mercredi 4 décembre 2024

Ici ET maintenant

הֵנָּה  וֺ  הֵנָּה
hinnah WA  hinnah

Avant de continuer plus avant, il est essentiel de lire d’abord cet article qui traite du chapitre 15 de Genèse plus globalement: https://www.stephanpain.com/2020/02/02/du-nil-a-leuphrate/
L’étude traite de la promesse faite à la descendance d’Abraham, paix sur lui, de venir habiter en Terre sainte, mais aussi d’habiter dans la terre située entre le Nil et l’Euphrate. Il fallait comprendre que chaque branche est concernée par une partie de la terre. La partie réservée aux fils d’Israël  (asservis pendant 400 ans) est celle qui appartient aux Amoréens, tandis que la partie des fils d’Ismaël est celle qui contient une longue liste de peuplades dont les Jébuséens, c’est à dire ceux habitant Jébus, l’ancien nom de la ville convoitée par les trois religions monothéistes modernes, et s’étend entre les deux grands fleuves. Les juifs modernes, lisant la Bible comme bon leur semble, et réécrivant l’histoire à leur gré, affirment que le chapitre 15 leur attribue la terre du Nil à l’Euphrate.

Aujourd’hui, nous allons nous intéresser au verset 16 du chapitre 15 de Genèse.

16 Mais la quatrième génération reviendra ici,
parce qu’alors seulement la perversité de l’Amoréen sera complète.

Une fois n’est pas coutume, j’ai réalisé une copie d’écran du verset. La raison en est fort simple: nous avons la présence d’un Vav plus grand que les autres lettres au milieu du mot ‘awon que l’on peut traduire par iniquité (perversité dans la traduction proposée). Pas besoin de chercher très loin le sens, nous allons simplement nous arrêter à son sens premier tel qu’on le trouve dans la Bible, c’est à dire comme mot de liaison: « vé »: « et » (équivalent en arabe à la lettre Wa, le vav hébraïque peut se prononcer Wav également) La particularité de ce Wa (je préfère le prononcer comme en arabe) nous amène à réfléchir à une conjonction dans ce verset. Cette réflexion nous amène à considérer simplement la conjonction du temps et de l’espace. Il s’agit de fixer à cette promesse divine un « ici ET maintenant ». Pour appuyer cette idée, nous devons décomposer le verset en deux parties telles que montrées plus haut. Dans chacune des parties il y a le mot hinnah (hênnâh en transcription littérale depuis le judéen) à la fin. Celui-ci signifie ici dans la première partie et maintenant dans la deuxième.

La traduction littérale serait:
Et (à) la génération quatrième, ils (tes descendants) reviendront ici:
car (ce n’est)  pas la plénitude de la perVersité des Amoréens encore maintenant.
Or, nous nous rendons compte que la deuxième partie comporte déjà un ici et un maintenant. Le ici correspond au lieu d’habitation des Amoréens, là où se situe Abraham, paix sur lui, au moment où il reçoit cette prophétie, c’est à dire près des (du) chêne de Moré. voir https://www.stephanpain.com/2015/08/27/more/
Et non Mamré comme l’indique faussement le texte traduit: les Amoréens vivent dans la région de Moré!
Le temps correspond au moment où les Amoréens seront au maximum de leur perversité. Nous comprenons alors que si ils ont atteint un maximum, un événement a fait cesser cet état. Soit un changement de leur part, soit une destruction.
Le super Wa nous indique de porter également notre attention sur le temps et le lieu de la première partie. Le ici est connu. Nous devons déterminer le temps de cette quatrième génération. Si tout est correct, il s’agit du même temps que la deuxième partie.
Autant être direct, ces lieux et ces temps sont connus au travers des articles. Ce n’est pas la tradition humaine biblique ou coranique qui vous fournira la réponse.
Pour déterminer le lieu de la deuxième partie, nous allons nous servir de ceci:
https://www.stephanpain.com/2015/03/19/la-phase/
Aidé de l’analyse coranique autour du Mont, nous déterminions que la Cité sainte des bani Israïl est au pied de ce mont. Cette cité sainte est Madyan, où le prophète Chu’ayb, paix sur lui, a averti les madianites d’un jugement tombant sur eux.

11.84 Et (Nous avons envoyé) aux Madyan, leur frère Chu’ayb qui leur dit: « Ô mon peuple, adorez Allah; vous n’avez point de divinité en dehors Lui. Et ne diminuez pas les mesures et le poids. Je vous vois dans l’aisance, et je crains pour vous [si vous ne croyez pas] le châtiment du Jour qui enveloppera tout.

