Genèse 2.23
Et l’homme dit : Voici cette fois celle qui est os (‘Etsem) de mes os et chair de ma chair!
On l’appellera femme, parce qu’elle a été prise de l’homme.
24 C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère,
et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.
Utilisation: Le mot hébreu « ‘etsem » désigne principalement « l’os », le composant structurel du corps. Il est utilisé au sens propre comme au sens figuré dans la Bible hébraïque. Littéralement, il désigne les os physiques des humains et des animaux. Métaphoriquement, il peut signifier la force, l’essence ou la substance même de quelque chose, reflétant l’idée d’éléments fondamentaux ou essentiels.
Contexte culturel et historique: Dans la culture hébraïque antique, les os étaient considérés comme le noyau de la force physique et de la vitalité. Ils étaient également associés à la vie et à la mort, car les os étaient souvent la dernière partie restante d’un corps après la mort, symbolisant l’endurance et la continuité. La préservation des os était importante dans les pratiques funéraires, reflétant les croyances sur l’au-delà et la résurrection.
https://biblehub.com/hebrew/6106.htm
Tomber sur un os
Le mot Os est un terme biblique chargé de sens. Il peut être traduit par substance. Nous commençons à percevoir dans quelle direction l’enquête d’aujourd’hui va nous mener. Dans les derniers articles, nous établissions l’intégralité de la préfiguration des récits du tandem Ismaël-Joseph, paix sur eux, pour le tandem Jean-Jésus, paix sur eux, aussi transposable sur les temps actuels. Pour faire ce travail, il fallait se servir essentiellement du Livre de la Genèse, du Coran et des évangiles synoptiques. L’absent notable est donc le quatrième évangile selon les conclusions sur le travail porté dessus pendant ces dernières années. Cependant, il me semblait que l’on pouvait également poursuivre la démarche, mais cette fois à l’envers. Je m’explique. Généralement, nous nous tournons vers ce texte avant tout pour en déceler les failles, et en déduire les concepts polythéistes introduits, afin de mieux reconnaitre leurs effets sur la foi moderne. Il y a quelques temps, l’analyse était faite autour du coup de lance qui provoque l’expulsion de sang et d’eau. https://www.stephanpain.com/2024/03/30/de-sang-et-deau/
La conclusion orientait vers le sang et l’eau comme symboles de la naissance, ou plutôt de la renaissance d’un culte ancien égyptien lié à la résurrection. Cette renaissance était justifiée par la volonté d’accomplir la mutation d’une déesse semi-animal, en une déesse pleinement « humaine ». Une des conséquences non désirée par les auteurs est l’émergence d’une religion alternative dans les milieux militaires romains qui fit concurrence au christianisme pendant de nombreux siècles avant de disparaitre.
Il faut bien comprendre que la compréhension des écritures est déjà un travail complexe. Vouloir également comprendre de nouvelles traditions émergentes polythéistes construites à partir d’éléments pris à la Révélation et à diverses traditions païennes peut s’avérer un véritable casse-tête. Pour la simple et bonne raison que ces introductions ne sont uniquement liées à des traditions établies et documentées, mais peuvent aussi être une traduction spirituelle de luttes de pouvoir temporelles dont l’histoire ne retient pas forcément les traces. Il est donc illusoire de parvenir à tout comprendre d’un livre aussi disparate que le quatrième évangile. Surtout qu’il faut bien comprendre qu’il ne marche pas tout seul, et que certaines clefs textuelles de compréhension ne sont pas accessibles. C’est le principe même de la gnose. Néanmoins, comme l’introduction le présente, nous allons nous intéresser au concept du terme Os dans le quatrième évangile. Car lorsque l’on remplit les cases, nous constatons que ses rédacteurs ont placé un passage très particulier à un moment décisif:
4E 19.31 Dans la crainte que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, -car c’était la préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour, -les Juifs demandèrent à Pilate qu’on rompît les jambes aux crucifiés, et qu’on les enlevât. 32 Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes au premier, puis à l’autre qui avait été crucifié avec lui. 33 S’étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes; 34 mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l’eau.
