Lors d’une discussion avec un chrétien, je me suis mis à énumérer les points qui tendent à prouver que la reine d’Adiabène et la magdaléenne sont une seule et même personne. Effectuant ce travail à l’oral en puisant dans ma mémoire au travers d’articles rédigés sur une période de 8 ans, je me suis rendu compte de l’intérêt d’une synthèse. J’ai donc entrepris d’écrire une liste de points afin de prouver mon propos. Ce travail a été fructueux, car cela a mis en évidence quelques failles de raisonnement. J’en suis venu à reconsidérer mon interprétation des 3 versions différentes de l’onction à Béthanie. Il s’avère que cet épisode en révèle plus sur leurs auteurs que sur la reine dont nous connaissons un grand nombre de caractéristiques par ailleurs.
Point par point
Voici les points particuliers qui identifient la reine d’Adiabène à la disciple de Magdala. Ainsi que .zatès, son fils préféré, avec .azare/le disciple bien-aimé. Une mère et son fils sont donc à l’origine d’un mythe johannique.
- Monobaze 1er, mari de HA, est roi d’Adiabène. L’origine de cette dynastie est inconnue. On pourrait la connecter avec l’élite juive en exil à Babylone dont ils seraient de lointains descendants. Mais la piste de la fameuse théorie des 10 tribus perdues semble plus intéressante. En effet, la famille royale vient d’Adiabène, qui est le petit royaume centré autour des villes de Ninive et Arbelès. A mi-chemin de ces deux villes se trouvent les ruines de Dur-Sharrukin, qui n’est autre que la ville bâtie par le roi assyrien qui est le responsable de la déportation de l’élite samaritaine. Il se trouve que le mot Adiabène en hébreu est Hadyab. Ce mot peut être décomposé en Had, Un/unique et Yab qui signifie 12. On peut alors y voir un lien avec les 12 tribus.
- Dans le Talmud (traité des exilarques: Seder Olam Zoutta), la dynastie Monobaze est considérée comme la dynastie régnante légitime en exil pour la couronne d’Israël lors de la domination romaine.
- Dans les Antiquités Judaïques, Flavius Josèphe relate le mythe fondateur de la dynastie Monobaze: la naissance miraculeuse d’.zatès. Son père entend une voix lui prédire la destinée de son fils. Il nait en l’an 0 tandis que les théologiens s’accordent à dire que Jésus serait né entre -7 et -4. Je mets un bémol ici dans le sens où je considère que l’épisode de la persécution par Hérode serait un mythe ajouté postérieurement. Il utilise le terme grec « Monogenes » pour le distinguer du reste de la fratrie. Le terme est employé pour le Messie uniquement dans le 4ème évangile. A noter que selon l’auteur, les deux époux seraient frère et sœur ce qui rappelle le mythe de Nisis et Grosiris.
- Lorsque Monobaze décède, HA est mère de 7 fils.
- Après la rencontre avec un rabbin itinérant, HA se convertit à la religion de la Torah vers l’an 30.
- Parallèlement, ses 7 fils font effectuer la mème démarche avec d’autres rabbins. Pour .zatès se serait un certain Ananias.
- HA a une grande influence sur les plus grands rabbins de cette époque. Il est rapporté que lors de la fête des tentes, les dimensions de sa succa étaient bien trop grandes. Cela n’a guère empêché les plus grands de cette génération de lui rendre visite.
- Elle fait apposer sur la porte du Temple un chandelier d’or, ainsi qu’une plaque en or qui rappelle l’invocation prononcée par une femme soupçonnée d’adultère lorsqu’elle est présentée devant le Cohen Gadol
- Lors d’une famine, elle va se servir de sa fortune pour sauver un grand nombre de gens. Sa mémoire est honorée dans le monde rabbinique.
- Des propos tenus par .zatès sur la charité rappellent étrangement les évangiles.
- Elle se fait construire un palais à Jérusalem, voisin de la piscine de Siloé. Elle possède également une résidence à Lod.
