En prérequis, Pessa’h. 15ème parasha.:
La Pâque. Pessa’h. C’est l’instant décisif où tout bascule. C’est l’acte fondateur de la nation d’Israël. De tribus familiales, les fils d’Israël vont acquérir un statut supérieur, faire parti du concert des nations. Non pas qu’il s’agisse d’appartenir au monde, le but recherché est de donner à la Révélation une nouvelle dimension. Des épreuves de nation, des enseignements de nation. Un programme sur mesure. Une fois ce programme achevé, il était temps de changer de cadre. Il y eut alors une nouvelle Pâque. Une Pâque renouvelée. Le moment fut rude pour les uns et un accomplissement pour les autres. Car certains étaient armés pour faire face aux nouveaux défis, tandis que d’autres étaient totalement démunis, pétris de leurs certitudes dans la foi. La foi est vivante. Une foi morte ne peut faire face aux outrages de la Révélation.
Mais si il y a justice, il y a miséricorde.
Nous voilà venus au temps d’une nouvelle Pâque. Chacun tente de faire face à la tempête, tant bien que mal. C’est dans la tempête que le rôle du capitaine est primordial. Mais le capitaine est particulier. Il faut savoir le comprendre. C’est ce que nous allons tenter de faire ici.
Il se trouve que dans la Torah, une seconde Pâque est prescrite. Pessa’h Seni (Sheni en judéen). Seni signifie second, comme l’arabe thani. Il ne s’agit pas d’une fête distincte de la première, mais plutôt une sorte de fête de « rattrapage » pour ceux qui n’auraient pu prendre part à la première. Généralement, ces questions épineuses de halakha sont traitées par les rabbins. Or, cette question de jurisprudence est traitée dans le livre des Nombres, dans la Torah écrite, donc par le Créateur au travers de son prophète, paix sur lui. Il s’agit là d’une indice majeur pour attirer notre attention.
Dans la mesure où les rabbins attendent toujours une première Venue du Messie, ils n’ont pas jugé utile de réfléchir autour de cette fête. Les chrétiens, quant à eux, considèrent qu’il s’agit là d’une question propre à la Loi qu’ils ont rejetée. Ils sont dépositaires de la nouvelle Pâque. Les musulmans, dans leur monde parallèle, ignorent tout de cette fête, ils la considèrent comme abolie. Aucun des trois groupes n’envisage de considérer ce passage de la Torah comme enseignement annonciateur d’une période messianique à venir.
Pourtant, en analysant le texte, certaines choses se révèlent à nous. Nous allons tenter d’en tirer des enseignements afin de se sortir par le haut de cette période tumultueuse. Nous pouvons en profiter pour corriger certains chapitres de la Torah.
A la seconde Pâque sont reliés d’autres éléments. Nous allons les traiter les uns après les autres. Voici la séquence globale:
Exode 12 1-14: Sacrifice de l’agneau. Repas familial avec la viande. Sang sur les cadres de portes. Loi familiale perpétuelle au 14 nissan.
Exode 12 15-20: Fête des pains sans levain d’une semaine
Exode 12 21-27: Promulgation des deux lois.
Exode 12 28-33: Accomplissement de la plaie de la Pâque
Exode 12 42-50: deuxième promulgation de Pessa’h
Exode 12 51: Sortie d’Egypte
Exode 13 1-20: Consécration du premier-né, souvenir comme un signe sur ta main, pains sans levain, sortie.
Exode 13.21
L’Éternel allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée pour les guider dans leur chemin (…)
(…)
Exode 25-27: Institution du Miskan et de son mobilier
Exode 28: Tenue sacerdotale
Exode 29: Purification sacerdotale
Toutes les prescriptions liées au Miskan sont accomplies jusqu’à 40.33
40.34 Alors la nuée couvrit la tente d’assignation, et la gloire de l’Éternel remplit le tabernacle.
40.35 Moïse ne pouvait pas entrer dans la tente d’assignation, parce que la nuée restait dessus, et que la gloire de l’Éternel remplissait le tabernacle.
40.36 Aussi longtemps que durèrent leurs marches, les enfants d’Israël partaient, quand la nuée s’élevait de dessus le tabernacle.