35 Celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai; et il sait qu’il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.
36 Ces choses sont arrivées, afin que l’Écriture fût accomplie: Aucun de ses os ne sera brisé.
37 Et ailleurs l’Écriture dit encore: Ils verront celui qu’ils ont percé.
38 Après cela, d’Arimathée, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate la permission de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et prit le corps de Jésus.
Nous sommes à l’instant même où le Messie vient de rendre l’âme. Dans le tableau, c’est l’instant exact du Jour du Jugement. Tout l’évangile dirige vers la Passion, et la Passion dirige vers cet instant crucial où tout bascule. Dans les synoptiques, le moment exact de la mort correspond à une même phrase:
Mc 15.38/Mt 27.51/Lc 23.45 Le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas.
Cela indique un changement d’Alliance.
Remarque: Je fais ici une parenthèse pour distinguer Luc des deux autres évangiles. En effet, dans Mc et Mt, le voile se déchire immédiatement après la mort du Messie. Dans Luc, le soleil se voile (thème de la lumière), le voile se déchire puis une phrase est prononcée:
23.46 Jésus s’écria d’une voix forte: Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et, en disant ces paroles, il expira.
L’Esprit vient donc s’intercaler entre les deux éléments. Il s’agirait ici d’opérer une connexion avec le livre des Actes (du même auteur) dont le début relate la descente de l’Esprit sur les apôtres. Nous pourrions dire que nous sommes dans une théologie tournée vers les Gentils avec le Temple, qui sert de base à la Torah, placé dans le passé et dans la théologie de Mc/Mt, le ministère messianique s’inscrirait dans un passage d’un coté à l’autre du voile du Temple, donc de la Torah et s’adresserait aux disciples de la communauté de Jacques et des apôtres. Mais le centenier est le personnage qui apparait en premier dans les trois cas: l’opposition ne se situe donc pas sur la question de l’ouverture aux nations mais bien uniquement sur la question de la Loi. On retrouve un écho de cette opposition théologique dans ce passage exclusif à Luc, qui peut servir de base à une interprétation de la fin de l’histoire plutot qu’à une continuité et à une réforme de la communauté des croyants:
20.35 mais ceux qui seront trouvés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts ne prendront ni femmes ni maris.
Certaines traductions utilisent le terme « monde à venir » qui est beaucoup plus fidèle à l’esprit du texte. La théologie dualiste de Marcion peut être comprise comme une réinterprétation radicalisée d’une théologie finaliste telle qu’elle est présente de manière embryonnaire dans Luc et qui va se révéler pleinement dans les Actes. C’est la mutation d’une fin de l’histoire en une fin de l’histoire d’Israel.
Ce changement n’existe pas dans cet évangile. Voilà pourquoi il faut accorder une importance énorme à tout ce qui est dit ici. Rien n’est laissé au hasard. La théologie classique explique simplement que les jambes sont rompues pour provoquer la mort en quelques minutes. Cette demande aurait été formulée pour des questions d’entrée dans le Sabbat. Nous n’allons pas nous contenter de cette réponse classique et investiguer plus loin.
Percé police
Analyse du verset 37:
37 Et ailleurs l’Écriture dit encore: Ils verront celui qu’ils ont percé.
Le quatrième évangile prétend citer les écritures (Za 12.10). Mais la citation est inexacte.
וְהִבִּיטוּ אֵלַי, אֵת אֲשֶׁר-דָּקָרוּ: Ve-hibitu elay et asher-dakaru
Traduction littérale : « Et ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont transpercé. »
- Qui peut se traduire par » et ils porteront les regards vers moi à cause de celui qui aura été percé de leurs coups » qui distingue le narrateur (Dieu) et la créature (celui) dans la traduction rabbinique en introduisant une part d’explication théologique surement en réaction aux chrétiens.
