils disent: «Jamais nous ne croirons tant que nous n’aurons pas reçu un don semblable à celui qui a été donné aux messagers d’Allah». Allah sait mieux où placer Son message.

Puis je chemine vers le bout de la presqu’île. Le ciel est dégagé. Enfin! Un avion traverse le ciel et laisse une traînée persistante. Une image s’impose dans mon esprit. Je me déplace alors afin de la réaliser:

C’est comme si le ciel pointait vers ce clocher. Ce clocher du bout du bout.

Décembre 2011. Pendant quelques temps, je fus tiré du sommeil par mon ordinateur qui sortait de veille tous les matins vers 5h. Je croyais alors à un virus. Ensuite, ayant pris le rythme, c’est à ce moment de la nuit que des tas d’idées me venaient en tête. Au bout de plusieurs jours, le besoin impérieux de rédiger des textes se fit sentir. Jusque là, je n’avais jamais réussi à me mettre à écrire. Mon Facebook ne contenait que des photos. Devant chez moi, je trouvais un fauteuil. Puis, quelques jours plus tard, la structure d’une table à hauteur variable. Je confectionnais un plateau à l’aide d’une palette. Il ne me restait plus qu’à m’installer et écrire. Ce sont bien l’apparition de ces quelques objets qui ont provoqué le premier trouble et éveillé la première lueur de ma foi. Ce n’était pas grand chose, mais cela avait suffit à m’ébranler. Cette histoire, je l’ai déjà raconté ici-même, et il m’arrive de la raconter de vive voix assez souvent lorsque l’on me demande comment je suis venu à l’Islam. Aussi, lorsque je reconnu la table dans le salon d’un de ceux que j’étais venu visiter en Bretagne alors que je ne l’avais jamais vu ailleurs, je fus particulièrement troublé. Quelques heures plus tôt, j’abordais le sujet de la rhétorique sémitique et du principe des phrases en miroir: la fin est semblable au début. Voilà que j’ai un indice clair que la période actuelle est en miroir de la période de l’hiver 2012.

En 7 ans, je n’avais jamais vu cette table ailleurs

2016. “Je n’aime pas trop la couleur.” me dit-il en m’offrant un coupe-vent sorti de son armoire. Il est rouge. Voilà bien une couleur lourde de signification. Par contre, le fait que la marque soit Aigle, ne me parle pas plus que cela.

Retour à Mur. Un dernier dimanche pointe son nez. Cette fois, je vais pouvoir assister à l’office à l’église. Il pleut. Je porte mon coupe-vent Aigle rouge. En entrant je suis frappé par tous ces cheveux gris. Je me place un peu en retrait. Malgré cela, un groupe de trois personnes vient à côté de moi. La dame juste à coté de moi est appelée vers l’autel puis revient aussitôt. Son nom m’interpelle. C’est d’autant plus troublant que lorsque le prêtre énumère les personnes décédées de la semaine, il répète le même nom. Je comprends alors que ma voisine est la veuve d’un homme qui porte le même prénom. René et Renée Lavenant. Au moment où j’ai réalisé, quelque chose me disait qu’il ne s’agissait pas seulement d’un patronyme indiquant quelqu’un d’agréable. Vérification faite, l’étymologie signifie aussi “nouveau venu”. C’est à ce moment là que je remarquais l’aigle sur le coté de l’autel.

Je quitte la ville. Je repars en direction de Paris. Toutes ces boucles complétées. Il me faut me rendre à l’évidence: si je quitte Mur, c’est parce que quelque chose se boucle aussi.

C’était: Entre les murs.

Mur amnésique traumatique

(Lien retiré: cherchez par vous-mêmes)