jeudi 21 novembre 2024

Compléments johanniques

Dernières modifications le 18 janvier 2015·9 minutes de lecture

Avis 2023: ceci est un article introductif à la déconstruction de la théologie johannique. Il n’est là qu’à titre d’archive. Il ne contient pas d’éléments pertinents. Certains points vont être développés dans des articles ultérieurs.

Deux Signes

En complément de mon précédent article où je prénomme le rédacteur de l’évangile de Jean, « mon sorcier bien-aimé », je vais continuer mon analyse de texte afin d’en extirper tout le levain.

Tout d’abord, je voudrais rapporter deux Signes qui m’ont été donné il y a de cela un bon moment maintenant.

Le premier. Je marchais dans une rue animée du nord de Paris lorsque mon regard fut attiré par un papier blanc dans le panier d’un vélo garé contre le trottoir. Il y était simplement inscrit le mot « Jean » en gros caractère noirs bien visibles. Ce n’était pas une publicité. Quelques mètres plus loin, mon regard était attiré par un autre panier de vélo. Cette fois le mot inscrit était « Enfer« .

Le deuxième. J’étais à une fête de quartier à coté de chez moi et je tombais sur une connaissance du milieu artistique de Paris. Il s’appelle Jean. C’est un prénom plutôt rare de nos jours. A un moment, il s’est mis à marcher devant moi et j’ai alors pu voir le dessin qui décorait le sac noir qu’il portait sur son dos: des flammes rouges sans aucune inscription.

Je déclarais alors sur mon facebook, que l’évangile de Jean était un faux. Sans autre explication, car j’avais encore beaucoup de travail à faire. Mais au moins, je ne risquais pas de m’égarer, en gardant en tête cet avertissement.

Noces de Cana

Il s’agit du premier signe public évoqué dans ce texte. Il est clair que rien de cet épisode n’est vrai. Toutefois, il y a une forte symbolique. Il faut bien comprendre que le but de cet évangile est de se substituer totalement aux autres et non d’être considéré comme complémentaire selon la vision actuelle. Ainsi, Jésus n’est pas baptisé par Jean, du moins cela n’est pas mentionné. L’eau représente la purification. Ici, l’eau est changé en vin. Si bien que le baptême, censé assurer le salut, procure l’ivresse. La perte de raison, la déconnexion avec la réalité divine. Du levain, le mensonge introduit dans les écrits par les pharisiens et les sadducéens, nous passons au vin et à son exagération. En effet, le christianisme est basé principalement sur une sur-interprétation mystique des textes, perdant le lien avec toute littéralité. Le reproche était fait aux pharisiens d’être bien trop littéralistes. Le judaïsme moderne, initialement issu du pharisianisme, a lui aussi dérivé vers une interprétation déconnectée, la Kabbale.

La femme adultère

Ce passage est absent des textes anciens. Il est considéré comme un ajout tardif de la fin du deuxième siècle. Il s’agit d’un midrash extrapolé de la théologie johannique.

La date de la Passion

La cène est avancée d’une journée. La passion aussi en conséquence. Cet évangile détruit la symbolique de Pessah associé à la Passion. Il lie plutôt le sacrifice des agneaux au Temple, la veille, avec le sacrifice de l’agneau de Dieu. Il préfère la mort à la vie.

Résurrection de _azare

Le personnage de _azare n’apparait nul part ailleurs dans les évangiles. Il n’a aucun lien avec le pauvre _azare de Luc. _azare est donc un personnage fictif. Son histoire n’est pas anodine, puisque celui-ci est mort depuis 4 jours et en état de décomposition alors qu’il est ressuscité. C’est un miracle qui, selon l’auteur, pousse un grand nombre de gens à croire à l’évangile. De plus, elle se situe juste avant la passion, comme une répétition générale. Il y a un parallèle entre les deux personnages, Jésus et _azare. Enfin, l’auteur insiste sur le lien entre eux: ils s’aiment. Chaque mot est pesé chez Jean. Et si ce passage comporte plusieurs fois cette indication, il s’agit pour le lecteur de recoller avec la trame principale.

Jean serait-il le pseudonyme évangéliste de _azare? Si nous versons dans cette hypothèse, alors Jean ne serait pas seulement le « bien-aimé de Dieu », mais aussi un ressuscité. Ce qui nous permet d’éclairer la toute fin très énigmatique de l’évangile:

21.20 Pierre, s’étant retourné, vit venir après eux le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant le souper, s’était penché sur la poitrine de Jésus, et avait dit: Seigneur, qui est celui qui te livre?

21.21 En le voyant, Pierre dit à Jésus: Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il?

21.22 Jésus lui dit: Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe? Toi, suis-moi.

21.23 Là-dessus, le bruit courut parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus n’avait pas dit à Pierre qu’il ne mourrait point; mais: Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe?