Fin du livre de l’Exode
Livre du Lévitique: simple mention de la nuée: elle n’est pas décrite agissante
Livre des Nombres
Nb 9.6-14: Instauration d’une seconde Pâque (Sheni) destinée à ceux qui n’ont pu faire la première pour cause d’impureté ou de distance.
9.15 Le jour où le tabernacle fut dressé, la nuée couvrit le tabernacle, la tente d’assignation; et, depuis le soir jusqu’au matin, elle eut sur le tabernacle l’apparence d’un feu.
Après être réapparue en Nb 9.15, la nuée est décrite de Nb 10 à 14.
Nb 13-14 Les explorateurs. Condamnation à errer 40 ans.
Nb 16: Terrible épisode de Coré. Plaie sur le peuple.
La nuée apparaît une dernière fois en 16.42
Fin des Nombres
Dans le Deutéronome, la Pâque devient une fête centralisée au Temple plutôt que familiale. Le livre est corrompu.
Les pains sans levain
La Pâque Seni est semblable à la première Pâque. Cependant, elle n’est pas couplée avec une période sans levain. Dans un article précédent, nous avons vu que la période sans levain aurait du être accomplie de la même manière que la Pâque. Ainsi les mensonges de la résurrection n’aurait pu être adoptés.
Si il n’y a pas de seconde semaine des pains sans levain, c’est tout simplement parce que pour cette seconde Pâque, aucun mensonge ne peut être ajouté. Cela ne signifie pas que le mensonge va disparaître. Cela concerne uniquement la Révélation, bien entendu.
La nuée
La nuée apparaît pour la première fois dans le récit immédiatement après l’instauration de la Pâque et elle réapparaît de la même manière après une longue absence juste après l’instauration de la Pâque Sheni. Il semblerait que la Pâque et la nuée sont liées.
La nuée apparaît dans le désert et accompagne le peuple au début.
La fin du processus sacerdotal est légitimé par l’apparition dans le Miskan de la nuée. Désormais, ce sera le seul lieu de sa présence.
Colonne et colonnes
La nuée est sous forme d’une colonne (‘Ammuwd) en Exode 13-14, puis en Ex 33, Nombres 12 : 5, Deutéronome 31 : 15. (Nombres 14 : 14 est une description)
Le mot colonne apparaît pour décrire des éléments physiques du Miskan essentiellement en Exode et au début de Nombres.
En considérant ces informations, il semble que le texte présente une certaine logique: la nuée est en colonne uniquement avant la construction du Miskan. Muni de cela, nous allons nous pencher sur les exceptions.
Tout d’abord, comme mentionné plus haut, Nb 14.14 est une description, il ne pose pas de problème. Ex 33 est clairement une verrue dans le récit. Il semblerait qu’il s’agisse d’un assemblage de divers éléments qui n’ont que peu de cohérences entre eux. Il est question de quitter le Sinaï pour monter en Terre Promise. Les hébreux sont menacés une nouvelle fois. Le Miskan est hors du camp, au lieu d’être en son coeur. Cela semble une erreur flagrante. Enfin, la demande de Moise, paix sur lui, de voir l’Éternel parait hors de propos. Cette demande a été faite beaucoup plus tôt dans le récit. Il n’est plus le temps du doute. Selon moi, la première partie doit être supprimée sans autre forme de procès plutôt que de tenter vainement de l’insérer dans le récit. Quant à la fin, elle doit être repositionnée au début de la première montée en haut du Sinaï.
Ensuite, nous avons Nb 12.5. Il s’agit de l’épisode de la lèpre de la soeur de Moise, paix sur lui. Si la nuée apparaît sous forme de colonne alors que le Miskan est présent, cela peut vouloir signifier qu’il y a présence d’un élément perturbateur. La présence de la colonne était notamment liée à celle de l’armée égyptienne. Mais il est tout à fait envisageable que le récit ait été extrapolé à partir de l’incident du veau d’or afin de justifier de la mise à l’écart de cette femme sans connecter les deux épisodes. Car dans le Coran, Aaron, paix sur lui, s’adresse à son frère de manière codée. Et le Samiri est une sorte de surnom égyptien qui dissimule la véritable identité du coupable. L’idée est, dans les deux cas, de laisser penser à ceux qui suivent la contre-révélation, que le stratagème d’infiltration des croyants a fonctionné malgré l’apparent échec du veau d’or. Il faut bien comprendre que Bible et Coran sont ouverts à tous. Les plus grands ennemis de la Révélation sont des érudits. Tout ne peut pas être expliqué. Les pièges sont posés pour des temps plus lointains afin de confondre les coupables. Les meilleurs pièges sont ceux qui sont cachés à la compréhension des rédacteurs.