- Il est rapporté qu’elle fit le vœu de naziréat durant 21 ans
- Elle se fait tailler dans la roche un tombeau à trois stades au nord-ouest de la muraille. Il est surmonté de trois pyramides qui indiquent la véritable nature de sa foi.
- La découverte du tombeau vide est expliqué par la volonté d’embaumer le corps. Ceci est une pratique funéraire égyptienne. Les pratiques de l’époque consistaient à laisser le corps se décomposer puis à placer les os dans des coffres en pierre. On a d’ailleurs retrouvé le coffre enfermant les os de la reine.
- Le tombeau est donc encore en construction vers 33
- Le tombeau comporte une entrée par pierre roulante. Les archéologues indiquent qu’il n’existe que 4 tombeaux comportant une telle pierre sur les 1000 qui ont été découverts (900 selon la source cité en note). Ce tombeau est visitable actuellement et est propriété de l’état français sous le nom ‘tombeau des rois’.
- .zatès décède en 55, suivi de près par sa mère inconsolable.
- Les épitres pauliniennes ne font ni mention de Magdala ni d’un disciple bien-aimé.
- Même chose pour les Actes des Apôtres et les autres écrits néo-testamentaire, bien qu’ils regorgent de noms de contemporains.
- Malgré l’importance considérable de l’épisode « noli me tangere », spécifique au 4ème évangile, MM disparait complètement du texte.
- Un texte tardif d’origine rabbinique, le « Toledot Yeshu », donne une version alternative aux évangiles avec un nom du Messie parodique. On y retrouve les personnages de la Vierge Marie, de Pierre et des Apôtres, et surtout de Juda. La reine y apparait tout d’abord comme une disciple avant de renier sa foi et enfin réclame le corps disparu après avoir été mis au tombeau.
- Les chroniques de la vie d’.zatès rapporte qu’après avoir aidé le roi parthe, il fut surnommé le roi des rois.
- Lors de la guerre judéo-romaine, le royaume d’Adiabène fut le seul pays étranger à fournir une aide militaire aux juifs.
- Le 4ème évangile suggère que Pierre va devoir se soumettre aux enseignements d’une tierce personne durant sa vieillesse. La gnose issue du mythe adiabénien va donc s’ajouter aux évangiles.
- Le bris d’un vase comportant le nom d’une personne est un rite d’exécration égyptien.
- Défaire sa coiffure, qui n’est pas anodin pour une femme noble de l’antiquité, et se tirer les cheveux, était un rituel égyptien lié à mort.
- Dans la Bible, les pieds font référence à l’acte charnel dans de nombreux passages. Cette femme entend marquer son emprise supposée sur le Messie.
- Dans 4E, la Cène, qui est le coeur de l’évangile, est remplacé par le lavement des pieds. L’enseignement tiré est que le plus grand est le serviteur et cela se traduit par le Messie qui lave les pieds de ses disciples. Nous comprenons alors l’ascendant que prend la femme sur le Messie en effectuant ce geste. Dans les synoptiques, l’élément est rapporté comme une chose perçue comme négative selon les apôtres. Le Messie se soumet à cet affront car cela fait parti des prémices de sa Passion. C’est Mathieu/Marc qui rapporte l’épisode le plus précisément sans interprétation néfaste.
- Le parfum est lié à l’odorat. L’âme est un souffle de Dieu. Mais le mythe de Nisis nous rapporte l’onction avec du parfum du corps de son mari.
- Le 4E est composé de 21 chapitres. En rhétorique grecque, c’est à dire linéaire, le texte amène vers la fin. Tandis qu’en rhétorique sémitique, l’élément principal vers lequel converge l’intention de l’auteur est situé au centre du texte. Le centre de 4E est le 11ème chapitre qui correspond à la résurrection de .azare.