- ou bien « Et ils regarderont vers moi, (qui est) celui qu’ils ont transpercé. » qui confond les deux personnes selon la compréhension chrétienne.
- Voici une version alernative: ailleurs dans l’écriture, nous trouvons un verset qui utilise une structure similaire, il s’agit de :
Es 41.22 Qu’ils les produisent donc et qu’ils nous exposent ce qui doit arriver! …
וְיַגִּידוּ לָנוּ, אֵת אֲשֶׁר תִּקְרֶינָה : Ve-yagidu lanu, et asher tikrenah
Il y a une action tournée ‘vers nous’ (lanu) équivalent pluriel de ‘vers moi’ (elay) dont le complément est « ce qui » suivi de son verbe.
Si nous transposons dans Za cela donnerait donc que celui qui est amené à porter son regard est Dieu: « Et ils me feront porter le regard sur celui qu’ils ont transpercé » Cela signifie que Dieu prendra miséricorde pour le sujet des souffrances par les invocations. Cela ne signifie donc pas qu’il puisse y avoir un signe à observer. Cette traduction semble incorrecte grammaticalement pour le verbe nabat (regarder) car la forme hifil de נָבַט (le verbe est indiqué dans l’analyse biblique comme à la forme hifil) est interprétée de manière intensifiée ou délibérée (« ils regarderont vers moi »), ce qui, selon le contexte, suggère un regard d’introspection ou de repentance. Cette utilisation peut effectivement être vue comme une exception dans le sens causatif strict du verbe hifil, c’est à dire signifiant « faire regarder ». ( verbe « Yarad » Descendre, décliner, aller vers le bas, (Qal) descendre (Hifil) faire descendre)
- Autre solution: les deux personnes sont distinctes mais l’action néfaste portée sur l’homme qui représente Dieu a pour conséquence l’ordre de se repentir et de tourner son regard vers Dieu. C’est le concept « Dieu et son Prophète ». Tout prophète incarne l’action de Dieu sur terre et non Dieu lui-même.
- elay pourrait se lire comme « à cause de moi ». Nous aurions alors: « Et ils regarderont à cause de moi vers celui qu’ils ont transpercé. » Mais cette interprétation est marginale dans la Bible.
- Version de la Septante: καὶ ἐπιβλέψονται πρός με ἀνθ ὧν κατωρχήσαντο : et ils tourneront les yeux vers moi, parce qu’ils m’auront insulté; et ils se lamenteront sur le peuple, comme sur un enfant bien-aimé .
La figure prophétique disparait au profit du peuple. L’action néfaste est tournée vers Dieu, mais ce n’est plus une action physique.
Il y a bien une dimension messianique dans ce texte, mais elle est d’orientation temporelle judéenne et absolument pas chrétienne universaliste. Je ne suis pas favorable au concordisme décontextualisé.
Si la volonté de l’auteur était d’étoffer sa théologie afin de légitimer sa parole en se démarquant des autres évangiles, puisqu’il a fait le choix de ne pas rapporter l’introduction du Psaume 22, en lui préférant l’établissement forcé d’un lien « fraternel » entre Uzayr et le Messie, il n’a fait que démontrer la nature réelle de ses inspirations en déformant la citation d’une écriture dont il forçait le sens initial. Il s’agissait évidemment de renforcer la divinité du Messie ainsi que son « unicité filiale » puisque le terme « fils unique » est utilisé dans la suite du verset: Ils pleureront sur lui comme on pleure sur un fils unique. voir https://www.stephanpain.com/2023/04/06/cinq-gens-du-doigt/
Cependant quelques versets au dessus, nous avons: 12.8 En ce jour-là, l’Éternel protégera les habitants de … qui est incompatible avec la malédiction sur la cité capitale de Judée.