Enfin:
Dt 31.14 L’Eternel dit à Moïse : Voici, le moment approche où tu vas mourir. Appelle Josué, et présentez-vous à la tente d’assignation. Je lui donnerai mes ordres. Moïse et Josué allèrent se présenter à la tente d’assignation. 15 Et l’Eternel apparut à la tente dans une colonne de nuée; et la colonne de nuée se tint sur l’entrée de la tente.
Selon mes travaux précédents, le prophète est bel et bien entré en Terre Promise et le Deutéronome est un livre corrompu. La présence de la colonne de nuée et du Miskan au même moment est un indice que le passage est inventé de toute pièce. Il existe certainement un récit très simple de la mort du prophète, mais celui-ci a été romancé en ajoutant la mention de la colonne de nuée afin de lui donner une autre dimension plus convenable au personnage selon la perception de rédacteurs tardifs. Le mieux est parfois l’ennemi du bien.
De même, la nuée apparaît de nouveau ponctuellement à un moment très particulier: la consécration d’un temple fait de pierre par Salomon, paix sur lui. La mention de cette présence suggère une légitimation divine de l’entreprise ou plutôt de la démarche du rédacteur.
Tentons une réflexion théologique. La nuée est l’incarnation physique de la parole créatrice. Dans le désert, elle se présente sous la forme de colonne car le peuple est en mouvement. Une fois le peuple fixe, la nuée apparaît sur le Miskan. La colonne est matérialisée par les colonnes du Miskan. La révélation de la Torah se poursuit ainsi. Selon moi, la nuée est présente tant que la révélation est en cours. Cette transposition de matérialisation renvoie à une autre transposition: celle de la parole dans la nuée, à la parole portée par les hommes. Les piliers du Miskan se transposent en les piliers de la foi. Immédiatement, nous comprenons qu’il est question également des piliers de la communauté, c’est à dire les Sages. Il semblerait que cette transposition a été plus graduelle. La première venue messianique vient entériner la fin du processus. Le Miskan n’est plus le support de la Parole. Elle est entièrement supporté par les piliers humains.
Si nous devions décrire une nouvelle transposition, à notre époque, nous pourrions imaginer que les piliers soient non plus des humains identifiés, mais qu’ils soient en chacun de nous. De cette façon, tout le monde serait à même d’être un vecteur de la Parole. Cette théologie rejoint les conceptions chrétiennes réformistes qui consistent à affirmer que les fidèles reçoivent l’Esprit Saint et qu’il agit en eux de sorte que l’on puisse en témoigner de visu. Il faut comprendre ici que leur théorie est confirmée par leur expérience spirituelle. Je demeure dubitatif. Je parle bien ici du point de vue de l’expérience.
Dans un article précédent, je démontrais que la prescription de la Pâque avait été modifié par la création du livre de Deutéronome. De familiale, elle était devenue sacerdotale. Remarquons que la date du premier exil, et donc de la destruction du temple, correspond précisément aux moments qui ont suivi cette faute majeure.
https://www.stephanpain.com/2023/04/14/pessah/
Pureté et hysope
La halakha va fournir une liste de critères pour justifier de la participation à la seconde Pâque. Nous pourrions être tenté par la raison d’une conversion entre les deux fêtes ou d’une entrée dans l’age de responsabilité religieuse. Mais la Torah présente la problématique sous l’angle de la pureté de par la raison invoquée par les hommes. La pureté est une problématique majeure du Lévitique et de la Torah en général. Il semble donc important d’approfondir la question.