- Celui-ci est au tombeau durant 4 jours
- Le groupe de croyants qui mène la lutte armée contre l’occupant romain pour y rétablir une monarchie légitime est nommé par FJ, la 4ème philosophie. Il n’aborde le sujet que très rapidement dans ses écrits et leur semble hostile
- Néanmoins FJ entretient une relation étrange avec Rome dont il convoite la puissance militaire. Il ne semble pas avoir renié sa foi basé sur la Torah. Toutefois c’est bien lui qui rapporte le mythe de la naissance d’Uzayr. Les chrétiens ont pour habitude de citer un passage polémique de ses textes qui rapporte la nature « divine » de Jésus. Cela semble en contradiction avec la conservation de ses croyances d’origine alors qu’il écrit bien après la période messianique.
- Pour comprendre pourquoi FJ pourrait être un disciple du bien-aimé, c’est à dire la dynastie royale qui entend prendre le pouvoir à la suite de la prédication de Jésus, il faut se référer au conte des deux-frères (mythe de Nisis et Grosiris réactualisé) qui est apparu dans la mythologie égyptienne au moment de l’Exode comme une explication à la faillite du pharaon face au prophète Moïse, paix sur lui. Le conte relate la rivalité entre deux frères qui briguent le pouvoir. Il serait l’inversion polythéiste de l’histoire de Joseph, paix sur lui, inventé pour servir les souverains de la 18ème dynastie après la parenthèse Hyksos. L’un accuse l’autre d’adultère avec sa propre femme et le persécute. Ils acquièrent la capacité de se ressusciter l’un l’autre, c’est l’élément caractéristique de leur statut divin. Ce conte, bien loin de tomber dans l’oubli, a traversé les époques et a servi de base à un grand nombre de contes essentiellement en occident. Tout comme la dynastie Monobaze, FJ pourrait avoir adopté une foi hybride entre Torah et tradition occulte égyptienne.
- Dans 4E, l’auteur fait dire au Messie qu’il déclare le disciple bien-aimé comme son frère.
- Il existe une connexion avec le culte grec d’Asclepius, par le fait que Asclepius était adoré comme Sauveur (Grec: Soter), en référence à ses capacités de guérisseur. La phrase en grec est ὑγιὴς γενέσθαι, hygies genesthai, (« recouvrer la santé »), qui n’est pas utilisé dans les Synoptiques, mais apparaît fréquemment dans des récits de guérison d’Asclepius. De même le texte du lavage des pieds, emploie le terme grec λούειν, louein, qui est le terme utilisé pour un Asclepeion, plutôt que le terme plus conventionnel νίπτειν, niptein, employé partout ailleurs dans l’évangile.
Asclepius est représenté avec un bâton autour duquel s’enroule un serpent.
Seul cet évangile dit ceci: 3.14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé.
Visiblement les auteurs ne sont pas à un syncrétisme abusif près. Est-ce que la dynastie royale était dans la même dynamique ou bien se contentait-elle de mélanger seulement religion égyptienne et du Livre?
- Dans l’absolu, le rédacteur du livre du dévoilement flouté, pourrait être considéré comme un prophète, ce qui entre en conflit flagrant avec la théologie chrétienne usuelle. De nos jours, il serait considéré comme l’un des mystiques dont les enseignements sont relayés sans grand discernement sur internet.
- Dans ce livre, l’auteur s’en prend violemment dans un célèbre passage à l’apôtre des gentils, qu’il considère comme un faux apôtre. Ses disciples sont nommés les nicolaïtes. Ils sont une assemblée de rashaim (synagogue de Satan). Cela signifie que ses disciples refusent l’autorité royale proposée par la théologie johannique et envisagent une sorte de pouvoir horizontalisé (ainsi que celle des apôtres, mais ce n’est pas le clan des auteurs). Ce qui est corroboré par la nature des correspondances des épitres avec les différentes églises où il ne se présente pas comme leur chef mais d’avantage comme un contact entre chaque communauté. Bien entendu, avec le recul dont nous disposons ce n’est qu’une posture car il s’impose à tous comme celui qui donne la voie à suivre. Il aurait été pertinent de rendre public les réponses des communautés car elles ont forcément existé et ont été conservées de la même manière. Si elle n’existe pas alors on peut imaginer une conversation à sens unique.