Dans le chapitre suivant, nous avons un verset plutôt choquant:
13.3 Si quelqu’un prophétise encore, Son père et sa mère, qui l’ont engendré, lui diront : Tu ne vivras pas, car tu dis des mensonges au nom de l’Éternel ! Et son père et sa mère, qui l’ont engendré, le transperceront Quand il prophétisera.
Cela indique que le percement, dans le contexte, est lié à des armes du type couteau. L’ensemble me fait douter quelque peu de la nature de ces écritures. Toujours est-il que cette précision ferait plutôt pencher vers la solution « Dieu et son Prophète », qui est un thème central dans le Coran, équivalent de « Dieu et son fils » débarrassé de sa dimension polythéiste de filiation divine au profit d’une filiation par l’Esprit. Mais je pencherais d’avantage pour ma version alternative.
Psaume
Le verset 19.36 renvoie à des références bibliques. La première est lié aux prescriptions de la Pâque, la deuxième à un Psaume relativement classique et pas remarquable en lui-même. Commençons par le Psaume 34:
19 Le malheur atteint souvent le juste, Mais l’Éternel l’en délivre toujours.
20 Il garde tous ses os, Aucun d’eux n’est brisé.
Les chrétiens, dans leur palette d’éléments préfigurateurs, ont pour habitude de citer ce passage. Mais uniquement le verset 20. En effet, contextualiser ne serait-ce qu’avec le verset précédent et la préfiguration ne tient pas la route. Il est question du ou des Justes et de leur lien avec le Créateur. Le verset affirme qu’il n’arrivera rien au Juste. Il est donc relativement hasardeux de se servir de ce verset pour le rattacher avec une figure souffrante, encore d’avantage avec celle d’un crucifié. C’est exactement le sens inverse. On ne peut pas se contenter d’isoler quelques versets et de développer une théologie dessus. Le Psaume n’a rien de messianique. Il s’en trouvera toujours pour faire dire au texte ce que l’on veut. En livrant des interprétations spiritualistes, n’importe quel livre de la Bible peut servir. Si on ne peut pas déduire de la préservation des jambes que le crucifié est un Juste grâce au Psaume, on ne peut pas en déduire non plus la volonté des Juifs de prouver qu’il est un injuste en obtenant que ses os soient brisées. La malédiction de la croix prend le pas sur ce point. Ce n’est certainement pas la volonté de l’auteur.
Pessa’h
Ceci étant dit, passons à autre chose et rentrons dans le vif du sujet:
Ex 12.41 Et ce fut au bout de quatre cent trente ans, précisément le même jour, que toutes les milices du Seigneur sortirent du pays d’Égypte.
42 Cette nuit sera célébrée en l’honneur de l’Éternel, parce qu’il les fit sortir du pays d’Égypte; cette nuit sera célébrée en l’honneur de l’Éternel par tous les enfants d’Israël et par leurs descendants.
Les hébreux sortent d’Égypte. Mais ils ressortent une deuxième fois:
43 L’Éternel dit à Moïse et à Aaron : Voici une ordonnance au sujet de la Pâque : Aucun étranger n’en mangera. 44 Tu circonciras tout esclave acquis à prix d’argent; alors il en mangera. 45 L’habitant et le mercenaire n’en mangeront point. 46 On ne la mangera que dans la maison; vous n’emporterez point de chair hors de la maison, et vous ne briserez aucun os. 47 Toute l’assemblée d’Israël fera la Pâque. 48 Si un étranger en séjour chez toi veut faire la Pâque de l’Éternel, tout mâle de sa maison devra être circoncis; alors il s’approchera pour la faire, et il sera comme l’indigène; mais aucun incirconcis n’en mangera. 49 La même loi existera pour l’indigène comme pour l’étranger en séjour au milieu de vous.
