1 pierre 10 coups

Ce vendredi, j’ai pris un chemin inhabituel en rentrant de la Jumu’ah. Un autocollant oublié là depuis bien des années venait répondre à des questionnements.

Poursuivons notre périple dans les écritures amorcé le 2 février. Cet article est, lui aussi, issu d’un encart dans le précédent. Je pensais que quelques lignes suffiraient, mais la pelote de laine a explosé d’un seul coup. Plutôt que d’amorcer depuis le point de départ de la réflexion, je vais plutôt vous exposer le fruit de ma compréhension dans l’ordre chronologique de la Révélation. Une frise sera surement nécessaire en guise de résumé à la fin.

1 Sam 11.8 Saül en fit la revue à Bézek; les enfants d’Israël étaient trois cent mille, et les hommes de Juda trente mille.

Ce verset est le premier où l’on peut voir qu’Israël et Juda sont mentionnés cote-à-cote.  Constatons que nous sommes avant le ministère des rois David et Salomon, paix sur eux. La scission politique rapportée ultérieurement est une construction. Rappelons au passage que la capitale de Juda n’est pas encore aux mains des croyants. Elle ne le sera que plus tard sous le règne de David, paix sur lui. Ce qui signifie que cette cité est resté païenne durant les 200 premières années de la petite nation. Païenne, cela signifie pas de palais royal et encore moins de Temple. Maintenant, nous nous rendons sous le règne de David, paix sur lui. A cette époque, les batailles avec les royaumes sont régulières. La fonction de chef de l’armée est donc extrêmement prestigieuse. Celui qui endosse cette fonction est Yoab (en hébreu : יואב), qui signifie quelque chose comme Dieu est (mon) Père. il est présent aux cotés de David, paix sur lui, pour le mener au pouvoir. Il serait donc né vers –1020. Il mène l’armée du peuple élu à la victoire de nombreuses fois. Mais si il est un militaire combattif et courageux, il est aussi impétueux et impitoyable. Selon moi, l’épisode qui va sceller son destin se trouve ici:

2 Sam 18.14 Yoabdit: «Je ne vais pas perdre mon temps avec toi!» Puis il prit en main trois javelots et les enfonça dans le cœur d’A. alors que celui-ci était encore bien vivant au milieu du térébinthe.
15 Dix jeunes gens qui portaient les armes de Yoab entourèrent A. et le frappèrent à mort.

L’homme qu’il vient d’exécuter est un fils de David, paix sur lui. Il avait fomenté un complot pour accéder au pouvoir, mais le roi souhaitait l’épargner, certainement afin qu’il se réforme. Yoab ne l’entendait pas de cette oreille et voulait en faire un exemple. Étant donné que l’homme est mort en état d’impiété et de rébellion à l’égard d’un prophète, il est mort injuste. Comme cette exécution se place dans un cadre militaire, elle ne peut donc être considérée comme un péché contre Yoab. Mais on peut tout de même déplorer un manque de miséricorde. Le fait est que le roi a pleuré de cette mort.

1 Rois 11.14 L’Éternel fit surgir un adversaire pour Salomon: H., l’Edomite, membre de la famille royale d’Edom. 15 Lorsque David avait combattu contre Edom, Yoab, le chef de l’armée, était monté pour enterrer les Israélites morts et il avait tué tous les Edomites de sexe masculin. 16 Il était resté 6 mois en Edom avec tout Israël, jusqu’à ce qu’il en ait éliminé tous les hommes. 17 H. avait alors pris la fuite avec des serviteurs édomites de son père et s’était rendu en Égypte. Il était encore un tout jeune garçon.