- En réponse, l’espace géographique des 7 églises entre partiellement en superposition avec celui concerné par les épitres pauliniennes (dans la mesure de ce qui nous est parvenu).
- FJ mentionne énormément de détails inconnus par ailleurs dans ses écrits, notamment des noms de personnages du premier siècle. Il rapporte positivement l’action de Jean Baptiste, de Jésus, de la reine, de son fils, témoigne des actions d’autres protagonistes de révoltes et de prophètes, mais ne parle jamais de l’homme de Tarse qui pourtant, si l’on s’en réfère à une partie du nouveau testament semble avoir une place centrale et incontournable dans l’histoire primitive des différentes communautés chrétiennes qu’on l’ait suivi ou non.
- Dans la parabole des vignerons, qui est l’élément déclencheur de la condamnation (dans les synoptiques, alors que c’est dans le chapitre 11 dans 4E), nous comprenons que les vignerons sont les prêtres du Temple et que le Messie vient leur retirer leur charge. Or, un élément n’a pas été identifié: la tour. La tour ne semble pas affectée par la venue du fils du propriétaire. Magdala et Arimathée peuvent prendre le sens de tour dans un contexte physique. Dans un contexte spirituel, les mots désignent des personnes de haut rang/haute lignée. Nous pouvons comprendre alors que certains se soient identifiés à la tour, et en conservant de la hauteur, se soient alliés opportunément aux romains afin de nuire aux prêtres qui ne reconnaissent pas leur légitimité au trône d’Israël. Pour appuyer ce propos, le préfet romain prend une toute autre dimension dans 4E. Il y tient un dialogue conséquent là où les synoptiques nient tout échange.
- Dans 4E, Thomas est autorisé à toucher le Messie, tandis que MM lors de l’épisode au jardin, non. Il est fait ici référence à l’arbre de la connaissance. Le Messie, dans la théologie johannique, est considéré comme l’incarnation terrestre de l’arbre de la connaissance et fait de Marie, celle qui s’agenouille devant (telle qu’elle est représentée dans l’art occidental), une sorte de nouvelle Eve. C’est à elle que revient la charge d’enseigner la connaissance. Mais comme aucun écrit ne nous est parvenu ouvertement, nous comprenons bien qu’il s’agit là de connaissance occulte, c’est à dire la gnose, donc réservée à des initiés (les découvertes de Nag Hammadi datent du 20ème siècle et n’ont été rendu public que relativement récemment). Ceux-là se constitueront en groupe par cooptation et formeront un sous-groupe à l’intérieur de l’Église, ce qui est totalement contraire à l’esprit de la Révélation.
Lorsque j’ai réalisé l’unification du texte de l’évangile en début d’année, j’ai utilisé le texte de Marc pour l’épisode de l’onction comme base en lui retirant la précision de la tête. A la place, j’ai utilisé du texte de Luc pour réaliser une onction sur les pieds. Fort de la synthèse rédigée au dessus, il m’a fallu admettre que ma composition était fausse. Après avoir corrigé le texte dans l’article « Injil », je vais ici développer les intentions théologiques de chacun ou nous devrions plutôt dire partisanes pour la moitié d’entre eux.
Marc/Mathieu
*** Les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple prennent la décision de faire mourir Jésus. Mt mentionne Caïphe au contraire de Mc.
26.6 Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux,
26.7 une femme s’approcha de lui, tenant un vase d’albâtre, qui renfermait un parfum de grand prix; et, pendant qu’il était à table, elle répandit le parfum sur sa tête.
Mc 14.3 Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme entra, pendant qu’il se trouvait à table. Elle tenait un vase d’albâtre, qui renfermait un parfum de nard pur de grand prix; et, ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus.
26.8 Les disciples, voyant cela, s’indignèrent, et dirent: A quoi bon cette perte?
26.9 On aurait pu vendre ce parfum très cher, et en donner le prix aux pauvres.
MC 14.5 On aurait pu le vendre plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres. Et ils s’irritaient contre cette femme.