Exil
Cette ordonnance de préservation des os est consécutive à l’ingestion de la chair. Les os sont donc mis à nu. Cette image me renvoie immédiatement aux tours du silence de la religion zoroastrienne. Pour rappel, les adeptes de cette religion ne pratiquaient pas l’inhumation mais plaçaient les corps des défunts sur le sommet de tours rondes. Les corps étaient mangés par des oiseaux de proie ou pourrissaient sous l’action des éléments. Ensuite, lorsqu’il ne restait que les os, ceux-ci étaient déplacés généralement dans une fosse centrale pour les gens normaux et éventuellement dans des boites pour les gens remarquables. Elle demeure une pratique méconnue et combattue, retenons qu’il fallait faire place nette pour les corps à venir. Lors de l’exil, les Juifs ont notamment été grandement influencés par cette religion, et plus particulièrement sur la question de la vie après la mort et le Jugement. Comme l’on peut s’en douter, le rite mortuaire est étroitement lié à ces questions essentielles. Si bien, que l’on peut clairement se demander si le rite funéraire zoroastrien n’a pas été introduit d’une certaine manière dans le rite juif. Dans la Bible, il existe de nombreux passages qui se répètent et qui servent de base de réflexion pour les rabbins afin de développer des concepts théologiques. L’un des plus connus et dont nous avons déjà traité, et la répétition de la pendaison des 10 fils d’Haman. Cette particularité est interprétée comme une préfiguration d’un événement eschatologique. De même, considérant le rite de la Pâque, nous pouvons également lui conférer une dimension préfigurative eschatologique. C’est d’ailleurs assez intuitif, puisque la Pâque est déjà en soi, la sortie d’un monde. Les rabbins invitent à sortir des passions mondaines en reproduisant la sortie de l’Égypte intérieure. La Pâque peut donc préfigurer la sortie du monde d’ici-bas vers le monde à venir. Le terme ‘Etsem possède deux sens, et ils sont tous les deux présents dans la fin du chapitre 12 d’Exode. « le jour même (‘Etsem) » du verset 41 invite à relier les os avec un jour en particulier. On peut en déduire qu’il s’agit du Jour du Jugement.
Ez 37.1 La main de l’Éternel fut sur moi, et l’Éternel me transporta en esprit, et me déposa dans le milieu d’une vallée remplie d’ossements. 2 Il me fit passer auprès d’eux, tout autour; et voici, ils étaient fort nombreux, à la surface de la vallée, et ils étaient complètement secs.3 Il me dit : Fils de l’homme, ces os pourront-ils revivre ? Je répondis : Seigneur Éternel, tu le sais.4 Il me dit : Prophétise sur ces os, et dis-leur: Ossements desséchés, écoutez la parole de l’Éternel! 5 Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel, à ces os : Voici, je vais faire entrer en vous un esprit, et vous vivrez; 6 je vous donnerai des nerfs, je ferai croître sur vous de la chair, je vous couvrirai de peau, je mettrai en vous un esprit, et vous vivrez. Et vous saurez que je suis l’Éternel.
14 Je mettrai mon esprit en vous, et vous vivrez; je vous rétablirai dans votre pays, et vous saurez que moi, l’Éternel, j’ai parlé et agi, dit l’Éternel.