Nous apprenons ici, dans un encart situé dans un passage postérieur, que Yoab est nommé gouverneur d’Edom qui a été annexé par la couronne d’Israël. Le roi s’est enfuit en Égypte. Lorsqu’il est dit que tous les hommes d’Edom sont morts, il s’agit surement d’une exagération. Il faut lire ici que tous les hommes qui menaçaient la stabilité politique de la vassalisation du royaume ont été neutralisés d’une manière ou d’une autre. Maintenant nous rentrons dans la polémique. La suite des événements nous est contée différemment dans les Rois et les Chroniques. Les accusations d’immoralité portée à l’encontre de David, paix sur lui, n’ont aucun fondement. Je pense ici notamment au célèbre passage de la femme du militaire envoyé sur le front qui serait évoqué dans le Psaume 51. Salomon, paix sur lui, entre dans la ville sur une mule/âne.

1 Rois 1.32 Le roi David dit ensuite: «Appelez-moi le prêtre Tsadok, le prophète Nathan et Benaja, le fils de Jehojada.» Et ils entrèrent dans la présence du roi. 33 Le roi leur dit: «Prenez avec vous les serviteurs de votre seigneur, faites monter mon fils Salomon sur ma mule et faites-le descendre à Guihon. 34 Là, le prêtre Tsadok et le prophète Nathan le consacreront par onction comme roi sur Israël. Vous sonnerez de la trompette et vous direz: ‘Vive le roi Salomon!’ 35 Vous remonterez en marchant derrière lui. Il viendra s’asseoir sur mon trône et il régnera à ma place. C’est lui que j’ai chargé d’être le chef d’Israël et de Juda.»

Ensuite, nous aurions un complot fomenté par un autre fils de David, paix sur lui. Si nous prêtons attention aux mentions du 22 dans les écritures, nous ne sommes pas les seuls, car voici un verset clef:

1 Rois 2.22 Le roi Salomon répondit à sa mère: «Pourquoi demandes-tu Abishag, la Sunamite, pour Adonija? Demande donc la royauté pour lui, puisqu’il est mon frère aîné! Demande-la pour lui, pour le prêtre Abiathar et pour Yoab, le fils de Tseruja!»

Le verset réunit ainsi dans un même sac tous ceux que les scribes ont voulu compromettre. Nous avons vu dans un article précédent, que ces prêtres, qui se revendiquent de la lignée de Tsadoq, ont menti et ont inclu Abiathar alors que celui-ci est surement déjà mort à ce moment là, ainsi que nous le rapporte les évangiles. https://www.stephanpain.com/2025/01/03/un-temps-pour-tout/ Le livre des Chroniques, quant à lui, mentionne Yoab une dernière fois ici:

1 Ch 27.34 Jehojada, fils de Benaja, et Abiathar succédèrent à Achitophel. Yoab était le chef de l’armée du roi.

Il disparait du récit à ce moment là, tandis que dans le livre des Rois, il a un funeste destin pour avoir comploté. Selon mon hypothèse, Yoab retourne en Edom, à Pétra, pour reprendre ses fonctions de roi vassal d’Israël. Il prend sa retraite de la vie militaire mais ne renonce pas au commandement. Il est riche et respecté en Edom. Sa renommée sur le champ de bataille est reconnu bien au delà des frontières d’Israël et d’Edom. Nous sommes alors vers -970. Il mène une vie paisible durant 40 ans. Cela nous amène à la mort du roi Salomon, paix sur lui. Nous n’allons pas traiter tout de suite de la polémique autour de l’accusation d’idolâtrie portée à son égard, et qui aurait été à l’origine de la séparation du royaume. Selon mon hypothèse, dans ses dernières années, Salomon, paix sur lui, a été missionné par le Créateur pour ériger des hauts-lieux en territoire étranger. Il ne s’agit nullement de pratiquer des cultes à des divinités étrangères, mais bien à étendre le réseau des lieux de culte d’Israël. On peut imaginer que dans le même temps, le commerce se soit étendu ainsi que les relations diplomatiques. Nous devons aussi comprendre que cela n’a pas été vu d’un très bon oeil par certains conservateurs. Je pense notamment à une certaine partie de la classe sacerdotale. Ceux qui ont rédigés ce que nous lisons sont les héritiers de ceux-là. Le plus choquant fut certainement le haut-lieu établi en Edom. Une classe sacerdotale a donc été créée afin d’y servir. Un jeune homme, nommé Élihu (אֱלִיהוּא ‘Ĕlīhū’ , ‘mon Dieu est Lui’), est envoyé par Dieu lui-même ou bien par Salomon, paix sur lui, afin d’y être formé. Il serait né vers –945.  Certains, ne voulant pas se soumettre au prophète en ministère, ont refusé cela. A tel point que le fait n’est même pas rapporté dans les textes. Nous sommes donc arrivé en 930. Salomon, paix sur lui, meurt.