26.10 Jésus, s’en étant aperçu, leur dit: Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme? Elle a fait une bonne action à mon égard;
26.11 car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours.
26.12 En répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture.
26.13 Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait.
*** Juda vient recevoir ses 30 deniers de l’assemblée citée au début du chapitre.
Tout d’abord le premier groupe, celui du texte quasi-identique de Marc et Mathieu. Il apparait clair que ces deux évangiles sont au plus proche de l’original. Il s’adresse donc aux véritables disciples du Messie, soit au groupe dirigé par Jacques. La femme brise le vase, puis répand le parfum sur la tête. Les disciples s’indignent du gâchis. Le Messie les rassure. Si les deux textes sont identiques, leur contexte l’est aussi. L’épisode se situe entre le moment où ce qui semble être le Sanhédrin prend la décision de la condamnation à mort de celui qu’ils considèrent comme un imposteur et le moment où Juda leur rend visite. De la même manière que nous comprenons que Juda répond ainsi à leur requête car il est informé de leur décision, nous comprenons que la femme au parfum est informée avant lui et a décidé de le faire savoir à l’intéressé. Non pas de l’informer qu’il est condamné, mais qu’elle est aux premières loges, si je puis m’exprimer ainsi. Nous verrons plus loin sa véritable situation. Si j’avais choisi de réaliser un assemblage c’est parce qu’une partie du texte me semblait inauthentique:
26.11 car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours.
Cette phrase ne cadre pas du tout avec l’esprit des évangiles. Elle est pourtant authentique. En réalité, l’étrangeté de cette phrase indique que ce qui se passe est à comprendre à l’envers de ce qui parait. C’est un avertissement pour le lecteur. Une mise en garde.
Comme nous l’avons vu précédemment, le bris du vase correspond à un rite d’exécration de l’antique religion égyptienne. La femme, parce que le Messie n’a pas voulu la légitimer comme reine d’Israël de son vivant, vient lui déclarer la malédiction de sa divinité tutélaire, mais également que sa mort va la servir dans ses desseins. Cette divinité est indiqué par l’endroit où elle verse le parfum: la tête. En effet, la femme qui a été divinisé sous le nom de Nisis, était une pleureuse à la tête du défunt. Constatons ici qu’elle ne pleure pas. On ne pleure pas lors d’un rite d’exécration, bien au contraire. Voilà pourquoi mon interprétation était fausse. Dans Mathieu, il n’est pas mentionné que le vase est brisé. Pourtant, nous le comprenons car le reste est identique et indique que toute la valeur du vase est perdue. Elle n’aurait certainement pas versé l’entièreté du vase sur sa tête: il s’agissait certainement d’un parfum puissant dont on n’use que peu à la fois.
26.13 Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait.
Cette phrase est neutre. On peut l’interpréter de deux façons: positive ou négative au sujet de cette femme. D’ailleurs, si l’on considère tout le passage, on peut constater qu’il est très synthétique. Ce n’est que l’interprétation croisée avec les autres évangiles qui lui donne une connotation d’action positive.
Quatrième évangile
*** Résurrection de .azare après 4 jours dans les temps précédant Pessa’h. C’est l’élément déclencheur de la prise de décision de l’assemblée.
12.1 Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie, où était Lazare, qu’il avait ressuscité des morts.
12.2L à, on lui fit un souper; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec lui.
12.3 Marie, ayant pris une livre d’un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum.
12.4 Un de ses disciples, Judas Iscariot, fils de Simon, celui qui devait le livrer, dit:
12.5 Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cent deniers, pour les donner aux pauvres?
12.6 Il disait cela, non qu’il se mît en peine des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et que, tenant la bourse, il prenait ce qu’on y mettait.
12.7 Mais Jésus dit: Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture.
12.8 Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours.
*** Décision est prise de faire aussi mourir le récent ressuscité. Le Messie est donc mis à égalité avec le fils de la reine. Entrée dans la ville.