La prescription de la fin du chapitre d’Exode 12 devait être originalement un midrash controversé à part. Les scribes ont décidés de l’introduire dans la compilation exodienne en provoquant cet effet eschatologique. Ainsi, pour la Pâque finale, les os devaient être préservés puisque le corps allait être purifié. Le rite zoroastrien de passage d’un monde à l’autre a été absorbé par le texte puisque celui-ci décrivait la Pâque finale (Pâque signifie passage) d’un monde à l’autre. Le corps est débarrassé de sa chair, l’élément temporaire, pour ne laisser que la substance. Tout porte à croire qu’il est question du corps d’Israël dans sa Pâque finale. C’est un décret occulte, réservé à une caste, celle qui inscrit sa gloire pour l’éternité. Celle qui écrit l’Histoire. Le peuple disparait sans laisser de trace. On peut alors comprendre que dans cette période trouble d’exil où l’élite est tirée hors de sa terre, doit se réinventer et s’emparer de la question du passage d’un monde à l’autre, l’idée de s’affranchir de certaines contraintes liées à la terre est une libération. Le rite funéraire évolue et cette évolution tire sa légitimité du récit fondateur de la Genèse:
Grotte
Gn 23.3 Abraham se leva de devant son mort, et parla ainsi aux fils de Heth : 4 Je suis étranger et habitant parmi vous; donnez-moi la possession d’un sépulcre chez vous, pour enterrer mon mort et l’ôter de devant moi. 5 Les fils de Heth répondirent à Abraham, en lui disant : 6 Ecoute-nous, mon seigneur ! Tu es un prince de Dieu au milieu de nous; enterre ton mort dans celui de nos sépulcres que tu choisiras; aucun de nous ne te refusera son sépulcre pour enterrer ton mort.7 Abraham se leva, et se prosterna devant le peuple du pays, devant les fils de Heth. 8 Et il leur parla ainsi : Si vous permettez que j’enterre mon mort et que je l’ôte de devant mes yeux, écoutez-moi, et priez pour moi Ephron, fils de Tsochar, 9 de me céder la caverne de Macpéla, qui lui appartient, à l’extrémité de son champ, de me la céder contre sa valeur en argent, afin qu’elle me serve de possession sépulcrale au milieu de vous. 10 Ephron était assis parmi les fils de Heth. Et Ephron, le Héthien, répondit à Abraham, en présence des fils de Heth et de tous ceux qui entraient par la porte de sa ville : 11 Non, mon seigneur, écoute-moi! Je te donne le champ, et je te donne la caverne qui y est. Je te les donne, aux yeux des fils de mon peuple : enterre ton mort.
Le Créateur est Taquin. Les hommes qui s’adressent à Abraham, paix sur lui, sont en train de le flatter. A raison certainement, car c’était un grand homme, mais il est clair que ce n’est pas ainsi qu’il considérait les choses (il se prosterne devant eux). Cette flatterie ne lui est pas réellement destinée, il n’y est pas sensible. Elle est destinée à ceux qui interprètent la Torah, en s’identifiant comme ses dignes successeurs. Ils sont flattés. Et lorsqu’ils lisent que la propriété d’Abraham, paix sur lui, comprenait une caverne, ils comprennent que la mise en terre est réservée au peuple. C’est d’ailleurs ce que semble indiquer ce verset:
Gn 23.19 Alors Abraham ensevelit Sara, son épouse, dans le caveau du champ de Makpéla, en face de Mamré, qui est Hébron, dans le pays de Canaan.
Mais si l’on se rappelle bien des enseignements tirés de ce verset par le passé, nous savons que la mention « qui est Hébron » a été ajouté à l’intérieur du texte. Voir l’étude complète ici: https://www.stephanpain.com/2015/08/27/more/ Car en effet, je le rappelle, ce champ est en face de Moré à coté de Sichem. Si l’on précise que « Mamré » serait Hébron, alors on peut penser qu’il soit opportun de préciser que le corps est placé dans la grotte du champ. Qavar signifie littéralement mettre en terre, or placer dans une grotte ne signifie pas mettre en terre. Je suis tout à fait d’accord que le contexte le suggère fortement. Mais si tous les gens importants, y compris les rois, les prophètes et les prêtres se font tous enterrer dans la terre depuis des générations, sans qu’aucun n’innove en la matière, alors personne n’a une autre idée qui vient en tête. Ce contexte là l’emporte. Et puis ce champ et cette caverne devaient être connus. On devait forcément savoir si les corps étaient dans la caverne ou non. Dans la mesure où ce tombeau a été déplacé scripturairement dans une autre ville et que l’on a désigné un endroit totalement différent comme étant l’endroit authentique, comment peut-on en déduire un point théologique majeur? A notre époque, ce tombeau fait l’objet de toutes les rivalités. Il a été le théâtre de bains de sang. Je ne voudrais pas être à la place de ceux qui ont créé ce mensonge de toute pièce, ils devront rendre compte sur tout le sang versé autour de cette grotte.