85 Ô mon peuple, faites équitablement pleine mesure et plein poids, ne dépréciez pas aux gens leurs valeurs et ne semez pas la corruption sur terre.

Le prophète enjoint ses coreligionnaires à donner la pleine mesure. L’exégèse classique oriente la compréhension vers le commerce. Or, si nous faisons attention au texte, aucun indice ne va en ce sens particulier. Il est d’avantage question d’un jour de jugement. Le poids est celui dans la balance des actes. Comme les madianites sont anéantis, nous comprenons qu’ils ont donné la pleine mesure de l’iniquité. Nous voilà alors renvoyés au verset de la Torah, qui indique que  les Amoréens seront remplacés par les fils d’Israël au moment où ils auront donné la pleine mesure de leur iniquité. Chu’ayb, paix sur lui,  et Jéthro sont une seule et même personne.

A présent, penchons-nous sur le tout début du verset: « wedor rebi’i« . Le mot dor est un mot qui nous avait déjà donné du fil à retordre. Si ici la traduction de génération est correcte, elle n’est pas unique. Le super Wa nous invite à fureter. Si dor signifie génération, il signifie également maison et cercle. Si génération est lié au temporel, maison et cercle sont liés au spatial. Pour comprendre le sens spatial, il faut considérer le mot quatrième. Le 4 nous renvoie à Qyriat Arb’a, la Cité du 4. Ainsi nommée car elle est connectée à la prophétie faite à Jacob, paix sur lui, en Genèse 28.14:

Gn 28.14 Ta postérité sera comme la poussière de la terre;
tu t’étendras (oufaratsta) à l’occident et à l’orient, au septentrion et au midi;
et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité

voir https://www.stephanpain.com/2019/03/22/217-rue-de-tolbiac/
ainsi que https://www.stephanpain.com/2023/01/05/le-roi-et-les-oiseaux/
Le 4 fait référence aux 4 directions d’extension. Les habitants de la ville étaient donc héritiers et responsables de la prophétie attachée à leur ville: celle d’un jour qui verrait le peuple du Livre s’étendre depuis leur ville. La ville de Madyan serait-elle en forme de cercle? Peut-être, mais ce n’est pas important car le cercle est à trouver ailleurs. Cette fois, nous allons nous intéresser à cette fameuse 4ème génération. Les rabbins n’ont pas hésité à ne laisser que 3 générations entre Jacob et Moise, paix sur eux, tout cela afin de verrouiller la compréhension de ce verset. Au passage, ils ont glissé un certain Amram. Voir: https://www.stephanpain.com/2017/12/23/amram/
Bien entendu, tout cela est faux.
Tout d’abord, considérons l’Exode. La fin de l’Exode consiste en une errance de 40 ans. Ceci afin que la génération fautive disparaisse et soit remplacée par une nouvelle. Cela signifie qu’une génération biblique est considérée comme étant de 40 ans. L’age des prophètes, et notamment Moïse, ne détermine pas la longueur des générations. Dans le chapitre 15, il est annoncé un exil de 400 ans. Cette durée est reprise dans Exode. Il ne peut y avoir 3 générations durant ces 400 ans. Nous devons explorer une autre piste. Dans le verset, ce ne sont pas les générations qui reviennent mais les descendants. La nuance est de taille. Ces générations ne se succèdent pas directement.  Ce sont des générations prophétiques. Ces générations prophétiques possèdent un élément commun. Un élément qui a la forme d’un cercle:

  1. Isaac prend pour femme,  après sa rencontre près d’un puits  par Eliezer, Rebecca – la promesse de deux  lignées: une grande, Edom et une petite, Israël)
  2. Jacob rencontre près d’un puits Rachel  – les 12 tribus d’Israël
  3. Joseph est jeté dans un puits par ses frères – exil d’Israël
  4. Moïse rencontre près d’un puits Séphora  – le début de la libération du peuple d’Israël

4 puits. Le dernier est à Madyan selon la Bible. Chu’ayb, paix sur lui, est à Madyan selon le Coran. L’endroit où commence l’histoire liée au quatrième cercle, c’est à dire à Madyan, est l’endroit d’où les fils d’Israël vont accomplir la prophétie de Genèse 15.16.

Ce qu’il fallait démontrer ici ET maintenant.