Dans le quatrième évangile, l’objectif est tout autre. L’épisode n’a pas été déconnecté de la prise de décision des sacrificateurs puisqu’elle se situe juste avant. Mais ce qui fait basculer le groupe c’est la résurrection de Uzayr. C’est l’élément pilier de ce passage. Il est d’ailleurs présent dans la maison ce soir là. L’auteur, qui prend en compte les traditions évangiles précédentes pour emmener les croyants dans sa propre théologie, fait de Marie, la sœur de Marthe, deux femmes qui sont mentionnées dans les autres évangiles, la femme qui répand le parfum. De mère, elle devient donc sœur. A noter la présence d’un palais d’une autre femme de cette lignée dans la ville. Je pense qu’il s’agit ici pour l’auteur, de gommer l’aspect rite polythéiste pour mettre l’accent sur un rite en lien avec les écritures. En effet, nous pouvons établir un parallèle avec le lavements des pieds des apôtres, qui est un rite d’ablution, qui est propre à cet évangile et qui vient éclipser la cérémonie de la Table céleste. Si l’enseignement qui ressort de ce dernier est que le plus grand est celui qui sert les autres, alors nous en déduisons que la sœur d’Uzayr est de rang spirituel supérieur au Messie. Et ce d’autant plus qu’il s’agit de parfum et non d’eau (le parfum sous forme d’encens était utilisé sur la table devant le rideau du Saint des saints). Et par là toute la famille, dont Uzayr. Cela entre en résonance avec le conte des deux-frères, où nous avons bien ce dernier qui serait le frère noble.
Évangile de la lumière
*** Résurrection d’un jeune homme à Naïn. Celui-ci est unique fils de sa mère. Le terme « monogenes » est utilisé. C’est l’épisode qui fait connaitre le Messie dans tout le pays. Jean le baptiste, paix sur lui, n’est pas encore mort. Long passage à son sujet et la transition/complémentarité entre les deux hommes. Nous sommes donc bien loin de la Passion et des hauts responsables religieux de la grande ville.
7.36 Un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Jésus entra dans la maison du pharisien, et se mit à table. 7.37 Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfum, 7.38 et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait; et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de parfum.
7.39 Le pharisien qui l’avait invité, voyant cela, dit en lui-même: Si cet homme était prophète, il connaîtrait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche, il connaîtrait que c’est une pécheresse.
7.40 Jésus prit la parole, et lui dit: Simon, j’ai quelque chose à te dire. -Maître, parle, répondit-il. – 7.41 Un créancier avait deux débiteurs: l’un devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante. 7.42 Comme ils n’avaient pas de quoi payer, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel l’aimera le plus?
7.43 Simon répondit: Celui, je pense, auquel il a le plus remis.
Jésus lui dit: Tu as bien jugé.
7.44 Puis, se tournant vers la femme, il dit à Simon: Vois-tu cette femme? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as point donné d’eau pour laver mes pieds; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux. 7.45 Tu ne m’as point donné de baiser; mais elle, depuis que je suis entré, elle n’a point cessé de me baiser les pieds. 7.46 Tu n’as point versé d’huile sur ma tête; mais elle, elle a versé du parfum sur mes pieds. 7.47 C’est pourquoi, je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés: car elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on pardonne peu aime peu.
7.48 Et il dit à la femme: Tes péchés sont pardonnés.
7.49 Ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes: Qui est celui-ci, qui pardonne même les péchés?
7.50 Mais Jésus dit à la femme: Ta foi t’a sauvée, va en paix.
*** Prêche itinérant accompagné de nouveaux disciples dont la magdaléenne. Alors que son nom n’apparait qu’à la toute fin de Mc et Mt.