La bénédiction sur Israël est levée pour un temps: le royaume se déchire. C’est à ce moment là que Yoab voit sa vie tourner au cauchemar. 

Si vous êtes érudit, vous avez déjà compris qui est Yoab. Il ne serait autre que celui qui est nommé Job, paix sur lui, par les chrétiens, mais dont le nom biblique est en réalité Iyyob, dans le Coran, Ayyoub. Iyyob, אִיּוֹב  Īyyōb, commence par un alef et non par un yod. Selon toute vraisemblance, ce choix curieux de translitteration est la conséquence du choix porté d’avoir affirmé qu’il était le Jobab, roi d’Edom, de la Genèse. Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, Iyyob, paix sur lui, n’est pas un personnage contemporain des Patriarches, mais bien un homme de l’age de bronze. https://www.stephanpain.com/2025/03/05/un-jour-sans-fin/ Dans ce même article, en voulant le situer temporellement, nous le rapprochions de Moïse et David, paix sur eux. Eh bien, comme nous le constatons, c’est un peu un mélange des deux, dans le sens où son ministère ressemble étonnament à celui du premier, tout en ayant cotoyé le deuxième. Iyyob, paix sur lui, a connu trois période de vie, tout comme Moïse, paix sur lui. La première en tant que chef de l’armée de David, paix sur lui. La deuxième en tant que roi vassal d’Edom. La troisième en tant que prophète. Son changement de nom de Yoab à Iyyob, se fait en décalant le alef.

אִיּוֹב ⇔יואב

Le sens va de « Dieu est Père » à « le Persécuté ». Ce changement de nom correspond à son succés dans l’épreuve et à l’accession à son statut de prophète. Les changements de nom par modification d’une lettre sont courants dans la Bible: Abram, Abraham; Hosée, Josué. Les trois personnages qui interviennent dans le récit du livre, Bildad , Éliphaz et Tsophar , sont des gens nobles, voire des rois, des pays alentours, qui connaissaient la renommée  de l’ancien militaire et ont entendu parler de sa déchéance. Nous n’allons pas reprendre tout le livre, bien entendu. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises pour autant. Ce personnage, Elihu, qui disparait curieusement à la fin du chapitre 37, alors qu’il n’est mentionné nul part ailleurs, et qui parait bien sage pour son age, voici un indice qui permet de comprendre qui il est. Car, en effet, au moment où Elihu se tait, l’Eternel apparait et enseigne directement Iyyob, le désormais prophète:

Ma 3:1 Voici, j’enverrai mon messager; Il préparera le chemin devant moi.
4.5 Voici, je vous enverrai Éliyah, le prophète, Avant que le jour de l’Éternel arrive, Ce jour grand et redoutable.
Mt 17:10 Les disciples lui firent cette question: Pourquoi donc les scribes disent-ils qu’Elie doit venir premièrement?
Mt 11.13 Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean;
14 et, si vous voulez le comprendre, c’est lui qui est l’Eliyah qui devait venir.

Au premier abord, on pourrait croire que l’auteur cité par les évangiles est un authentique prophète. D’ailleurs cette prophétie est tellement connue que les disciples font référence aux scribes. C’est qu’en réalité, l’auteur de ce livre fait comme les scribes et les rédacteurs des évangiles, tout en sachant qui est Elihu dans le livre de Job contrairement à eux, et a déduit du texte du livre de Job, paix sur lui,  que ce dernier était une préfiguration du Messie. Ce n’est donc pas une prophétie mais une astuce qu’il se garde bien de dévoiler, afin de légitimer le reste de ses propos. En effet, les premiers versets condamnent fermement Edom.