Il se trouve qu’un élément est connecté à la pureté et à la Pâque: l’hysope. Considérons toutes ses mentions.
Exode 12 : 22
Vous prendrez ensuite un bouquet d’hysope, vous le tremperez dans le sang qui sera dans le bassin, et vous toucherez le linteau et les deux poteaux de la porte avec le sang qui sera dans le bassin. Nul de vous ne sortira de sa maison jusqu’au matin.
Il s’agit ici de la prescription initiale de Pessa’h. La notion de pureté n’est pas évoquée, mais nous comprenons que c’est ce dont il est question ici. Seuls seront épargnés les familles de ceux qui sont purs. Comme aucune règle de pureté n’a été établie à ce moment là, nous pouvons en déduire que la pureté est liée à la foi monothéiste.
Lévitique 14 : 4
le sacrificateur ordonnera que l’on prenne, pour celui qui doit être purifié, deux oiseaux vivants et purs, du bois de cèdre, du cramoisi et de l’hysope.
Lévitique 14 traite de la question des maladies de peaux, qui est souvent abusivement traduit par lépreux. La problématique n’est pas tant la maladie en elle-même et sa dangerosité, mais plutôt l’idée que le porteur est tenu éloigné du groupe car il présente un signe visible. Cette affection serait en réalité une matérialisation visible de l’impureté en rapport à la foi. La repentance en la foi monothéiste conditionne la fin de l’affection. Le prêtre constate la repentance et effectue un rite de pureté.
Ceci nous rappelle la condamnation du Samiri et de sa mère supposée après le veau d’or. Exil pour l’un, lèpre pour l’autre.
Nombres 19 : 6
Le sacrificateur prendra du bois de cèdre, de l’hysope et du cramoisi, et il les jettera au milieu des flammes qui consumeront la vache.
Nombres 19 : 18
Un homme pur prendra de l’hysope, et la trempera dans l’eau; puis il en fera l’aspersion sur la tente, sur tous les ustensiles, sur les personnes qui sont là, sur celui qui a touché des ossements, ou un homme tué, ou un mort, ou un sépulcre.
Ici, il s’agit du fameux épisode de la vache rousse. LE décret de la Torah (‘Houqat HaTorah). Tout aussi important qu’incompris. A ce point important, que le nombre total de rituels effectués dans toute l’histoire juive est connu: 9. Entre celui pratiqué par Eleazar, le fils d’Aaron, paix sur lui, et le deuxième effectué au retour du premier exil, il s’est écoulé près de 800 ans. Le rite n’a pas été accompli depuis 2000 ans. Il est dit qu’il sera de nouveau accompli au retour du Messie et de la reconstruction du Temple.
L’étroite connexion entre la pureté et Pessa’h/accomplissement messianique est ici confirmée.
Enfin, la toute dernière mention de l’hysope dans la Bible:
Psaumes 51 : 7
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur; Lave-moi, et je serai plus blanc que la neige.
Selon l’exégèse classique, le psaume est lié à l’histoire de David, paix sur lui, et Bethsabée. Nous avions vu précédemment qu’il s’agit là d’une mauvaise interprétation et que ce psaume est en réalité une prophétie relative au Messie à sa seconde venue.
https://www.stephanpain.com/2016/11/17/maxime-seraphin/
En effet, si grande qu’aurait été la faute d’adultère du prophète-roi, elle n’aurait toutefois pas remis en cause sa foi monothéiste. La lèpre n’est pas évoquée ici, mais elle aurait pu être suggérée. Si le psaume évoque l’hysope pour se purifier, il s’agit ici du rituel de la vache rousse. Il est donc question de la présence d’un mort.
Ce mort ne peut être que le Messie lui-même. Il « côtoie » sa propre mort.
Si nous cherchons l’hysope dans le « Nouveau Testament », nous la trouvons en 2 endroits. La première mention est dans l’évangile johannique. Il s’agit d’une insertion théologique plutôt malhabile, immédiatement suivie par le fameux, mais tout aussi malhabile: « Tout est accompli ».
Ainsi l’auteur, à cet instant décisif, prétend que:
19.29 Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et, l’ayant fixée à une branche d’hysope, ils l’approchèrent de sa bouche. 19.30 Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit: Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l’esprit.