Pour Luc, qui est disciple de l’apôtre des gentils, et qui a pour ennemis les disciples de la reine d’Adiabène, il s’agit d’égarer le lecteur. Jusque là, j’avais toujours considéré les trois synoptiques sur le même plan en les plaçant en opposition avec le quatrième. C’est la première fois que je place Luc à part. A partir de maintenant, je vais tacher de prendre en compte cette séparation et filtrer certains contenus de Luc. L’épisode est totalement déconnecté de la prise de décision de mort, et a lieu au début de la prédication. Il est fait allusion à la Passion, mais le lecteur qui aborde le texte n’est pas perturbé par cette annonce précoce. En effet, toute personne qui aborde les écritures en vue de les comprendre connait nécessairement avant les principaux points abordés dont la Passion. Le texte de Luc est étoffé d’un enseignement sur l’amour/don de soi et le Pardon. Il ne peut pas gommer son existence alors il a été décidé de surcharger le propos pour le diluer et ainsi effacer l’importance du personnage et de son action clef, c’est à dire sa connexion avec le Sanhédrin. Si l’auteur a choisi les pieds, cette fois c’est pour donner une connotation sexuelle au personnage. Les cheveux viennent ajouter à cette dimension. Il ne s’agit pas de faire allusion aux cheveux tirés dans les rites funéraires égyptiens.
Nous pouvons déduire de tout cela que la parabole du pauvre .azare serait une invention destinée à mettre en garde contre celui-ci et notamment de dénoncer sa résurrection comme un mensonge. Je me vois donc contraint de retirer ce passage de l’Injil car il n’en fait pas parti. C’est une chronique partisane déguisée en parabole. Un indice nous était d’ailleurs donné par la présence d’un nom propre, ce qui a été remarqué par de nombreux théologiens.
De même, il y a tout lieu de se demander si l’épisode de la résurrection du jeune homme à Nain n’est pas aussi une invention lucanienne pour diluer la théologie adverse. Ce qui fait dire cela c’est que Luc réutilise la résurrection de la jeune fille de Jaire que l’on trouve dans Mc et Mt, à la différence notable prêt qu’il introduit le terme « monogenes » pour la désigner. Il établit ainsi un lien entre les deux résurrections et légitime ainsi celle du jeune homme. En utilisant le terme une troisième fois pour un exorcisme similaire à d’autres récits évangéliques, il achève le processus de banalisation du terme « monogenes » et de l’acte de résurrection.
7.12 Lorsqu’il fut près de la porte de la ville, voici, on portait en terre un mort, fils unique de sa mère (monogenes), qui était veuve;
8.42 parce qu’il avait une fille unique d’environ douze ans qui se mourait. Pendant que Jésus y allait, il était pressé par la foule.
9.38 Et voici, du milieu de la foule un homme s’écria : Maître, je t’en prie, porte les regards sur mon fils, car c’est mon fils unique.
A ce moment là, bien sur, le terme n’a ni été employé par Joséphe ni par les auteurs du quatrième évangile.
Antiquités juives F.Josephe Livre XX chap II (1) [19] Troublé par cette voix et éveillé en sursaut, il dit cela à sa femme ; il nomma Izatès le fils qui leur naquit. Or, il avait déjà d’Hélène un fils aîné, Monobaze, et d’autres fils d’autres femmes ; mais il manifestait clairement que toute son affection allait à Izatès comme s’il n’avait eu que lui (litt. comme dans lui l’unique) (μονογενῆ: monogeni). Τὴν μέντοι πᾶσαν εὔνοιαν ὡς εἰς μονογενῆ τὸν Ἰζάτην ἔχων φανερὸς ἦν. [20] Cela fit peser sur l’enfant la jalousie de ses frères de père et excita leur haine, parce que tous étaient affligés que leur père leur préférât Izatès.
J 1.18 Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique (μονογενὴς: monogenes), qui est dans le sein du Père, est celui qui nous l’a fait connaître
Mais on peut en déduire que le récit de la naissance miraculeuse du fils de la reine ainsi que sa résurrection circulait déjà et que le terme « monogenes » était connu et associé à ce personnage en particulier. De notre point de vue, nous pourrions nous étonner que l’auteur de Luc ne soit pas plus direct dans sa mise en garde. Replacé dans le contexte, dans la période entre la Passion et la destruction du Temple, rappelons simplement qu’il s’agit ici de discréditer une famille royale immensément riche et influente au moins jusque la première guerre sinon au delà, et qui a des appuis à la fois au Sanhédrin et auprès de Rome. La prudence est ainsi de mise. Il me faut apposer un avertissement sur le texte de l’Injil au sujet de ces incises lucaniennes. Nous comprenons la décision de placer l’onction à la suite de la résurrection pour contrer Luc dans le quatrième évangile. Nous sommes au beau milieu d’une guerre scripturaire où la Révélation devient un outil de propagande.
