vendredi 7 avril 2017
Raqqa est la capitale officieuse de l’Entité Iconique depuis 2013. En couverture: La situation en novembre 2016
Heureusement, la Turquie s’est retournée. _aesh a commencé a essuyé des revers militaires. Puis Dabiq a été perdue. Toute la propagande eschatologique s’est effondrée sur elle-même. Le journal de propagande officiel a été discrètement renommé. Seuls les plus acharnés (et leurs soutiens) s’entêtent depuis dans un combat perdu d’avance. Un combat contre eux-mêmes. Au moment où j’écris ces lignes en 2017, Raqqa, considérée comme la capitale, n’est pas encore tombée.
Si Dabiq est mentionnée dans des hadiths, qu’en est-il de Raqqa? Et que signifie le mot Raqqa? Vous connaissez mon intérêt pour l’étymologie. Voici une explication trouvée sur internet:
- Ce mot, qui était une injure, ne se présente pas assez souvent dans la littérature juive pour qu’on en puisse donner une traduction très précise. Une note de la version Stapfer va jusqu’à dire que la signification exacte de cette insulte est inconnue. Il semble pourtant qu’on puisse affirmer ce qui suit : Raca est la transcription littérale en grec de l’hébreu correspondant, dérivé de l’ adj. réq. qui, au sens propre, signifie « vide ». Au fig., le mot a pris une signification et une extension péjoratives : on l’employait pour parler d’un homme privé de sens, d’esprit, une « tête sans cervelle ».
- Dans d’autres cas, réq est appliqué à un homme sans éducation, ou sans dignité, dénué de sens moral. On peut trouver plusieurs exemples de cette dernière acception dans la littérature talmudique. Voir aussi, Juges 9:4, où il est parlé de gens sans aveu à la solde d’Abimélec. Il y a sans doute un rapport, pour la forme et pour le sens, entre « raca » et le mot français « racaille ».
Raca vient du syriaque. On le trouve bien dans des écrits eschatologiques. Mais, il n’y a pas que le Coran ou les hadiths qui en contiennent, il y a aussi les évangiles:
Évangile selon Matthieu:
5.21 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point; celui qui tuera mérite d’être puni par les juges.
22 Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges;
que celui qui dira à son frère: Raca! mérite d’être puni par le Sanhédrin;
et que celui qui lui dira: Moros! mérite d’être puni par le feu de la Géhenne.
L’évangile a été rédigé en grec. Dans la majorité des traductions le mot Raca est laissé tel quel, non traduit, suscitant l’interrogation. Tandis que Moros est traduit généralement par insensé ou fou.
- Dans la mythologie grecque, Moros (en grec ancien Μόρος/Móros, «destin fatal», «mort violente») ou Oléthros (Ὄλεθρος/Ólethros, «destruction», «heure dernière») est une divinité personnifiant l’acheminement vers un sort implacable. Il correspond à Fatum (destin) chez les Romains.
Nous retrouvons plus loin dans cet évangile, le terme de moros. Il s’agit de la parabole des 10 vierges. 5 vierges sont sages et 5 autres sont moros. Elles sont toutes munies d’une lampe à huile qui symbolise la Parole descendue. Au moment de la venue du royaume, les 5 vierges folles n’ont plus d’huile pour leurs lampes et se retrouvent devant la porte fermée. Le symbole des vierges est utilisé pour décrire un groupe de gens qui se veulent purs vis à vis de Dieu et qui se préparent activement aux temps messianiques. Hélas pour eux, malgré leur volonté et leurs efforts, ils échouent car il leur manque le combustible pour alimenter leur interprétation des écrits et leurs actions. Cela décrit superbement les membres de l’Entité, dont le combustible est la haine de toux ceux qui ne pensent pas comme eux. Toutefois, ils avaient suffisamment « d’amour » entre eux pour s’associer dans leur actions (les lampes éclairaient avant la venue de l’époux). Il ne faut pas confondre cet enseignement avec celui de Luc 13.35:
35 Veillez donc, car vous ne savez quand viendra le maître de la maison, ou le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin;
36 craignez qu’il ne vous trouve endormis, à son arrivée soudaine.
37 Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.
Le sommeil évoque plutôt un éloignement de la foi et de la pratique propre à ceux qui s’attachent trop à ce bas-monde, ce qui n’est pas le cas des djihadistes. L’huile renvoie à l’épisode de la veuve et Élisée.
Cela permet de livrer une nouvelle interprétation sur la profusion de l’huile.
Note:
Les Moros sont un peuple musulman du sud des Philippines. Ils occupent le sud-ouest de la grande île méridionale des Philippines, Mindanao, et l’archipel méridional des îles Sulu. Ces Moros ont été nommés ainsi par les Espagnols, colonisateurs des Philippines au XVIème siècle, par analogie avec les Moros –Maures en français – combattus en Espagne du VIIIème au XVème siècle, et en Afrique du Nord au XVIème siècle. Ils sont 5 à 6 millions aujourd’hui, clairement distincts des 95 millions de citoyens philippins, très majoritairement catholiques, avec souvent une foi vive. La conviction musulmane des Moros est tout aussi vive, avec une influence toujours plus nette du salafisme au sein de la population, bien au-delà donc du cadre des seuls combattants djihadistes. Le Front Moro Iconique de libération a été estimé trop modéré par le mouvement djihadiste Abou Sayyaf, fondé en 1991, par des étudiants revenus du Pakistan et d’Arabie saoudite. Abou Sayyaf a acquis une célébrité mondiale en 2001-2004, suite au 11 septembre 2001, en incarnant le visage d’Al-Qaïda aux Philippines. En août 2014, Abou Sayyaf, dirigé par Yasser Igasan, a même fait allégeance au califat, et a régulièrement depuis renouvelé son geste.