L’auteur johannique dans ses oeuvres. J’avoue être admiratif. Je commence à être habitué par ses auteurs qui osent tout. Je ne suis pas botaniste, mais contrairement à l’auteur et comme quelques personnes du 21ème siècle, j’ai la capacité de me renseigner sur internet. Il se trouve que l’hysope est une plante herbacée, et si il est possible de s’en servir comme pinceau pour badigeonner du sang ou asperger, je ne vois pas très bien comment on pourrait faire tenir quoi que ce soit à son extrémité, et d’autant plus une éponge imbibée de liquides afin de faire boire quelqu’un, en s’en servant comme d’un bâton. Peut-être sans éponge, la situation eut été plus crédible. A trop vouloir en faire… Vraisemblablement, l’attrait théologique paraissait plus important que la crédibilité. Ou alors le texte initial n’était destiné qu’à des citadins vivant loin de la Terre Promise, voire de la terre tout court. Que voulez-vous, quand on est un illuminé, on aspire à des mondes supérieurs. Mais vous allez me dire que je suis taquin.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hysope
Si l’hysope devait apparaître dans le récit dans une perspective théologique, elle devrait servir d’outil de projection pour le vin du rite eucharistique si l’on veut faire correspondre deux établissements d’Alliance. Il ne peut y avoir de lien avec la purification de la lèpre puisque la victime est considérée comme pure et sans péché. Ici, la volonté théologique est placée au moment du sacrifice, donc le lien ne peut être qu’avec Nb 19. Une suite est attendue. Le « Tout est accompli » est peut-être ici pour suggérer que cette partie du sacrifice est accomplie uniquement à ce moment là, en mettant en relief cet apparent détail.
Dans Hébreux, la théologie concurrente dans l’illuminisme (l’hysope est absente des synoptiques), nous trouvons:
Hb 9.13 Car si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre d’une vache, répandue sur ceux qui sont souillés, sanctifient et procurent la pureté de la chair,
Hb 9.19 Moïse, après avoir prononcé devant tout le peuple tous les commandements de la loi, prit le sang des veaux et des boucs, avec de l’eau, de la laine écarlate, et de l’hysope; et il fit l’aspersion sur le livre lui-même et sur tout le peuple, 20 en disant : Ceci est le sang de l’alliance que Dieu a ordonnée pour vous.
Or, le passage de référence est en réalité:
Ex 24.8 Moïse prit le sang, et il le répandit sur le peuple, en disant : Voici le sang de l’alliance que l’Eternel a faite avec vous selon toutes ces paroles.
Il n’est fait aucune mention de l’hysope dans ce passade de l’Exode. Il parait peu probable qu’il s’agisse d’une erreur de citation tant le chapitre est important du point de vue théologique. Il est à noter que ce chapitre d’Hébreux traite du passage du voile du Miskan. Si l’auteur d’Hebreux mentionne l’hysope, c’est parce qu’il interprète le sacrifice de la vache comme établissement de l’Alliance. Or, rien n’indique cela dans Nb 19. Les cendres du sacrifice de la vache ne sont pas prescrites en lien avec l’Alliance. Si ce lien est établi dans ce texte, d’une manière qui va de soi sans fournir d’explication supplémentaire, cela signifie tout simplement que cette interprétation du lien entre l’Alliance et les cendres de la vache était une évidence au moment de la rédaction. Si bien que l’on peut légitimement se demander si une information n’a pas été escamotée. Soit des informations sur le rite de Nb19 issues de la tradition orale, soit sur la présence d’hysope dans le récit de la Passion. Je pencherais plutôt pour la deuxième hypothèse.
Pourquoi donc? Eh bien il suffit de faire fonctionner ses neurones. Il y a de cela quelques années, en rédigeant une sorte d’évangile basé sur ma compréhension des faits, j’en étais venu à décrire le moment où le préfet romain faisait mettre le feu au cadavre du Messie afin de faire disparaître toute trace de ses agissements. Le feu est le moyen le plus efficace dans le domaine. Pour s’en convaincre, voici la fin du rite dans Exode:
12.10 Vous n’en laisserez rien jusqu’au matin;
et, s’il en reste quelque chose le matin, vous le brûlerez au feu.