Gn 49.29 Et il leur donna ses ordres en disant: « Je vais être réuni à mon peuple; ensevelissez-moi (אֶל-אֲבֹתָי: אֶל-הַמְּעָרָה) auprès de mes pères dans le caveau qui fait partie du domaine d’Éfrôn le Héthéen;
- אֶל-אֲבֹתָי: « auprès de mes pères ».
- אֶל-הַמְּעָרָה: « auprès de la grotte ».
La grotte peut être également un indicateur de lieu. Elle pourrait être très bien considérée comme un lieu de recueillement à l’abri des éléments extérieurs. Un lieu réservé aux vivants et non aux morts.
50.25 Et Joseph adjura les enfants d’Israël en disant: « Oui, le Seigneur vous visitera et alors vous emporterez mes ossements de ce pays. »
Ce qui peut faire pencher l’interprétation dans le sens de la manipulation des os est le souhait formulé par Joseph, paix sur lui. Mais il faut considérer que le prophète est en terre païenne et que son retour ne se produira que des centaines d’années plus tard. Le stockage de ses os hors de la terre n’est qu’une situation temporaire d’exil.
Ossilegium
Les gens importants auraient droit à un autre traitement. Ceux qui composent les os d’Israël. Leurs corps devraient donc être déposés dans des cavernes ou des monuments érigés en milieu urbain. De n’importe quelle manière, mais pas en terre. Ce procédé va prendre son essor au retour en Terre Promise parmi l’élite et va perdurer et surtout évoluer jusqu’au premier siècle avant notre ère. A partir de ce moment là et pour quelques siècles, tous les corps des gens importants, ou qui se considèrent comme tel, vont être placés dans des espaces où ils vont se décomposer pour ensuite être placés dans des coffres comme en atteste ce texte:
Traité Semachot 12
25 Rabbi Eliézer b. Ẓadoḳ (Ẓadoḳ est un rabbin qui est décédé en+70.) a dit : Lorsque mon père était mourant, il m’a donné cette instruction : « À ma mort, enterre-moi d’abord dans une vallée, puis rassemble mes os et place-les dans un cercueil de cèdre, 26 mais ne les rassemble pas avec tes mains ». Et c’est ce que j’ai fait pour lui. Rabbi Joḥanan est entré [dans la grotte] et a étendu un drap sur [les os] ; puis j’y suis entré, j’ai déchiré [mes vêtements] et j’ai étendu des mottes de terre sèche [sur les os].
https://www.sefaria.org/Tractate_Semachot.12.9?lang=bi&with=Commentary%20ConnectionsList&lang2=en
Truel
Pour se changer les idées, nous allons nous amuser un peu. Dans ce point crucial biblique, il y a trois groupes en présence:
- A: d’Arimathée, sa mère la reine, son frère le pseudo-bien-aimé et leurs disciples
- B: le Sanhédrin et ses alliés
- C: le pouvoir romain et l’Ordre en arrière-plan
Il y a de grandes chances que C connaisse les plans de A mais fait semblant de les ignorer. Ce qui fait dire cela, c’est que A vient demander le corps à la fin de la séquence. C accepte. Et si C accepte, ce n’est certainement pas pour faire plaisir à A. C accepte car il va se jouer de A et faire disparaitre le corps. Comprenons bien qu’au moment où A demande le corps, il a certainement compris que la crucifixion a accompli les écritures. A expose à C qu’il vient de crucifier le Messie et qu’il vient d’accomplir les écritures. C n’a que faire des écritures, mais est bien conscient de l’enjeu de ce que la mort d’un martyr peut engendrer comme chaos. A lui propose donc de rattraper la situation en inhumant le corps comme il se doit pour apaiser le peuple. Il entend également jouer un vilain tour à B afin d’achever son discrédit (parabole des vignerons). C feigne d’accepter, et livre le corps. Son objectif est de punir A en lui empêchant d’instrumentaliser le corps. Il parait clair que A, souhaitant légitimer la lignée royale adiabénienne, entend placer le corps du Messie dans sa propre tombe afin qu’il suive le processus élitiste de préservation des os. Mais en faisant cela, il accomplit alors une autre écriture, celle d’Ésaïe 53 et se trahit lui-même et les siens:
Es 53.9 On a mis sa sépulture avec celle des impies, son tombeau avec celui des [mauvais] riches,
quoiqu’il n’eût fait aucun mal et qu’il n’y eût jamais de fraude dans sa bouche.