21.24 C’est ce disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites. Et nous savons que son témoignage est vrai.

Il est couramment admis que l’évangile a été écrit en deux fois. Selon certains, le texte n’aurait pas été diffusé entre son original et sa version modifiée. Il est daté, selon le consensus des historiens, vers +90. Nous pouvons en conclure que l’évangile de Jean a été écrit une première fois par ce mystérieux personnage qui se présente comme prophète. Puis celui-ci est mort. Et qu’ensuite, son texte a été repris par un de ses disciples, surement celui qui est alors à la tête de la secte johannique et que cette fin a été rédigé afin de justifier que le prophète soit mort et que le règne et la parousie ne soit toujours pas advenu tel que décrit dans l’Apocalypse. Enfin, le texte a commencé à se diffuser au milieu d’un grand nombre au début du deuxième siècle. Il a ensuite été ajouté au canon par volonté de complémentarité et pour conforter une certaine doctrine.

La samaritaine

Encore un récit inventé à des fins purement théologiques. Nous savons que les samaritains sont considérés comme mécréants par ceux qui se disent juifs et authentiques adorateurs du Dieu d’Abraham. L’auteur met donc dans la bouche de Jésus: le salut vient des juifs, afin d’enfoncer le clou et de bien montrer que le messie n’est venu sauver que ceux qui reconnaissent le Temple de Jérusalem. C’est d’ailleurs le mot juif qui est constamment utilisé dans la traduction de cet évangile. Ce qui reflète la scission déjà effective entre disciples de Jésus et pharisiens au moment de la rédaction. En effet, replacé dans son véritable contexte, cette scission est anachronique. Les premiers disciples de Jésus ne sont qu’une secte juive, ils sont sous la Loi. L’abandon de la Loi ne se fera que sous l’impulsion des disciples de Paul en dehors de la communauté de Jérusalem bien des années plus tard.

9.22 Ses parents dirent cela parce qu’ils craignaient les Juifs; car les Juifs étaient déjà convenus que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue.

Ce verset est une réponse théologique directe à la Birkat haMinim de la fin du premier siècle, réactualisée pour exclure les disciples nazoréens de la synagogue. 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Birkat_haMinim

Il existe une explication plus complète de cet épisode par l’auteur Jean-Christian Petitfils. Selon le point de vue des juifs (Juda):

« En 751 avant JC, Sargon II avait déporté les juifs de Samarie et les avait remplacés par des colons venus de cinq villes, Babylone, Kuta, Avva, Hamat et Sepharvayim. Ceux-vi conservèrent le culte du dieu de leur cité d’origine, avant que le roi d’Assyrie ne consente à leur envoyer l’un des prêtres juifs déportés, qui leur apprit à révérer YaHWeH. Les samaritains avaient donc eu cinq « époux » avant d’adopter ce dernier, qui n’était pas leur Dieu, mais celui d’Israël. La samaritaine personnifie la situation religieuse de la région: « Tu as eu cinq maris, et celui que tu as actuellement n’est pas ton mari! » Jésus rejoint ainsi la croyance des juifs de son temps, tenant pour illégitime le culte samaritain. »

Cette affirmation du salut venant des juifs vient en écho des synoptiques. Il est tout de même curieux d’avoir d’une part décrit la prédication réservée aux seuls juifs, puis d’avoir énoncé l’universalité de la mission messianique dans un second temps. La haine envers les gens de Samarie était supérieure à celle envers les païens. Il y a une volonté réelle de nier leur existence et de « passer au dessus » d’eux.

Pourtant, il est clair qu’en s’affranchissant de la centralité du Temple, la bonne nouvelle du royaume de Dieu pouvait être donné à toute personne reconnaissant l’Unicité divine.

Pour comprendre la période messianique, il est essentiel de considérer le ministère associé aux deux guerres judéo-romaines. La première a mené à la destruction du Temple, la deuxième à l’évacuation de Jérusalem. Ainsi, les iniquités et les trahisons de la tribu de Juda envers Israël ont été punies. Le Temple est devenu l’église.

Les amis de Dieu

15.15 Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père.

Notons que ce verset entre en contradiction avec 

Vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. (4.22) 

Ce simple verset sert de base à toute la théologie chrétienne qui se construit en opposition à la conception transcendante du Dieu d’Israël, à savoir la soumission. A présent que le judaïsme n’a plus de poids spirituel, c’est à la transcendance islamique qu’il faut s’opposer. En proclamant Jésus comme Dieu et en faisant de ses disciples ses amis, les chrétiens se définissent donc comme amis de Dieu.

N’y a t-il pas plus grande marque d’orgueil et de glorification du Shaytan, que de se déclarer comme amis de Dieu?

Abraham fut nommé l’ami de Dieu parce qu’il avait donné sa vie pour la Vérité. Nul n’a le droit de s’autoproclamer ami plutôt que serviteur. Seul Dieu peut décider cela. Il ne suffisait pas de déclarer faussement que la mort du Christ rachète les péchés (je ne supporte pas cette phrase). Il fallait que cela procure en outre, un ticket permanent pour une relation d’amitié avec Dieu!

Mais quel immense blasphème! Quelle horreur!