Ici, lors de cette fameuse nuit, tout devait être achevé au matin. Ce n’est pas le cas de la Pâque de la première Venue puisque la crucifixion n’a eu lieu que dans la matinée. C’est la raison pour laquelle il est mentionné « entre les deux soirs » pour le moment du sacrifice, pour permettre cet accomplissement. De même la crucifixion a lieu après la consommation du corps et l’aspersion du sang. Nous voyons les limites de la transposition d’une Pâque à l’autre. Nous comprenons que la mise au feu a lieu le samedi matin pour la Pâque messianique. Ce qui s’explique simplement parce que les exécutants ne respectent pas le Sabbat.
Qui ne nous dit pas, dans la perspective développée par Hébreux, en prenant le Messie comme vache sacrifiée pour le renouvellement de l’Alliance, que ses cendres n’aient pas été récupérées pour être utilisées afin de purifier des hauts-initiés? C’est une question qui me vient.
Après tout, ne suis-je pas là avant tout pour poser des questions?
Il est à noter que de même que le Dt ôte le caractère familiale de la Pâque, le mode de cuisson fait disparaître la croix qui sert à faire cuire rôti, ainsi que l’injonction à brûler les restes. Les chrétiens se sont attachés à l’accomplissement selon le rite au Temple et n’ont pas pris en compte ce détail. Il n’aurait jamais cadré avec la théologie de la résurrection de toute manière.
Le manger en hâte se transpose en la consommation d’un simple pain rompu symbolisant le corps qui s’effectue naturellement en une bouchée. Là où le Dt évoque la sortie en hâte, ce qui détruit la transposition.
La cendre
Et quand nous abordons la question des cendres, il vient en tête la question de l’entrée dans le Carême par le mercredi des Cendres. De ce que je lis, l’entrée dans le Carême pour les églises d’orient se fait par le Lundi pur. La question de la pureté est donc présente. Soit 40 jours avant le « samedi de _azare » dit-on. Décidément, ce _azare semble bien important aux yeux des théologiens. Mais je suis complotiste. Les raisons théologiques à ce rite institué, de vagues références à des pratiques bibliques, ne sont pas suffisamment convaincantes pour justifier l’instauration d’un rite placé à un endroit aussi important. Nous trouvons une référence à ces pratiques ici, rapporté par le Messie:
Lc 10.13 Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre. (et Mat 11:21)
Si le rite chrétien faisait référence à cette pratique, où sont les sacs? Ils ne sont ni évoqués ni même symbolisés. Jérémie 6:26, Daniel 9:3, 1 Maccabées 3:47 et 4:39, Jonas 3:6, Esther 4:1. Tous ces récits relient sac et cendres. Dans 2 Samuel 13:19, il n’est pas question de sac, mais de déchirer ses vêtements. Tertullien est d’accord et argumente sur la perpétuation de cette pratique de repentance. La vérité c’est qu’il n’y a aucun rapport entre cette pratique et ce rite institué.
https://en.wikipedia.org/wiki/Ash_Wednesday
Si l’on poursuit dans notre logique, l’utilisation des cendres des rameaux n’est en réalité qu’une simple évocation du rite réel. Les rameaux sont destinés aux simples fidèles. Après tout, les rameaux sont agités par le peuple. Chacun ses affaires et Dieu pour tous, plaideront certains. Enfin Dieu… entendons-nous bien. Les vraies cendres leur sont donc inaccessibles. Ces vraies cendres entrent dans le cadre d’une promesse élitiste de renaissance selon l’expression « renaître de ses cendres ». Les mots testament et renaissance (naître de nouveau) font partis du vocabulaire de l’initiation pas celui de la Révélation.
Nous cherchions le moment où les Initiés ont pris le pouvoir de l’Eglise. 591, la date où le rite des Cendres est instauré semble être un bon candidat. Une date très proche de la révélation coranique.