Perspectives: théorie basée sur la vaccination
Qu 4.119 Je vais certes les égarer, les remplir de faux espoirs, les inciter à fendre les oreilles des bestiaux et je les inciterai à changer la création d’Allah.
Il y a une histoire populaire du martyr sanitaire. Il y a une histoire officielle. Et puis il y a une histoire élitiste. Celle qui explique comment certains ADN ont pris une autre voie. Pourrait-on vacciner la population afin qu’elle vote correctement? Certains en caressent surement l’idée. Ils se vantent déjà de travailler à améliorer l’intelligence. Je vous laisse méditer bande de complotistes.
Théorie basée sur le passeport
Au cours de mon travail préparatoire, j’avais envisagé une autre piste, mais le lien avec la période sanitaire paraissait plus ténu. Toujours en lien avec le transhumanisme, les os comme substance de l’être humain pourraient également être les données de son « esprit ». Ce serait d’avantage une sorte d’ADN numérique. Il s’agit de convertir tout ce qui caractérise un être humain en données, et de les stocker en vue d’un futur transfert dans un corps soit augmenté, soit modifié par la génétique. Certaines sociétés proposent déjà ces services de stockage à des gens fortunés en quête d’immortalité. On peut imaginer les fantasmes partagés dont nous pourrions trouver l’origine dans le texte cité au-dessus et qui décrit le Créateur qui redonne la vie à Israël à partir de ses os (Ez 37.1). Le Créateur serait supplanté par l’être humain qui se divinise lui-même. Si dans un premier temps cette solution est moins intuitive, elle rentre d’avantage en résonance avec la problématique de la popularité des ossuaires durant la première période messianique et sa réinterprétation dans l’évangile qui nous préoccupe.
Un embryon de cette pensée peut se retrouver dans l’imposition générale du passeport vaccinal, puisqu’il s’agit de stocker des données sensibles et de distinguer les gens en fonction de certains critères, ici une vaccination conforme aux instructions gouvernementales. Ce fut une manière détournée d’experimenter le crédit social à la chinoise dans un contexte occidental pourtant moins coopératif naturellement à ce genre de chose (Crédit social mondialisé: Contrairement à la Chine, où le système est centralisé, un modèle occidental pourrait s’appuyer sur des entités privées, grandes entreprises technologiques, pour établir des systèmes d’évaluation interconnectés.) En poussant plus loin le concept, on peut imaginer une sorte de Jour du jugement humaniste prométhéen, où tous ceux qui ont brillé dans l’humanité selon les critères imposés seraient récompensés par un transfert final de leur « esprit » dans un nouveau corps au détriment du reste de la population.
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Le corps du Roi, d’os et de chair, est inaltérable.
Notes:
Le Chat, soumis à la copie de la dernière partie de cet article, a développé de nombreux points. Une fois n’est pas coutume, plutôt que de rendre une conclusion plus ou moins fermée selon son schéma habituel, il expose une série de questions ouvertes sur l’avenir à la place. Nous comprenons qu’il n’est pas capable non plus d’apporter la moindre réponse et vient conforter la pertinence de cet article puisque comme je le dis toujours: l’important dans la vie ce n’est pas de chercher les bonnes réponses, mais de trouver les bonnes questions.