Au travers du texte nous savons que la journée de travail d’un ouvrier était payée 1 denier, et que cette somme pouvait nourrir 10 personnes. Le nard était estimé à 300 deniers. Cela représente donc une année de travail pour un ouvrier. C’est une somme considérable. Seule une personne fortunée pouvait se permettre une telle chose. Nous comprenons le lien avec le sépulcre des riches et méchants d’Ésaïe 53.
Es 53.9 On a mis son sépulcre (qibro) parmi les méchants (rashaim), Son tombeau avec le riche (‘ashir),
Quoiqu’il n’eût point commis de violence Et qu’il n’y eût point de fraude dans sa bouche.
En contexte
Revenons à l’épisode authentique dans son contexte. Nous avions vu qu’il se situe dans une séquence de trois passages où le premier et le dernier sont connectés: la prise de décision. Non loin de ce passage d’ailleurs, nous avions établi également avec une méthodologie similaire un lien entre le figuier desséché et le Temple. Mc 11. a:12-14 b:15-19 a’:20-26. A noter que Lc a dilué cette parabole dans le texte et l’a altérée grandement. Dans quel but? Il ne s’agit surement pas de cacher la condamnation du Temple. Peut-être s’agit-il de perturber cette méthodologie de deux événements distincts imbriqués qui donne la clef de compréhension de la personne de la femme au parfum? Nous en avions déduit que la reine a été informée de la prise de décision immédiatement, voire qu’elle y a participé. Aidé de l’ensemble des théories développés dans les articles, je serais tenté de proposer une théorie: les trois passages correspondent à trois partis ennemis. Le premier, le groupe des gens du Temple, qui souhaite la mort de celui qui vient remettre en cause leur fonction et leur légitimité. Le deuxième, celui de la famille royale, qui se fait passer pour allié avec le pouvoir romain et les religieux mais qui en réalité, utilise tout le monde pour parvenir à ses fins. On peut toutefois supposer qu’ils sont plus proches du pouvoir romain que des vignerons. L’onction au parfum est donc destinée à affirmer au grand jour cette maitrise de la situation supposée. Rome va être l’exécutant de la légitimation de la famille royale aux yeux du peuple aux dépens du Sanhédrin. Enfin, le parti de Juda, c’est à dire celui qui a accepté de jouer le rôle du traitre en obéissant à son maitre le Messie. Il s’agit du parti du Créateur. C’est Lui le vrai stratège, celui qui maitrise tous les autres partis à leur insu.
2000 ans plus tard, si les noms des protagonistes ont changés et le nombre de groupes a augmenté, gageons que cette hiérarchie de maitrise de la situation est toujours d’actualité.
Paix sur vous.
Sources:
« En fait, sur plus de 900 grottes funéraires de la période du Second Temple autour de Jérusalem examinées par l’archéologue Amos Kloner, seules quatre ont été découvertes avec des pierres de blocage en forme de disque. Ces quatre élégants tombeaux de Jérusalem appartenaient aux familles les plus riches, voire royales, comme le tombeau de la reine H. d’Adiabène. »
https://www.biblicalarchaeology.org/daily/archaeology-today/biblical-archaeology-topics/how-was-jesus-tomb-sealed/
L’un de ces 4 est attribué à la famille d’Hérode. Une photo de son entrée figure dans la source ci-dessus. La photo de l’entrée du tombeau adiabénien est en couverture d’article.
ANTIQUITES JUDAÏQUES – LIVRE XX
Grec; chapitreII (1) [20] (cherchez μονογενῆ )
https://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda20gr.htm#17
Français; chap II
https://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda20.htm#17b