L’eau
Le rite de la vache rousse nécessite de l’eau vive. Nous la trouvons dans deux endroits:
7.37 Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s’écria: Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. 7.38 Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. 7.39 Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui;
4.7 Une femme de Samarie vint puiser de l’eau. Jésus lui dit: Donne-moi à boire.
4.10 Jésus lui répondit: Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t’aurait donné de l’eau vive.
4.13 Jésus lui répondit: Quiconque boit de cette eau aura encore soif; 4.14 mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.
4.17 La femme répondit: Je n’ai point de mari. Jésus lui dit: Tu as eu raison de dire: Je n’ai point de mari. 4.18 Car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai. 4.19 Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète. 4.20 Nos pères ont adoré sur cette montagne; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. 4.21 Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. 4.22 Vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
J’avais déjà traité de l’épisode de la Samaritaine, mais nous allons le reprendre. J’y parlais notamment de l’accusation de polythéisme lancée à l’encontre des Samaritains au travers de la métaphore des 5 maris. Le mari actuel pourrait être l’empire romain mais ce n’est pas très satisfaisant. Ce qui nous intéresse ici c’est la mention de l’eau vive qui jaillit du disciple de la parole dispensée par cette évangile. C’est un thème très apprécié des prêcheurs, notamment les évangélistes, car il permet une certaine liberté d’interprétation. Par contre, tenter de savoir quelle est l’écriture de référence est beaucoup plus compliquée. Nous trouvons d’abord ceci:
Zacharie 14.8 En ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem, Et couleront moitié vers la mer orientale, Moitié vers la mer occidentale; Il en sera ainsi été et hiver.
Ce passage annonce le jour du jugement. Il explique pourquoi il est dit que le salut vient des juifs, car il est question de leur ville sainte et non de celles des samaritains. Remarquons qu’il s’agit de raisonnement circulaire, puisqu’il est logique d’annoncer que le jour du jugement concerne les juifs en prenant comme référence leurs propres écrits. L’eschatologie samaritaine a du exister, mais elle ne nous est plus accessible simplement.
Mais la référence la plus intéressante est ici:
Proverbes 18.4 Les paroles de la bouche d’un homme sont des eaux profondes; La source de la sagesse est un torrent qui jaillit.
L’adversaire est un singe. Il parodie. Il ne m’est pas possible de savoir si ces cendres existent bel et bien, mais il est clair que ce « bâton » d’hysope qui apparaît au moment de rendre l’esprit à la croix, sert dans un rite où les eaux vives sont en réalité symbolisées par la sagesse du disciple. Ou plutôt devrait-on dire les connaissances. La gnose est ici glorifiée: « nous adorons ce que nous connaissons ». Voilà pourquoi cela m’a pris autant de temps pour trouver la référence scripturaire mentionnée en 7.38 parmi les plus de 500 occurrences des « eaux » dans la Bible. Beaucoup de choses peuvent être reprochées aux évangélistes, mais ils ne sont pas dans une démarche gnostique. Au contraire, ils ont tendance à étaler leurs enseignements au grand jour avec empressement. Cette opposition spirituelle explique pourquoi ils ne connectent pas avec ce verset qui semble pourtant à l’origine de ces deux récits.
Parah Adoummah
2.69. – Ils dirent: «Demande donc pour nous à ton Seigneur qu’Il nous précise sa couleur». – Il dit: «Allah dit que c’est une vache jaune, brillante, et plaisante à voir».
Dans la sourate Al Baqara, la Vache, celle-ci est jaune. Bien sur une vache jaune et brillante et qui broute de l’herbe, cela n’existe pas. Voilà pourquoi il est plus simple de la rattacher avec une vache composée d’hommes, une sorte de peuple, une ummah. Avant d’aller plus loin, il existe un verset très curieux qui introduit un mot original:
123. Elie était, certes, du nombre des Messagers.
125. Invoquerez-vous Ball (une idole) et délaisserez-vous le Meilleur des créateurs,
130. «Paix sur Elie et ses adeptes».
Elie, paix sur lui s’écrit ainsi au verset 123: إِلْيَاسَ , il’yāsa. Tandis qu’au verset 130, « Elie et ses adeptes » est écrit: إِلْ يَاسِينَ , il yāsīna (prononcé il yāsīn). Le nom il’yāsa se voit coupé en deux réalisant une sorte de jeu de mot avec un « al » modifié en « il » comme dans « al ‘Imran » signifiant « famille/clan de » ainsi qu’un suffixe « in » signifiant l’appartenance à un groupe équivalent à « yyan », comme dans Nasraniyyan.