אֵלִיָּהו ⇔ אֱלִיהוּא

Le mot Hou, Lui/Il, a perdu son alef, et il est devenu Yah, le nom de l’Eternel. Par la sagesse qu’il a démontré face à l’épreuve de Iyyob, paix sur lui, Eliyah ( plus connu sous Elie), paix sur lui, est devenu prophète. Son départ précipité du texte est à l’image de tous les départs qu’il fit durant son ministère. A tel point qu’un des conseillers du roi craint pour sa vie alors qu’il est mandaté pour le convoquer à la cour (1 Rois 18,1-17). Même la fin de son ministère consiste en une disparition. Enfin, un indice vient conforter cette interprétation: le fait que les biens de Iyyob, paix sur lui, lui soit rendu au double nous rappelle la passation entre Elie et Elisée, paix sur eux, puisque le disciple reçoit deux fois l’esprit du maitre. Une fois tout cela mis bout à bout, on peut légitimement se demander si la grotte des prophètes qui sert d’école pour les disciples ne serait pas située à Pétra. Le mont sacré dont il serait question serait alors tout simplement le mont Séir.

Tout cela n’a pas pour but de situer temporellement le prophète Job, paix sur lui. L’enjeu fondamental est l’enseignement qui est au coeur du Livre. La souffrance par les épreuves. Le Créateur a pour volonté de purifier les âmes par le feu de l’épreuve. Les épreuves sont à la hauteur de l’élévation spirituelle. Cette enseignement majeur de la Bible s’oppose radicalement à une vision centrée sur la simple rétribution. Comme nous pouvons le constater, l’épreuve de Job, paix sur lui, et l’épreuve de la séparation d’Israël en deux royaumes, qui est le point de départ de sa déchéance, sont corrélées. Les scribes, écartant cet enseignement, ont tenté de reconstruire un corpus en incorporant le fait que Salomon, paix sur lui, parmi d’autres, auraient fauté. Le Livre de Job constitue donc une véritable pierre d’achoppement. Cet article sert avant tout à le replacer dans sa temporalité d’ouverture aux nations et de rédemption par la souffrance, qui sont deux éléments fondamentaux de préfiguration de la période messianique.

Qu 38.41. Et rappelle-toi Job, Notre serviteur, lorsqu’il appela son Seigneur : « Le diable m’a infligé détresse et souffrance ».
Jb 1.9 Le Satan répliqua au Seigneur et dit: « Est-ce donc gratuitement que Job craint Dieu?

38.42. Frappe [la terre] de ton pied : voici une eau fraîche pour te laver et voici de quoi boire.
Ex 17.6 Voici, je me tiendrai devant toi sur le rocher d’Horeb; tu frapperas le rocher, et il en sortira de l’eau, et le peuple boira. Et Moïse fit ainsi, aux yeux des anciens d’Israël.

43. Et Nous lui rendîmes sa famille et la fîmes deux fois plus nombreuse, comme une miséricorde de Notre part et comme un rappel pour les gens doués d’intelligence.
2 Rois 2.9 Lorsqu’ils eurent passé, Élie dit à Élisée: Demande ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je sois enlevé d’avec toi. Élisée répondit: Qu’il y ait sur moi, je te prie, une double portion de ton esprit!

44. « Et prends dans ta main un faisceau de brindilles, puis frappe avec cela . Et ne viole pas ton serment ». Oui, Nous l’avons trouvé vraiment endurant. Quel bon serviteur! Sans cesse il se repentait.

Que la paix soit sur Iyyob, sur Eliyah, sur les  prophètes et sur les Justes.

 

 

Notes

Pour plus d’informations sur Edom, les ‘Ads, les Thamud, et la lignée prophétique en Edom, rendez-vous dans l’article précédent: Un Jour sans fin.

https://en.wikipedia.org/wiki/Job_(biblical_figure)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joab
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89dom
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lie
https://en.wikipedia.org/wiki/Elihu_(biblical_figure)
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lis%C3%A9e
https://www.lueur.org/bible/strong/yowbab-h3103