Extraits des 4 générations:

  1. Gn 24.14 Que la jeune fille à laquelle je dirai: Penche ta cruche, je te prie, pour que je boive, et qui répondra: Bois, et je donnerai aussi à boire à tes chameaux, soit celle que tu as destinée à ton serviteur Isaac! Et par là je connaîtrai que tu uses de bonté envers mon seigneur. 15 Il n’avait pas encore fini de parler que sortit, sa cruche sur l’épaule, Rebecca, née de Bethuel, fils de Milca, femme de Nachor, frère d’Abraham.

  2. Gn 29.10 Lorsque Jacob vit Rachel, fille de Laban, frère de sa mère, et le troupeau de Laban, frère de sa mère, il s’approcha, roula la pierre de dessus l’ouverture du puits, et abreuva le troupeau de Laban, frère de sa mère.

  3. Qu 12.10 L’un d’eux dit: « Ne tuez pas Yusuf (Joseph), mais jetez-le si vous êtes disposés à agir, au fond du puits afin que quelque caravane le recueille. »

  4. Ex 2.15 Pharaon apprit ce qui s’était passé, et il cherchait à faire mourir Moïse. Mais Moïse s’enfuit de devant Pharaon, et il se retira dans le pays de Madian, où il s’arrêta près d’un puits.  16 Le sacrificateur de Madian avait sept filles. Elle vinrent puiser de l’eau, et elles remplirent les auges pour abreuver le troupeau de leur père. (…) 21 Moïse se décida à demeurer chez cet homme, qui lui donna pour femme Séphora, sa fille.

Penchons-nous sur le 4ème évangile. Voilà un bon moment que nous saisissons sa nature satanique. Il y est rapporté un épisode. Il semble que l’auteur s’était penché aussi sur la problématique du verset Gn 15.16. C’est ainsi qu’il en a déduit que le puits dont il est question est celui de Jacob, paix sur lui. L’auteur place le puits près de Sichem, car il a bien compris que Sichem est le véritable « ici » du verset. Il escamote donc le puits d’Isaac, paix sur lui. Il ne reste alors qu’à placer l’un des protagonistes centraux de sa fiction théologique, à savoir le Messie selon son interprétation, proche de ce puits, pour condamner les Samaritains et faire des Juifs les seuls héritiers de la prophétie. Voilà pour cette tradition.
Lire: https://www.stephanpain.com/2015/10/29/la-femme-adultere/

Faisons un bond en avant. Nous voici au 17ème siècle en France. Selon certains, Notre-Dame, dans le 4ème arrondissement, serait le nouveau Temple. Si le puits de Sichem était au pied du Mont, et donc du Temple, d’autre certains ont décidé de placer une fontaine sur le parvis de la cathédrale. Une fontaine n’est pas un puits me direz-vous. Certes. Mais convenons que le choix de faire apparaître un point d’eau devant le nouveau Temple n’est pas le fruit du hasard. Il se trouve que cette fontaine n’était pas seule à cet endroit. Il y avait aussi une statue. Cette statue marquait le point zéro des routes de France, soit l’endroit origine des 4 directions. Vous comprenez à présent? Le lien avec le 4ème évangile? Eh bien, il est rapporté que la statue représentait un homme portant un livre. Nous comprenons de quel Livre il s’agit. Certains disait que la statue était celle d’Asclépios, celui qui tint tête au dieu principal du panthéon grec. Il refusait d’abandonner sa capacité à ressusciter les morts. Inversion satanique du héros/dieu qui fait le bien et est condamné par le dieu tout puissant. Le nom signifie serpent en grec. Échec et mat.
Lire: https://www.stephanpain.com/2023/04/06/cinq-gens-du-doigt/

Paix sur vous, ici et maintenant.

Notes:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine_du_Parvis_Notre-Dame#:~:text=La%20fontaine%20du%20parvis%20Notre,dans%20le%204e%20arrondissement
En 2000, la fontaine a été déplacé sur un coté de la place mais elle a été  habilement fusionnée avec le personnage qui est devenu féminin (la femme comme support de l’ère du verseau dans le paganisme moderne)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine_Mill%C3%A9naire#/media/Fichier:Fontaine_publique_paris_notre_dame_2006.jpg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Esculape

https://biblehub.com/hebrew/5771.htm
https://www.lueur.org/bible/strong/hennah-h2008

Changer la vie, l’hymne du Parti socialiste sorti en 1977, est scandé par l’expression « ici et maintenant« , sous deux formes « Tout devient possible ici et maintenant » et « Changeons la vie ici et maintenant« .
Ici et maintenant: titre du livre sorti en 1980 du chef du parti.