Selon le même esprit nous pourrions avoir un peuple d’Adam, non pas en coupant en deux un prénom, mais en fusionnant le prénom avec le peuple qui lui est rattaché.
Cela donnerait donc:
Adam et son peuple: Ad oummah.
אֲדֻמָּה <=> آد أمّة
Accomplissement
19.2 Voici ce qui est ordonné par la loi que l’Éternel a prescrite, en disant: Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils t’amènent une vache rousse, sans tache, sans défaut corporel, et qui n’ait point porté le joug.
19.3 (…) et on l’égorgera devant lui.
19.5 On brûlera la vache sous ses yeux;
19.6 Le sacrificateur prendra du bois de cèdre, de l’hysope et du cramoisi, et il les jettera au milieu des flammes qui consumeront la vache.
19.7 Le sacrificateur (…) sera impur jusqu’au soir.
19.8 Celui qui aura brûlé la vache (…) sera impur jusqu’au soir.
19.9 Un homme pur recueillera la cendre de la vache, et la déposera hors du camp, dans un lieu pur; on la conservera pour l’assemblée des enfants d’Israël, afin d’en faire l’eau de purification. C’est une eau expiatoire.
19.10 Celui qui aura recueilli la cendre de la vache lavera ses vêtements, et sera impur jusqu’au soir. Ce sera une loi perpétuelle pour les enfants d’Israël et pour l’étranger en séjour au milieu d’eux.
19.18 Un homme pur prendra de l’hysope, et la trempera dans l’eau; puis il en fera l’aspersion sur la tente, sur tous les ustensiles, sur les personnes qui sont là, sur celui qui a touché des ossements, ou un homme tué, ou un mort, ou un sépulcre.
La vache n’était pas liée à la première venue mais à la seconde:
Les Gilets jaunes et brillants, vache de la sourate al Baqara:
https://www.stephanpain.com/2018/11/30/al-baqaratoun-safra-la-vache-jaune/
L’eau de purification, virus de la Couronne:
https://www.stephanpain.com/2023/02/23/le-porteur-deau/
Les cendres et le tué dans le passage coranique:
https://www.stephanpain.com/2023/02/24/relever-le-peuple/
Un peu de poésie en ces temps troublés. Si la Seconde nouvelle Pâque était d’actualité, alors il serait question d’une purification avec la cendre de la vache dans de l’eau. Une fois le sacrifice de la vache jaune effectué durant la période mars 2020 à automne 2021, ces cendres, c’est à dire son esprit, (comme il est coutume de dire dans l’expression populaire en référence au souvenir laissé par la personne: remuer les cendres du passé), devait être dissous dans l’eau du virus afin de le faire disparaître comme si elle n’avait jamais existé dans une ultime et vaine tentative de persévérer dans le déni. Dans la prescription de Nombres 19, ceux qui exécutent le rituel deviennent eux-mêmes impurs, ce qui a questionné tous les érudits. De plus, l’auteur du sacrifice est impersonnel. A l’opposé de tout sacrifice ou rite ponctuel et global instauré dans la Torah, généralement accompli par le grand-prêtre. Ceux qui ont commandité et participé à l’exclusion d’une partie de la population sous un prétexte sanitaire, ont agi comme si ils séparaient certains au motif qu’ils soient « impurs » et ne peuvent être approchés du reste du peuple par une batterie de mesures en harmonie avec la modernité, avec tout l’arsenal médiatique. Une dictature éclairée. Voire illuminée. Une sorte d’inversion des valeurs. Une contre-purification.
Dans 1Rois 4.33 l’hysope est présentée comme la chose la plus modeste qui soit, à l’opposé du bois de cèdre. Dans une quête de poétiser les temps actuels, cet article pourrait constituer la branche d’hysope.
Le Temple de l’Esprit peut alors s’établir.
Paix sur vous.
Cet article sera révisé en fonction des avancées de la compréhension comme à l’habitude.